9 % des docteurs français étaient au chômage en 2013, selon le Centre d’analyse stratégique soit trois fois plus que la moyenne européenne. Bien que les entreprises se disent prêtes à accueillir les plus hauts diplômés de l’enseignement supérieur, leur insertion professionnelle reste difficile. Juliette Guérin, présidente de l’association ADDOC (Agir pour les Doctorants et les jeunes DOCteurs) de l’Université Paris-Sud et Pascal Crépey, président de l’ANDès (Association Nationale des Docteurs), reviennent pour nous sur cette situation.
JULIETTE GUÉRIN, PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION ADDOC (AGIR POUR LES DOCTORANTS ET LES JEUNES DOCTEURS) DE L’UNIVERSITÉ PARIS-SUD
Quels sont éléments qui expliquent la difficile insertion des docteurs dans le marché du travail ?
Si le doctorat est un diplôme très bien reconnu dans le secteur public, il l’est beaucoup moins dans le secteur privé. Or, les jeunes docteurs sont mal préparés à la recherche d’emploi. Contrairement aux étudiants issus de filières professionnalisantes, les doctorants doivent apprendre à valoriser leur profil et à se constituer un réseau professionnel. Sans cela, ils risquent effectivement de connaître une période de chômage plus longue que celles des autres diplômés de l’université.
Quelles actions menez-vous pour faciliter cette insertion professionnelle ?
Chaque année, nous organisons le cycle de conférence « Perspective Avenir » dans le but de rapprocher les doctorants et les professionnels. Ainsi, nous venons en soutien aux diverses actions menées par l’Université Paris-Sud : aide à la définition de son projet professionnel, à la compréhension de l’entreprise ou encore formation en management de projet. A l’échelle nationale, l’association veille à l’application de la loi sur l’enseignement supérieur et la recherche votée en juillet 2013. Celle-ci prévoit une meilleure reconnaissance de l’expérience professionnelle des jeunes docteurs dans les conventions collectives des entreprises. Elle leur ouvre aussi l’accès à des postes de la haute fonction publique.
PASCAL CRÉPEY, PRÉSIDENT DE L’ANDès (ASSOCIATION NATIONALE DES DOCTEURS)
Quelles sont les principales missions de l’Association Nationale des Docteurs ?
Depuis plus de 40 ans, l’ANDès a pour objectif d’animer la communauté des docteurs français et de créer une communauté de diplômés. Nous organisons de nombreuses rencontres intergénérationnelles entre anciens et jeunes docteurs. Nous souhaitons aussi promouvoir le doctorat, trop peu valorisé et reconnu dans notre pays. Notre message est simple : la société peut s’appuyer sur les docteurs pour innover et assumer des rôles à responsabilité.
Comment expliquez-vous le taux de chômage si important des jeunes docteurs ?
Les idées préconçues discréditent les jeunes docteurs. L’image de l’éternel étudiant reste très ancrée dans les mentalités. Or, nous militons pour que le jeune docteur soit considéré comme un professionnel avec 3 ans d’expérience. Grâce à ses études, il a appris à mener un projet dans son intégralité avec une grande autonomie mais aussi à travailler en équipe lorsque ce fût nécessaire. C’est pour cela que nous préférons parler de poursuite de carrière et non d’insertion professionnelle. Les enseignants – chercheurs eux-mêmes ont un rôle à jouer pour aider les jeunes docteurs à trouver un emploi. Trop souvent les doctorants sont orientés vers une carrière dans le secteur public alors que ce n’est qu’une voie parmi d’autres. Il faut tout faire pour mieux les préparer à se présenter sur le marché du travail.
Simon Sénot