Jérôme Rive, Directeur général de l’iaelyon © Lisette Photographie

iaelyon School of Management : expérimenter le développement de dispensaires managériaux sur les territoires, véritables Do-Tank du management

L’iaelyon – Université Jean Moulin célèbre son 60e anniversaire et affirme un positionnement en faveur d’un management sensible et responsable. Sa mission, pleinement assumée, est de savoir développer, dans tous les cursus, la sensibilité aux mondes pluriels et les responsabilités, sociales et sociétales, des actions et décisions des managers. Entretien avec Jérôme Rive, son directeur général depuis 2008. – Par Jérôme Rive, Directeur général de l’iaelyon

 

 

Comment peut-on dans une école de management tenir compte de l’hybridation des savoirs ?

Ce phénomène conduit indéniablement à repenser notre propre valeur ajoutée, en tant qu’école de management, assumant de surcroît dans notre cas, et par notre statut public, des responsabilités et missions de service à la société dans son ensemble. En matière de production de connaissances, cela conduit à promouvoir, au delà de la seule recherche académique classique, une recherche appliquée, co-construite, ayant des impacts réels sur les organisations et leurs parties prenantes. Il est essentiel alors d’être en capacité de mesurer ces impacts et nous expérimentons actuellement un système permettant de mettre en lumière ces impacts managériaux opérationnels de la recherche en Sciences de Gestion et du Management. En matière de formation, il s’agit de conduire à apprendre également par le fait d’être immergé dans une agora de développement de connaissances. Ainsi, nous avons développé depuis deux ans un cycle « philosophie et management » questionnant collectivement étudiants, managers et dirigeants, sur la délégation, le duel/duo bonheur-travail, la place de l’autorité, la poursuite des utopies, la diffusion de l’éthique aux différents « étages » d’une entreprise… En matière d’Executive Education, cela conduit à nous concentrer sur notre valeur ajoutée d’expertise en ingénierie pédagogique, permettant de co-constuire des nouveaux cycles, par exemple avec des écoles internes d’entreprises ou de branches professionnelles, hybridant les sources des savoirs pour le développement des compétences visées.

 

La co-construction des savoirs interroge les postures universitaires ?

Indéniablement, mais il convient, dans la nouvelle ère de digitalisation dans laquelle nous nous trouvons, d’assumer à nouveau nos missions dans ce contexte transformé. Face à un accès possible à une infinité de connaissances, nous devons fournir une formation qui puisse mettre l’apprenant en posture d’interroger et de proposer de nouvelles créations de valeur. Il convient de savoir enseigner le possible et l’imaginable, pour susciter le développement d’idées, conduire à une ouverture à l’étonnement, pour savoir changer de regards et de prismes cognitifs. C’est aussi éduquer à la curiosité, à l’avidité de savoir, à une posture et un plaisir de culture de projet (et de management de projets !) et à une appréhension assumée et consciente de la complexité. Comme école universitaire, nous devons, au-delà du transfert d’outils et de techniques, former à la créativité, au sens de pousser à produire des idées et artefacts nouveaux, qui surprennent et soient à fort potentiel.

 

L’essentiel serait donc juste de croiser des savoirs ?

L’essentiel est de croiser des savoirs et des « faire ». Je crois intimement que nous devons penser l’espace des formations, qu’elles soient initiales ou continues, et les synergies induites avec les activités de recherche au cœur de l’action universitaire, comme un laboratoire collectif d’action, un Do Tank.
Notre responsabilité est ainsi d’alimenter le territoire d’un dispensaire managérial, forme d’espace « médical » au service des managers et organisations se questionnant. Le concept est en construction et les premières expérimentations ont actuellement lieu, sur une grande variété de thématiques. Cela amène à repenser nos rôles, entre flying doctors et CHU managériaux, mais je crois beaucoup à ces ateliers de co-construction et d’hybridation des activités d’éducation et de recherche. Ce sont des ateliers d’apprentissage collaboratif par le projet, l’appréhension collective de la complexité et le « faire » innovant !