Dans le cadre d’un récent article rédigé avec d’autres enseignants chercheurs (Colina Frisch, University of St Gallen, Andreas Walther, TU Dresden, et Pascale Schwab, University of Zurich), nous avons déterminé une définition de leadership responsable sur la base de trois typologies préexistantes de leaders responsables.
Trois rôles de leadership
Dans ce travail de recherche intitulé « Theoretical Development and Empirical Examination of a Three-Roles Model of Responsible Leadership« , 4 professeurs chercheurs se sont associés pour développer une théorie sur le leadership responsable basée sur un modèle impliquant trois rôles de leadership :
- Un expert qui fait preuve d’expertise organisationnelle
- Un facilitateur qui prend soin et motive ses employés
- Un citoyen qui considère les conséquences de ses décisions pour la société
Ce concept de leadership responsable s’appuie sur des recherches antérieures reposant sur le leadership responsable, la théorie des parties prenantes et les théories de la complexité comportementale pour conceptualiser le modèle type associé au leadership responsable.
Un leadership responsable signifie ainsi que les individus assument leurs responsabilités parallèlement aux trois rôles cités précédemment et se préoccupent des objectifs organisationnels, du bien-être des employés et de l’impact sociétal. Les résultats de nos études suggèrent qu’un tel leadership responsable complexe peut être bénéfique pour le leader mais pas seulement.
Empathique, positif et orienté vers des valeurs universelles
Le leadership responsable est positionné comme un concept qui exige des dirigeants qu’ils fassent preuve de complexité comportementale dans l’exercice de leurs trois rôles. Un premier test empirique des antécédents et des résultats du modèle de rôle de leadership responsable se dégage. Les résultats de trois études menées par les professeurs-chercheur indiquent que le leadership responsable est positivement lié à la perception de l’efficacité du leader, aux évaluations favorables des parties prenantes et à l’engagement des employés envers l’organisation et la société. Le comportement de leadership responsable, à son tour, semble être facilité par l’empathie du leader, l’effet positif et l’orientation vers des valeurs universelles.
Un modèle utile en termes de performance et plus globalement à la société
Un leadership responsable peut avoir un effet positif pour l’organisation et en même temps un impact positif pour la société. Les dirigeants qui sont capables de faire preuve de responsabilité en tant qu’experts, animateurs et citoyens sont peut-être les mieux placés pour faire en sorte que leur organisation contribue à relever les grands défis de la société. Il devrait également être mieux à même de gérer les demandes croissantes et les exigences qui en résultent en matière d’engagement des parties prenantes et contribuer à garantir la légitimité à long terme des organisations.
Vers un nouveau modèle enseigné ?
L’étude publiée l’année dernière montre la pertinence d’un leadership responsable et propose une façon utile d’inventer des rôles de leadership qui peut aider à sensibiliser les futurs chefs d’entreprise à leurs responsabilités. Elle indique également qu’apprendre à faire preuve d’empathie et à adopter des valeurs universelles peut contribuer à un leadership responsable. Un modèle déjà enseigné aux étudiants du MBA Audencia dans le cadre du module « Leadership for a sustainable future ».
A lire, l’expérience du Leadership de VELUX
L’auteur est Christian Voegtlin, professeur de RSE à Audencia
Il est titulaire d’un doctorat en Business Administration et d’une habilitation de l’Université de Zurich (Suisse). Ses travaux de recherche portent principalement sur le leadership responsable et l’innovation, l’éthique professionnelle et la responsabilité sociétale des entreprises. Il s’intéresse également à la manière dont le processus d’innovation peut être gouverné pour éviter les conséquences néfastes et faciliter les innovations qui répondent aux défis du développement durable. Enfin, il explore le potentiel de la recherche en neurosciences pour l’éthique des affaires, en se concentrant spécifiquement sur le rôle des hormones stéroïdes dans le comportement humain.