L’équipe Tremplin avec Stéphane Diagana, parrain du CDMGEU et Aladji Ba, sprinteur non voyant.
L’équipe Tremplin avec Stéphane Diagana, parrain du CDMGEU et Aladji Ba, sprinteur non voyant.

Handicap : une intégration à double sens

RETOUR SUR LE 4e Challenge du « Monde des Grandes Ecoles et Universités »

 

L’équipe Tremplin avec Stéphane Diagana, parrain du CDMGEU et Aladji Ba, sprinteur non voyant.
L’équipe Tremplin avec Stéphane Diagana, parrain du CDMGEU et Aladji Ba, sprinteur non voyant.

Parce que sport rime avec intégration, les organisateurs du Challenge du « Monde des Grandes Ecoles et des Universités » ont souhaité faire en sorte que cette manifestation soit accessible à tous, y compris les étudiants en situation de handicap.

 

« Modifier les représentations sociales »
Pour cette édition 2012, « la grande innovation, c’est d’avoir constitué une équipe sportive d’étudiants handicapés qui ont participé avec les autres aux épreuves », déclare Christian Grapin, directeur de TREMPLIN-Etudes-Handicap-Entreprises, une association qui accompagne les lycéens et étudiants handicapés vers les études supérieures et l’emploi. Cette « équipe Tremplin » est composée majoritairement d’étudiants en situation de handicap, auxquels s’ajoutent quelques étudiants valides. « Je pense que c’est bien que ce soit une équipe mixte. L’intégration se passe en sens inverse », considère Mathieu Legoff, membre de l’équipe. Sid’Ali Moumène, l’un de ses coéquipers, le rejoint sur ce point : « L’inclusion contribue beaucoup à modifier les représentations sociales. » Et Dieu sait qu’elles ont plus que jamais besoin d’être modifiées. C’est ce que raconte Linda qui, dans le cadre de la pratique de la course, remplit le rôle de guide pour Elvina, son binôme, qui elle, est non voyante : « Tout à l’heure il y a une fille qui a dit « Ah bon il y a des malvoyants ? » Je lui ai dit : « Ben oui et alors ? » En fait les gens ne savent pas qu’on peut courir en étant non voyant. » Et pourtant, si ! Elvina explique : « Pour du sprint il faut vraiment que nous soyons collées, donc on a une corde » et Linda ajoute : « On a déjà fait deux meetings pour se qualifier pour les championnats d’Europe. Nous sommes qualifiées pour la France. On s’entraîne trois fois par semaine. »

 

« Créer un lien de façon ludique »
Et parce que l’intégration doit « se passer en sens inverse » comme le dit avec beaucoup de pertinence Mathieu Legoff, les participants au CDMGEU ont eu la possibilité de participer à des matchs en basket fauteuil, des ateliers d’initiation au langage de signes, des exercices de déplacement les yeux bandés avec une canne blanche. Sur le stand de Steria, quelques rares chanceux ont même pu se faire masser par des esthéticiennes non voyantes. « Cela permet de créer un lien de façon ludique », remarque Anne Clautrier, Responsable mission handicap et diversité pour Steria. Pour chacune de ces mises en situation, le principe est identique : avoir un aperçu, même minime, même biaisé, de ce que peut signifier une situation de handicap. Les étudiants handicapés, de leur côté, se sont vus tendre la main par les entreprises, disponibles pour les recevoir en entretien. L’idée ? « Sensibiliser les étudiants à notre politique et nos actions en faveur du handicap », déclare Anne Clautrier, qui rappelle que Steria a prévu d’embaucher 75 personnes en situation de handicap en trois ans.

 

« L’inclusion comme guide de pensée »
L’action n’a de sens que si elle va de pair avec la pensée, et c’est pourquoi en parallèle des épreuves sportives et des ateliers de mise en pratique, une table ronde a offert à certains un temps de réflexion sur la question de «l’inclusion des jeunes en situation de handicap dans les grandes écoles. » Mise en place pour la première fois dans le cadre du CDMGEU, cette table ronde s’est donné pour objectif de « dresser les progrès qui ont été faits et de regarder les progrès qu’il reste à faire » selon les termes de Christian Grapin, qui rappelle que c’est la loi de 2005 qui « a introduit l’inclusion comme guide de pensée. » Conséquence majeure de cette loi dans l’enseignement supérieur : la mise en place de chartes (2007 puis 2012 pour les universités, 2008 pour les grandes écoles).
Patrick Courilleau, Chargé de handicap à l’université Cergy Pontoise, explique ainsi qu’après la charte de 2007 qui « a créé une cellule d’accueil pour les étudiants en situation de handicap », la nouvelle charte « s’inscrit dans le fait de pérenniser les choses. » De son côté, Hervé Laborne, Responsable du groupe de travail handicap de la Commission diversité de la Conférence des Grandes Ecoles, précise que la charte de 2008 destinée aux grandes écoles s’est déclinée en trois volets essentiels puisqu’« il suffit de rater l’un d’eux pour tout rater » :
1. Recrutement : Identifier les étudiants en situation de handicap, chose difficile puisque tous ne se disent pas handicapés, puis, en fonction du type de handicap, « mettre en place des éléments de compensation. »
2. Formation : Former un référent handicap dans chaque établissement, chargé d’aider les étudiants dans leur scolarité.
3. Insertion professionnelle : Faciliter l’accès des étudiants handicapés vers l’emploi, avec précaution toutefois. « Il faut faire le tri dans les entreprises qui vont à la pêche au handicap pour répondre à l’exigence des 6 % », avertit Thibaud Martinie.

 

Claire Bouleau
Twitter : @ClaireBouleau