Le directeur, les professeurs, les diplômés de GEM sont plus que jamais courtisés. L’école de management grenobloise connait une ascension unique. Quel est son secret ? Son directeur Loïck Roche nous a livré quelques pistes.
Faire passer GEM de business school à une school for business, qu’est-ce que cela veut dire ?
Notre vision est que notre « client » c’est l’entreprise. La mission de l’école est d’accompagner la performance de l’entreprise en lui fournissant des compétences ; des connaissances via notre recherche ; des talents adaptés à ses enjeux actuels et futurs.
Création d’emplois
Quel est en conséquence votre positionnement dans votre écosystème ?
GEM fait partie du campus d’innovation GIANT reposant sur le triangle et magique : éducation, recherche et industrie. Notre ambition est d’être un accélérateur de croissance pour notre territoire, et au-delà. Cela passe aussi par le travail de nos enseignants-chercheurs de valorisation des technologies, de transformation des brevets en emplois. Car pour moi la seule unité qui vaille est la création d’emplois. Toute activité économique, toute croissance est in fine mesurée en nombre d’emplois ! GEM est membre fondateur de la SATT de Grenoble dont l’objectif est de multiplier par 5 le nombre de créations de start-up, sachant que déjà 400 ont été créées (et sont pérennes) en 10 ans. Qu’est-ce qu’une school for business pour vos étudiants ?
C’est avant tout une école qui forme des entrepreneurs. Une école dont l’objet final est l’employabilité de ses diplômés. Une école qui permette d’acquérir une musculature de connaissances fondamentales en gestion mais aussi pour la compréhension des phénomènes géopolitiques, économiques, sociétaux. Une école qui permet de vivre des expériences fortes. Une école qui permet 100 % d’exposition au monde professionnel.
« Le secret de notre réussite c’est d’avoir placé les femmes
et les hommes de GEM au coeur de notre organisation ! »
Connexions
Quelle est la présence des entreprises à l’école ?
Elles sont là à tous les moments clés : dans les jurys d’admission, en amont des réflexions sur nos enseignements, en dispensant des cours, en témoignant de leurs métiers et activités, en accueillant des stagiaires, apprentis, élèves en césure, par leur soutien financier, pour la création de chaires, durant les jurys de fin de cursus. Les entreprises apprécient ce que GEM est : les valeurs humaines qu’elle véhicule, sa solidité, sa capacité de progrès, son énergie.
Quelles sont vos nouveautés pédagogiques ?
Notre approche est connectiviste. Il s’agit d’apprendre dans le monde par connexion avec les professeurs, des professionnels, les technologies… Derrière cela il y a des outils pédagogiques comme les serious games, les MOOC, le design thinking, la pédagogie active. C’est là tout le paradoxe de ces technologies de médiation : elles n’ont jamais permis d’être autant dans le concret, de tordre l’espace-temps. La crise a aussi souligné l’importance de cette prise avec le réel au-delà des aspects techniques.
Se réinventer sans cesse
GEM s’est hissée parmi les écoles de premier rang, qu’est-ce que cela implique pour vous ?
Cela nous donne une nouvelle responsabilité, induit de rester fidèle à notre philosophie. La prochaine étape est de faire une différence, faire plus que de la formation, plus que de la recherche. C’est agir pour devenir une des business school les plus influentes. C’est réussir à avoir un impact, à inspirer le monde de l’éducation, des entreprises, l’ensemble de nos parties prenantes, au premier rang desquelles la société. Je suis heureux de notre succès, mais il reste du chemin à parcourir, d’autant plus que nous en avons les moyens, la dynamique et l’envie. GEM n’est pas une école arrivée, c’est en école en devenir. Je veux préserver sa capacité à se réinventer sans cesse.
Esprit de coopération
Qu’avez-vous envie de dire aux autres écoles ?
Je suis impressionné de la montée en qualité de nos écoles de management depuis 10 ans. Elles ont incroyablement progressé. Mais au lieu d’une compétition destructrice, je suis persuadé que nous devons nous inscrire dans la théorie du lotissement : une école ne valant que si la voisine est forte. C’est le lotissement France qui doit combattre à l’international, jouer en équipe, proposer de la qualité dans un esprit de coopération.
De quelles réalisations pour GEM êtes-vous le plus fier ?
D’avoir placé les femmes et les hommes de GEM au coeur de notre organisation. Je crois sincèrement que c’est le secret de notre réussite ! C’est ainsi que nous avons fait de GEM un lieu d’exception pour apprendre, travailler, collaborer, échanger. Notre contrat d’entreprise est essentiel pour obtenir une performance durable.
Un regret ?
De ne pas avoir immédiatement créé une direction de la satisfaction ; ce que nos venons de faire. Elle mènera des enquêtes approfondies, rigoureuses. L’objectif étant bien sûr l’amélioration pour nos permanents, nos intervenants d’entreprise, nos étudiants.
Vous venez d’ouvrir un blog, pourquoi ?
Nos écoles ont besoin d’être soutenues, reconnues pour ce qu’elles font. Que des voix s’élèvent pour les défendre, défendre notre modèle qui fait honneur à l’enseignement supérieur largement au-delà de nos frontières. A un moment donné il faut dire assez aux attaques qui recèlent d’un danger pour nos écoles ! Je crois qu’on ne s’y prendrait pas autrement si l’on voulait les blesser mortellement … Je souhaite plus largement partager mes idées pour nos écoles, l’enseignement supérieur, le management, les entreprises.
Le souhait de Loïck Roche pour ses élèves
« Longtemps on a dit aux élèves qu’ils étaient la future élite de la Nation. Aujourd’hui, je veux leur dire qu’ils ont une chance extraordinaire d’étudier, et en conséquence le devoir extraordinaire de faire en sorte que le monde ne se dégrade pas. Je souhaite que leur devenir personnel soit un devenir collectif. Lors de mon discours d’accueil des parents d’élèves, j’insiste beaucoup sur ce que Ethique veut dire à GEM : réussir sur le long terme, sans écraser les autres, se projeter, car au soir de sa vie c’est bien son sillage que l’on considère. »
Les rêves de Loïck Roche pour GEM :
Réussir à faire une différence, devenir une marque.
Ses étudiants :
Qu’ils soient entrepreneurs d’eux-mêmes, heureux de vivre dans un monde qu’ils vont contribuer à inventer.
Ses enseignants-chercheurs :
Qu’ils s’engagent, qu’ils aient un impact, soient à l’origine d’innovations.
L’enseignement supérieur français :
Qu’il retrouve toute son intelligence, qu’il soit un phare pour le monde. Je crois sincèrement qu’il le peut s’il cesse le nivellement par le bas. Attaquer les grandes écoles ne règlera pas les problèmes de l’échec en licence !
Les grandes caractéristiques des diplômés de GEM
Approche de secteurs phares pour l’école et très prometteurs pour l’avenir : TIC, énergies renouvelables, santé, biosciences. Capacité à développer un management adapté aux environnements disruptifs et dynamiques ; un management de l’innovation ; et à entreprendre. Capacité à d’approprier et créer de la valeur par les technologies. « Ces compétences sont liées à ce qui a guidé la création de GEM en 1984, dans un alignement avec son écosystème de Grenoble. Ces racines et fondamentaux restent très solides. GEM transmet aussi des valeurs, des humanités, une éthique à ses étudiants. Là où le vocabulaire économique est guerrier, nous voulons que nos diplômés pensent autrement. »
A. D-F
Contacts :
http://www.grenoble-em.com/
http://www.giant-grenoble.org/fr/
http://loickroche.blog.lemonde.fr