Igor et Grichka Bogdanov, invités le 25 septembre dans l’amphithéâtre du campus de l’EDHEC par l’Agora, la tribune étudiante de l’EDHEC Business School, afin de « tenter de résoudre avec nous quelques uns des plus grands mystères de l’humanité… et pour mieux connaître et essayer de cerner ces personnages si atypiques et controversés. » Comme le précisent les organisateurs, nous avons essayé d’en savoir plus…
Pourquoi avoir écrit cet ouvrage ?
Afin de permettre au plus grand nombre d’accéder, de manière simple, à la compréhension des mécanismes fantastiquement mystérieux qui sous-tendent le big-bang et surtout ce qui le précède. Nous essayons de répondre à cette question fondamentale, que nous nous sommes posée dans nos thèses de Doctorat : d’où vient le Big Bang ? Pourquoi ce fabuleux déferlement d’énergie il y a 13 milliards d’années ? Par quel « miracle » a-t-il été aussi minutieusement réglé dès les premiers milliardièmes de seconde ?
Vous évoquez souvent le « dieu » des savants en le différenciant du « dieu » des religions. En quoi est-il différent ?
Le « dieu de la raison » auquel nous nous référons est assez proche de celui d’Einstein et d’un certain nombre d’autres savants. Il représente une entité abstraite, une causalité qui ne débouche pas sur ce que l’on retrouve dans le dieu de la révélation. Le dieu de la raison n’est pas susceptible de s’occuper du destin des hommes, de leur répondre par le biais de la méditation ou de la prière.
Rattacher le réel à des chiffres et à des équations mathématiques n’est-il pas une démarche réductrice ?
Les mathématiques sont des objets possédant des qualités intrinsèques que le mathématicien découvre mais n’invente pas. Indépendants de la réalité physique dans laquelle nous vivons, une fois découverts, les êtres mathématiques deviennent partie-prenante de notre capacité à comprendre le réel sous forme de théorèmes. Le réel mathématique conditionne le réel physique et non l’inverse. Telle est l’étonnante conclusion des scientifiques de l’Université de Göttingen : il existe une « harmonie préétablie » entre le monde mathématique et le monde physique. Celle-ci constitue la source de structuration du réel.
Que contiendrait concrètement cette harmonie ?
Les mathématiques nous renvoient à un ensemble structuré d’abstractions algébriques que nous désignons par le terme d’information. Nous avons montré dans nos thèses qu’il faut chercher l’origine du big-bang dans un stade causal antérieur. Selon nous, il existe peut-être à l’instant 0 une sorte de « code génétique de l’univers » que nous appelons « code cosmologique ». D’essence mathématique, il pourrait contenir toutes les instructions de type numérique a partir desquelles vont apparaitre et se développer les structures physiques.
Sur quoi portent les travaux actuels que vous menez, très peu évoqués dans votre ouvrage ?
La mécanique quantique s’intéresse aux particules élémentaires. Or, on commence à comprendre que celles-ci, loin de se réduire à de simples unités de matière sont en fait de véritables « unités d’information ». A l’échelle quantique s’effectue le passage entre l’information et la matière. Comme le dit Luis Gonzalez-Mestres, chercheur au CNRS/IN2P3 qui arédigé la postface à notre livre, il existe peut-être à l’échelle de Planck des « proto-particules », enchevêtrement entre l’informationnel et le matériel. Celles-ci permettent peut-être de passer de l’échelle zéro à l’échelle de Planck. C’est à dire de l’information à la matière. Notre futur ouvrage portera sur ce périmètre de recherche en proposant des rudiments d’approches expérimentales.
Pourquoi une partie de la communauté scientifique vous conteste-t-elle ?
Notre notoriété médiatique crée certainement un phénomène de masque qui renvoie à des réflexes agressifs. De plus, nous avons été les premiers à explorer mathématiquement ce qui a pu se passer avant le Big Bang. Encore aujourd’hui, il s’agît d’une zone interdite, et le scénario originel quenous proposons est contraire à la pensée dominante. En effet, notre réponse est que l’Univers n’est pas apparu par hasard et que son origine est immatérielle. Une conclusion encore très mal acceptée. Mais nous sommes convaincus que les observations à venir (notamment celles du satellite astronomique Planck) vont déboucher sur une extraordinaire révolution de pensée, sans doutela plus importante depuis la découverte de la Relativité.
L’Agora
« La conférence a eu un franc succès, certains étant venus par curiosité, d’autres pour les entendre parler de leur théorie scientifique. De nombreuses questions ont été posées sur différents sujets auxquels des réponses plus ou moins complètes ont été apportées. De plus, ils ont assuré le spectacle en fin de conférence… D’autres invités, de tous horizons, sont attendus tout au long de l’année au sein de notre tribune. Vous êtes cordialement invités à venir. » Hervé Kacou, président de l’Agora Pour en savoir plus « http://www.lagora-edhec.com »
Dernière minute…
Le 5 décembre, l’Agora recevra Nathalie Kosciusko-Morizet
Patrick Simon