L’université passe à la vitesse supérieure dans l’intégration des étudiants handicapés

La Conférence des Présidents d’Universités a signé en 2007 une Charte handicap et publié un premier guide de l’accueil de l’étudiant handicapé. Depuis, les choses ont évolué avec la généralisation de la présence d’un référent handicap dans chaque université. Le second guide paru en 2012 s’attache à l’intégration, témoignant de la progression du sujet mais aussi des nouveaux enjeux à relever. Anne Fraïsse, vice-présidente de la Conférence des Présidents d’Universités, présidente de la commission vie étudiante et questions sociales de la CPU , présidente de l’Université Paul Valéry-Montpellier 3, nous les présente.

« Nous ne sommes plus dans l’ère des pionniers en matière de handicap avec quelques universités en pointe, tous les établissements sont engagés. Hier, on citait au jeune handicapé les universités qui pouvaient l’accueillir. Aujourd’hui, il s’inscrit où il le souhaite. C’est cela la véritable intégration. »

 

Comment évolue l’accueil des étudiants handicapés ?
La loi, notre guide et la charte ont changé la donne. Institutionnaliser l’accueil avec des référents ou missions handicap a permis à l’université de s’ouvrir au handicap et à sa diversité. Hier, ces étudiants étaient quasi exclusivement des paraplégiques et des aveugles. Il reste des progrès à faire, mais la sensibilisation, le fait de parler et agir en faveur du handicap partout est positif.

 

Pourquoi l’enjeu est désormais l’intégration comme le souligne le dernier guide de la CPU ?
L’intégration, cela veut dire passer d’un service handicap dédié à un service ordinaire d’accueil des étudiants en fonction de leur profil, à l’instar de ce qui existe pour nos étudiants internationaux ou boursiers. Cela fin que le handicap ne soit plus  isolé, comme déconnecté de la vie de l’université. L’intégration, c’est être plus performant dans l’accompagnement des étudiants dans leurs études, leur professionnalisation, leur entrée dans la vie active. L’intégration, c’est qu’un jeune handicapé puisse faire ce qu’il aurait pu faire s’il avait été valide. L’intégration, c’est vivre ensemble.

 

Que contient le guide ?
L’intérêt du guide est d’être concret, car toutes les universités n’en sont pas au même stade. Nous y partageons, expliquons, les processus, dispositifs qui fonctionnent. L’efficacité passe aussi par être bien renseigné sur des points simples comme de quelles aides bénéficie une mission handicap pour l’accueil de ses étudiants. Il faut un service connaissant bien les problématiques du handicap, qui prenne en compte l’étudiant dans son ensemble : ses difficultés comme ses capacités, le fait savoir aux personnels, aux professeurs, aux UFR, assure un suivi.

 

Est-il nécessaire d’innover en matière de handicap dans le supérieur ?
Chaque handicap et manière de le vivre est unique. L’innovation est nécessaire pour apporter des réponses individualisées. Cela dit, il y a des approches, des aménagements, des solutions qui peuvent être reproduites. C’est pourquoi, nous échangeons au sein de la commission de la CPU, dans le guide, entre référents handicap. Innover est aussi un levier pour faire mieux. La réflexion est menée à partir de cas réels, l’ajustement est permanent.

 

Le chemin est encore long
Le regard du professeur Beynier de l’IAE de Caen
« Sur les 23 000 étudiants de l’université de Caen, il n’y a que 100 à 150 handicapés ! Certes, lorsque j’y étudiais j’étais le seul étudiant handicapé, et il n’existait aucun aménagement. Les conditions d’accueil sont bien différentes aujourd’hui. La loi impose aux établissements recevant du public d’être accessibles pour 2015, mais le financement des travaux va être très complexe. Les conséquences sur les effectifs du supérieur de l’obligation de scolarisation des enfants handicapés sont très encourageantes. Ainsi, les médecins scolaires de l’Académie de Caen n’ont jamais autant signé d’autorisations d’aménagements des conditions d’examen que pour le bac 2013. »
LB

 

Le chiffre
• Le ministère recense 13 382 étudiants handicapés dans le supérieur en 2011-2012 (+ 11,04 %) dont 12 373 à l’université (+14,42 %)

 

A. D-F