De plus en plus impliquées dans le développement de solutions novatrices en mati ère de handicap, les écoles et universités sont loin de limiter l’innovation à la technologie. C’est ainsi qu’à l’ESIEA et l’Université Joseph-Fourier de Grenoble on mène des travaux de recherche fondamentaux dans l’avancée des traitements des troubles cognitifs et sensoriels et des maladies neurodégénératives . Coup de projecteur sur des projets à la pointe.
Un serious game pour améliorer l’autonomie des élèves atteints de troubles cognitifs
Né de la collaboration de l’ESIEA , d’un laboratoire de l’IUT de Laval et d’une enseignante en classe ULIS, ARVAD (Apprentissage par la Réalité Virtuelle de l’Autonomie des Déplacements), est un outil de réalité virtuelle adapté aux élèves atteints de troubles cognitifs altérant leur capacité d’orientation dans l’espace et donc leur autonomie dans leurs déplacements quotidiens. “ Le trajet est un point critique pour ces élèves : si le bus qu’ils prennent habituellement est bondé, ils viennent à l’école à pieds et doivent donc savoir se repérer sur un plan et dans l’espace “. Sur le principe d’un serious game, ils sont mis en situation de s’exercer en temps réel sur des labyrinthes en 3D plus ou moins complexes. Des exercices répétés, progressifs et individuels destinés à leur donner confiance en eux au quotidien. Exploité depuis la rentrée, ARVAD est une avancée thérapeutique de taille pour ces élèves et qui pourrait, à moyen terme, répondre à des problématiques plus grand public d’orientation dans l’espace.
Frank Crison, Enseignant Ingénieur à l’ESIEA
Un simulateur de karting pour malvoyants : la réalité virtuelle sur les chapeaux de roues !
Depuis leur rencontre avec un malvoyant adepte de la conduite de karting bi-place, trois étudiants de l’ESIEA développent un projet de simulation virtuelle inédit : un kart posé sur un système de rotules et dotés de deux vérins arrière qui reproduit ses sensations au volant du bolide. “ Pour lui donner les informations nécessaires à la définition de sa trajectoire, des vibrateurs situés au niveau des chevilles lui indiquent la position des virages pour qu’il puisse freiner et accélérer au bon moment. Fonctionnant sur le principe du cinéma dynamique, ce projet permet au conducteur d’interagir naturellement et en temps réel avec le volant, de ressentir un retour d’effort et même la vitesse grâce à un ventilateur. “ Encore en phase de test, ce projet devrait à court terme aboutir au développement d’un vrai kart monoplace à destination des conducteurs malvoyants. Il sera aussi utile pour sensibiliser le grand public avant d’entrer sur la piste.
Marc Le Renard, Enseignant Ingénieur à l’ESIEA
Mieux comprendre la maladie de Huntington
Maladie neurodégénérative d’origine génétique, la maladie de Huntington est due à la mutation du gène codant la protéine huntingtine. Elle se manifeste entre 35 et 50 ans par des mouvements anormaux, involontaires et saccadés des membres, de la tête et du cou auxquels sont associés des troubles mentaux et une détérioration intellectuelle progressant en démence. Se consacrant depuis 15 ans à la compréhension de cette maladie, Frédéric Saudou l’aborde sous un angle moléculaire et cellulaire très novateur qui lui a récemment permis d’être récompensé par l’Académie des Sciences américaines et françaises. “ En cherchant à comprendre comment la mutation de cette protéine conduit à la mort des neurones, j’ai découvert qu’elle était vitale pour leur fonctionnement. C’est son altération qui entraine un défaut dans le transport des vésicules (indispensables à leur survie) et donc leur mort. “ Un essai clinique sur une molécule visant à contrebalancer ce défaut de transport est aujourd’hui en cours et Frédéric Saudou continue ses recherches sur la restauration du transport vers les neurones dans cette maladie, dans une approche pluridisciplinaire faisait intervenir physiciens, microscopistes, médecins cliniciens,… Des travaux essentiels pour les malades de Huntington, mais aussi extrêmement porteurs dans l’avancée des traitements d’autres maladies neurodégénératives comme Parkinson et Alzheimer.
Frédéric Saudou, Directeur du Grenoble Institut des Neurosciences, Professeur à l’Université Joseph-Fourier de Grenoble
CW.