Denis Simon, Co-responsable du Career Centre des Facultés de l’Université Catholique de Lille

Etudes supérieures et professionnalisation : quelles sont les équations gagnantes ?

Le monde de l’enseignement supérieur propose aujourd’hui aux étudiants tout un arsenal de dispositifs leur permettant de vivre leurs années d’études hors du cadre « classique » principalement constitué d’enseignements théoriques et de stages (au pluriel dans le meilleur des cas).  – Par
Denis Simon, Co-responsable du Career Centre des Facultés de l’Université Catholique de Lille

 

 

Que propose-t-on aux étudiants ?

Alternance, césure, développement des bi-cursus… autant de « moyens » de se construire un parcours de formation « sur mesure », davantage en conformité avec d’une part des attentes voire des besoins personnels et d’autre part ce que semble exiger le monde professionnel. Cependant, si l’on regarde de plus près, ces dispositifs ne sont pas proposés « à la carte ». Bien que volontaires et demandeurs, les étudiants ne peuvent pas toujours en bénéficier.

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La solution : l’alternance ?

Prenons l’alternance. Longtemps, elle a concerné des formations peu « gradées » dans la hiérarchie des diplômes, majoritairement « techniques » avant de s’insinuer progressivement au sein des programmes de formation de l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, elle touche pratiquement tous les niveaux de formation et « quasi » toutes les disciplines. Les jeunes en sont friands, les entreprises jouent le jeu et les organismes de formation en font régulièrement un argument « commercial » à forte valeur ajoutée. Tout le monde en parle depuis plus de 20 ans au point de l’ériger périodiquement comme LA solution contre le chômage des jeunes ! Sauf que, dans les faits, elle reste « compliquée » à mettre en œuvre. Preuve en est avec ses chiffres officiels. Curieusement, il y a autant « d’alternants » en 2015 qu’en 1995. Alors que nous avons tous eu le sentiment de vivre sa montée en puissance au cours de ces dernières années. Qu’est-ce qui « coince » ?

 

Les contrats disponibles

D’une part, la coexistence de deux types de contrat pour sa réalisation : le contrat d’apprentissage vs le contrat de professionnalisation. Ils permettent l’un comme l’autre une « alternance » entre enseignements théoriques et monde professionnel ainsi que l’obtention d’un niveau de qualification, d’un titre ou d’un diplôme. Ils ont les mêmes « objectifs » et pourtant ils sont différents. Cette différence crée une confusion contraire aux buts recherchés. A quand un contrat unique d’alternance enfin lisible pour les recruteurs, les étudiants concernés et les organismes de formation ?

D’autre part, et cela procède sans doute du précédent écueil, son financement pose problème. Si l’on se place du côté des organismes de formation, l’apprentissage ne « rapporte » pas grand-chose, le contrat de professionnalisation un peu davantage. Et encore, si l’OPCA (Organismes Paritaire Collecteur Agréé) est « généreux ». Ce qui n’est pas toujours le cas. Difficile de « donner envie » dans de telles conditions. Conséquence : l’offre des parcours de formation en alternance ne progresse pas assez vite au regard de la demande du marché.

La césure : une demande forte des étudiants

S’agissant de la césure, elle prend le plus souvent la forme d’une année de pratique en milieu professionnel et constitue un formidable moyen d’acquérir une expérience professionnelle significative et exploitable en lien avec sa formation. Elle ne concernait jusqu’à présent que les étudiants des grandes écoles de commerce et d’ingénieurs, les étudiants des facultés devant en être exclus. Comme si les disciplines suivies par ces derniers ou leurs parcours de formation étaient incompatibles par nature avec un tel dispositif ? Depuis 2015, la césure est heureusement devenue possible pour les étudiants issus des parcours universitaires. Elle peut permettre de suivre une autre formation, à l’étranger notamment, ou consister en un stage entre deux années d’études.

Sauf que sa réalisation effective dépend de tout un ensemble de critères préfixés par les Facultés, c’est-à-dire du « bon vouloir » de leurs administrations. La simple volonté de l’étudiant ne suffira pas, même s’il présente un projet bien ficelé. Certaines Facultés ne rendent déjà pas facile la signature d’une convention de stage, alors on imagine pour une césure… Difficile de croire que tous les établissements se transformeront en ardents promoteurs d’un tel dispositif alors que là aussi la demande des étudiants est (à juste titre) croissante.

En outre, la réglementation en matière de stage, qui s’applique à la césure lorsque celle-ci en est composée, constitue un point de blocage. Les dispositions relatives à sa durée maximale (6 mois) semblent être en contradiction avec l’esprit même de cette année que l’on peut imaginer entièrement consacrée au monde et à son projet professionnel.

 

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