Survol du Grand Canyon en hélico, visite des studios hollywoodiens, du Walk of Fame et du labo de Google X… autant d’étapes qui ont marqué le road trip un peu fou que Jonathan Detrie, étudiant en informatique à l’Université Paul Sabatier et en situation de handicap a entrepris à l’été 2017. Il nous raconte ce voyage à jamais gravé dans sa mémoire.
Un rêve de gosse
Partir aux Etats-Unis, c’était son rêve d’enfance. Et ce n’est certainement pas son amyotrophie spinale (une maladie neuromusculaire évolutive le privant de la marche) qui a empêché Jonathan de transformer ce rêve en réalité. Accompagné de sa sœur Maureen, de son frère Anthony et de son pote Alexis, le jeune nîmois de 19 ans est en effet parti du 19 juillet au 9 août derniers tout droit vers la Californie.
Cap vers la Californie
« L’idée a germé dans nos têtes en septembre 2015 et ça a pris 2 ans pour mettre de l’argent de côté. Une fois la somme nécessaire récoltée, on a pris les billets d’avion et j’ai embauché mon frère et ma sœur comme auxiliaires de vie. Ne restait plus qu’à trouver un véhicule adapté et des étapes accessibles. » Après un vol fort en émotions, « c’était la première fois que je prenais l’avion depuis un Paris-Nîmes pour aller au Téléthon lorsque j’étais enfant », la découverte des US a été pour la fine équipe une vraie révélation.
Le choc culturel
« San Francisco, Los Angeles Las Vegas : tout était génial ! Même si mon étape préférée reste quand même San Francisco. Une ville sans stress, sans klaxon : ça change du Sud de la France ! », s’amuse ce nîmois d’origine. Il retient aussi la sérieuse avance qu’ont les USA sur notre pays en matière d’accessibilité. « Je n’ai jamais eu aucun problème en ville. Au Starbuck par exemple, un bouton est prévu pour ouvrir automatiquement un accès aux personnes à mobilité réduite. De même, les randonnées sont adaptées dans les parcs naturels. » Une question de mentalités également. « Aux Etats-Unis, les gens sont clairement mieux sensibilisés aux handicaps. Pour preuve, nous avons eu un petit accrochage et le conducteur de l’autre véhicule était clairement plus inquiet pour mon fauteuil que pour sa voiture ! ».
AU-TO-NO-ME
Un voyage inédit à l’image de cet étudiant persévérant. A 19 ans, Jonathan vit en toute autonomie sur le campus toulousain de l’Université Paul Sabatier, à 300 km de la maison familiale. « Je loue un appartement de 35 m2 complètement adapté à mes besoins grâce à l’action conjointe du CROUS et du SAHEHD (Service d’Accompagnement et d’Hébergement pour Etudiants Handicapés Dépendants). Je gère moi-même mes auxiliaires de vie et pratique régulièrement le foot-fauteuil en équipe de 1è division. Je suis indépendant et en toute sécurité », indique-t-il. Un esprit d’autonomie qu’il souhaite communicatif.« Ce road trip, c’est ma façon de me dépasser et de montrer aux jeunes qui, comme moi sont en situation de handicap, que nous pouvons tout faire comme tout le monde. C’est souvent plus long et plus cher mais c’est possible », martèle-t-il.
Et demain ? Après s’être vu vétérinaire ou policier scientifique, Jonathan souhaite aujourd’hui mettre son esprit créatif et sa passion de l’informatique au service de la société. « Je veux poursuivre mes études par un Master en informatique pour devenir chef de projet dans l’innovation. Et pourquoi pas monter ma startup dans le domaine du handicap. Le numérique et l’intelligence artificielle peuvent en effet apporter beaucoup en termes d’autonomie aux personnes à mobilité réduite. Dans ma vie, je ressens le besoin d’être utile en apportant des réponses à des problèmes du quotidien. » Une conviction qu’il a d’ailleurs pu nourrir lors de sa visite du laboratoire de Google organisée avec le soutien de l’AFM Téléthon. « La Google Car, cette voiture qui se conduit seule, est un parfait exemple d’innovation extrêmement utile aux personnes en situation de handicap » conclut-il.
Ta personnalité en 3 mots ? Persévérant – Têtu – Positif
« Don’t dream your life, live your dreams : ma devise tatouée sur mon avant-bras »
Envie d’en savoir plus sur le road trip de Jonathan ? Il vous donne rdv dans un reportage diffusé vendredi 8 décembre à minuit dans le cadre du Téléthon.