Pour R. Vallée, directeur de l’EIVP, «l’analyse des retours permet de mieux coordonner les enseignements, organiser la pédagogie, et considérer comment les enseignements et outils passent auprès des élèves. La CTI souhaite que les enseignements soient évalués, qu’il en soit tiré profit et que les résultats soient diffusés dans l’école.» Exigées par EQUIS et l’AACSB, les évaluations ont été excessivement internalisées selon F. De Geuser, professeur à ESCP Europe. «La majorité des institutions mélangent les finalités. Les résultats sont parfois diffusés aux élèves, devenant un critère de choix du cours. Si elles mesurent la performance d’un enseignant, elles deviennent un instrument de gestion de carrière. Elles souffrent de leur amateurisme alors qu’elles sont devenues la norme. Il faut les élaborer et les tester scientifiquement pour les rendre pertinentes.» L’objectif affiché est l’amélioration des enseignements. « Elles font systématiquement remonter les difficultés, constate R. Vallée. Le professeur charismatique, même sévère, reçoit sans surprise de bonnes évaluations. Il faut néanmoins toujours les considérer avec recul et prudence. »
Il n’existe pas de questionnaire unique mais les évaluations se déroulent toujours par écrit, de plus en plus en ligne, elles sont succinctes, et comprennent des questions ouvertes. Elles sont demandées à chaque fin de module, parfois de cours ou regroupées. Les élèves répondent anonymement. M. Vallée a constaté que certains professeurs les complètent de leurs questionnaires. « Ils peuvent demander quels projets ont été préférés, deux points les mieux traités et deux moins bien compris. Certains organisent des entretiens avec des étudiants. » L’anecdote : «Un nouveau professeur avait été bien évalué et ses élèves ont assorti leurs réponses d’une pétition demandant une augmentation du volume horaire du cours !» raconte M. Vallée.
Des finalités multiples induisent des biais, sont parfois contradictoires entre elles. Les jugements diffèrent si les évaluations interviennent avant ou après l’examen. Organiser le cours de manière à être bien évalué et à fortiori titularisé.
«Évaluer un cours en amphi ou en petit groupe, obligatoire ou non sur les mêmes critères induit des biais d’appréciation.» «Un élève est-il à même de juger d’un choix d’exercice ou de structure de cours ? Il est plus logique de lui demander de juger des faits : les modalités d’examen sont-elles claires, le cours intervient-il au bon moment dans le cursus, les supports utilisés conviennent-ils ? A cause de ces biais et de la question de l’aptitude des étudiants à s’exprimer sur les besoins en pédagogie, il est très discutable de mesurer la satisfaction d’un étudiant ni même de déterminer quels doivent être le statut et le poids de cette « opinion » dans les évaluations et les évolutions de cours. »