Le grand entretien
Sur quelles réflexions se fonde le vaste champ de réformes entrepris par l’École ?
Nous prenons en compte l’importance des enjeux du développement durable à l’échelle de la Planète pour former des ingénieurs capables d’équiper des villes en eau potable et en transports en commun fiables, tout en étant peu consommatrices en énergie, d’ici 2050 pour environ 4 milliards d’habitants. Depuis 20 ans, l’Enseignement supérieur est passé d’une logique fonctionnelle à une logique mondialisée au niveau des marchés de l’emploi, de la mobilité des étudiants, des nouvelles formes d’enseignement par le numérique et de l’internationalisation de la recherche. Ces tendances nous ont poussés à engager une réforme de notre formation d’ingénieur pour laquelle il nous reste encore une année de mise en œuvre. Elle nous a notamment conduits à renforcer le travail personnel de l’étudiant, son sens de l’initiative, son autonomie et sa capacité à travailler collectivement dans un milieu multiculturel.
Comment allez-vous renouveler votre offre de formation ?
Nous souhaitons participer à la modernisation des métiers en prenant en compte les problématiques de l’énergie, les outils numériques et les systèmes de transports intelligents afin de proposer des formations novatrices, adaptées au 21e siècle. Nous mettons également en place des mastères spécialisés qui ont vocation à soutenir les filières professionnelles tout au long de la carrière. Nous sommes en train de les « mixer » avec une formation MBA, grâce à notre accréditation internationale qui va nous permettre de proposer des masters internationaux en anglais (master sur l’économie urbaine et foncière, master sur les décisions d’investissement, projets de master avec l’université de Columbia et l’université de Chicago), à partir de 2017 afin d’accueillir davantage d’étudiants internationaux. En effet, 30 % de nos ingénieurs sont d’origine étrangère et la même proportion de jeunes diplômés intègrent un premier poste à l’étranger.
Les clés d’une recherche innovante ?
La recherche est organisée de façon assez classique en laboratoire, autour des quatre grands enjeux sociétaux que constituent les systèmes ville et mobilité, les risques naturels, les questions de régulation économique et sociale ainsi que l’industrie du futur. L’École a vocation à améliorer la compétitivité des entreprises françaises dans le cadre d’une recherche partenariale avec les grands groupes, les ETI et les PME. Elle développe ce processus à l’international grâce à ses enseignants-chercheurs internationaux, dans le cadre de partenariats avec des universités étrangères et par le biais de relations avec les firmes multinationales. Nous souhaitons également renforcer le lien entre l’enseignement et la recherche pour que nos élèves deviennent plus innovants. Nous allons développer des plates-formes technologiques et scientifiques qui produiront une valeur ajoutée significative et positionneront l’Ecole sur des thèmes majeurs comme la robotique, l’automatisation et la construction. Une deuxième série de plates-formes concernera le numérique dédié aux services urbains.
Focus sur les plateformes internationales de co-innovation
Au-delà de nos échanges d’étudiants, de chercheurs et de notre politique partenariale de recherche avec d’autres centres universitaires, nous souhaitons proposer des plates-formes de co-innovation avec nos partenaires industriels et académiques implantés à l’étranger, notamment au Brésil, au Maroc et en Chine. Elles seront destinées à accueillir des projets innovants en provenance des entreprises et des startups. Les étudiants, les enseignants-chercheurs, nos partenaires académiques et nos anciens élèves pourront apporter leurs compétences dans le cadre de tutorats et de mentorats afin de mener à terme des projets développés en adéquation avec les besoins économiques.
Patrick Simon