« Je constate que notre établissement, doté d’une forte personnalité, est très cohérent car l’ensemble des personnels et des étudiants partage le même projet. Ils font partie d’une collectivité identifiable à laquelle ils sont fiers d’appartenir. »
Guillaume Leyte, Président de l’université Panthéon-Assas
Après un demi-siècle d’existence l’université Panthéon-Assas a-t-elle atteint son allure de croisière ?
Cinquante ans… pour le centre Assas ! Oui, on peut l’exprimer de cette façon, mais il est nécessaire de continuer à nous développer, notamment à travers la diffusion du droit français à l’étranger, projet d’envergure qui sert la nation et la francophonie. Les entreprises françaises installées en Afrique bénéficient largement de notre action car la concurrence avec l’économie et le droit de Common Law y tourne à notre avantage. Nous exportons également notre savoir-faire vers l’Asie du sud- Est, comme en Chine, par exemple, dans le cadre du droit notarial, ce qui contribue à faire rayonner notre pays à l’étranger. Nous venons de conclure récemment un partenariat avec un émirat du Golfe, celui de Sharjah. Toutefois, malgré un accord conclu avec l’université de Yale, les inégalités de ressources entre les universités américaines et la nôtre réduisent fortement les possibilités de partenariat.
Quels sont les axes de développement qui vous paraissent prioritaires pour accroître le rayonnement de votre université ?
Le développement du e-learning constitue la première de nos priorités. En 2013, nous avons, les premiers, mis en place l’année L1 complète en numérique. Nous allons développer progressivement les autres années de licence puis sans doute certains masters 1 et la formation continue ainsi que la préparation à certains examens et concours. En effet, plusieurs catégories professionnelles étant maintenant astreintes à suivre une formation continue (avocat, huissier, commissaires- priseurs), nous devons les former suivant des modalités techniques spécifiques. De plus, de jeunes chefs d’entreprises cherchent à acquérir des connaissances juridiques parallèlement à leur formation de manager ou d’ingénieur. Le second axe de développement concerne notre rapprochement avec les entreprises que nous devons associer à la définition de leur besoin de formation de façon à cibler les métiers qui ne sont pas pourvus. J’ajoute que nous sommes en passe de finaliser la création des premières chaires d’entreprise.
Comment allez-vous concilier votre stratégie avec la nouvelle loi Fioraso ?
Les réformes de structure proposées par la loi Fioraso feront, par idéologisme, régresser l’université. Il me paraît délicat de transformer les universités, faites pour l’enseignement et la recherche, en pôles d’aménagement régional, même si nous contribuons depuis toujours au développement de la nation et des régions. A Paris, cette réorganisation se greffe sur des problématiques en partie politiques, avec le projet de fusion des universités Paris 3, Paris 5, Paris 7 et Paris 13 dont la massification (120 000 étudiants au final !), ne permettra sans doute pas de résoudre aisément les difficultés qu’elles connaissent, notamment dans un contexte budgétaire complexe.
Quelle est la nouvelle structure dans laquelle votre université va s’intégrer et de quelle manière ?
Acteur public de terrain, nous devons signaler aux pouvoirs publics ce qui nous paraît inopportun, notamment les nouvelles modalités d’organisation universitaire qui ne nous semblent pas cohérentes. En effet, le droit demeurant largement une discipline nationale, le concept d’université globale prônée par le ministère n’augmentera pas notre visibilité à l’étranger. De fait, nous sommes sortis du PRES Sorbonne-Université pour proposer un nouveau projet. Nous allons nous regrouper avec des établissements partageant notre vision dont les noms seront révélés dans un avenir proche, sans créer de superstructure inutile, sous la forme d’une association où nous travaillerons sur des projets communs et concrets.
Patrick Simon