Cette année, le Campus Eiffel invite le philosophe Luc Ferry pour une « Parenthèse culture », un cycle de conférences sur le bonheur. Le 19 novembre 2015, il décryptait devant 200 personnes « Les paradoxes de l’économie du bonheur ». Dans un monde surpeuplé où la condition du bonheur est liée à plusieurs facteurs, le philosophe en a proposé une définition plutôt tragique. Deux semaines après, j’ai souhaité aller au delà de cette définition théorique pour vous proposer une vision « pratique ».
Les premiers constats de la théorie proviennent de la société actuelle
Une croissance positive n’influence pas le bonheur individuel : une étude menée entre 1900 et 1974 aux États-Unis a montré que ce « boom » n’avait pas influencé plus positivement que ça le bonheur ressenti chez les Américains. Autrement dit, une croissance implique aussi bien une augmentation de la production des entreprises, donc ayant des impacts négatifs pour l’environnement écologique et de vie (pollution, baisse des ressources naturelles, déforestation…)
« Pour faire vivre la population mondiale, il faudra bientôt plusieurs planètes », souligne Luc Ferry.
– Le capitalisme a des effets pervers sur les ménages et les individus : d’une part, cela fait naître la jalousie : on trouve toujours plus riche que soi ou qui a une plus jolie voiture… La comparaison avec autrui, gâche le bonheur ressenti.
– Les individus s’adaptent rapidement au progrès : ils deviennent donc plus rapidement envieux d’avoir toujours plus ou autre chose. Le bonheur réside dans la dynamique, pas l’habitude ou la récurrence.
– La société de consommation pousse les individus à intégrer une société d’addictions : obtenir la nouvelle technologie du moment, la dernière innovation. Finalement les individus restent dans un cycle de bonheur à court terme.
« Il n’y a pas de Bonheur sans Malheur »
Pour comprendre ce point, Luc Ferry se base sur une analyse de Joseph Schumpeter : « Il n’y a pas de progrès sans effet négatif, il n’y a pas de lumière sans ombres, donc il n’y a pas de bonheur sans malheur. »
Le capitalisme est un système d’innovation destructrice, car l’innovation d’un objet, rend sa version initiale moins bien. Cette logique peut être bien imagée par le secteur de la mode. La nouvelle collection a pour objectif de rendre l’ancienne démodée. « Tout ce qui peut nous rendre heureux, peut nous rendre malheureux : un amour peut se solder par une rupture, une famille par une séparation, un objet par sa destruction » résume le philosophe.
« Innover c’est rompre avec les traditions. Cette loi, n’est ni optimiste, ni pessimiste, elle est tragique. »
La philosophie du bonheur dans la pratique…
A chaque bonheur, il y a un malheur, la phrase marche aussi dans l’autre sens. Et l’autre sens est bien plus positif ! A chaque malheur, il y a un bonheur, à chaque problème il y a une solution, pour chaque noirceur il y a une lumière, à chaque mauvaise journée, le lendemain sera meilleur..
La philosophie du bonheur c’est relativiser : c’est voir le positif dans le négatif et démarrer chaque journée comme un nouveau départ plein d’opportunités.
S.B
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