Communiqué de presse :
Les 24 et 25 mai 2018 aura lieu la Conférence européenne interministérielle de l’enseignement supérieur. La France assure deux rôles cette année : la vice-présidence chargée du suivi et le secrétariat du processus de Bologne. Elle accueillera à cette occasion la prochaine conférence marquant les 20 ans de la déclaration de la Sorbonne. Ce processus est porteur de transformations fortes pour les élèves ingénieurs, qui ont un rôle à jouer dans celui-ci. Selon eux, la France DOIT continuer à s’ouvrir, avec optimisme.
Le Bureau National des Elèves Ingénieurs (BNEI), unique association représentant les élèves ingénieurs en France, a tenu le week-end dernier son Assemblée Générale dans les locaux des écoles Sigma et ISIMA, à Clermont-Ferrand. Cet événement, labellisé EHEA (European Higher Education Area) par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, était l’occasion pour les élèves de réfléchir ensemble sur les thématiques relatives au processus de Bologne.
Les enjeux de ce processus sont multiples : mobilité internationale, organisation des études, système de crédits transférables et capitalisables (ECTS), reconnaissance professionnelle et comparabilité du diplôme d’ingénieur, assurance qualité… Autant de sujets dont l’impact est direct sur la vie des élèves ingénieurs.
Participer à l’ouverture de la France aux autres systèmes d’enseignement supérieur
Ce n’est une surprise pour personne : les élèves ingénieurs sont de plus en plus nombreux à partir à l’étranger chaque année dans le cadre de leurs études ou de leurs stages[1]. Si la Commission des Titres d’Ingénieur (CTI) incite globalement les écoles à augmenter leur taux de mobilité sortante, il est important de s’interroger dans le même temps sur le sentiment d’appartenance des élèves ingénieurs à cet espace européen, car ils en sont des acteurs essentiels. Renforcer l’identité européenne des élèves ingénieurs, c’est aussi renforcer une Europe qui s’est vue fragilisée ces dernières années.
Le piège de la mobilité internationale est de la subir au lieu d’en apprécier les avantages. Les élèves le sentent bien : plus ils ont d’informations et de clés en main pour choisir le parcours qui leur convient le mieux, plus ils auront envie de construire leur mobilité, et plus ils se sentiront inclus dans cet espace commun. Un manque de visibilité sur les différents systèmes éducatifs internationaux peut être un frein à la mobilité. Les écoles ont un vrai rôle à jouer dans ce sens, et les établissements doivent continuer à diffuser un maximum d’informations et à s’ouvrir s’ils souhaitent réussir à former des entités européennes au premier sens du terme.
[1] 71 340 personnes ont bénéficié en France d’une mobilité d’études, de stage ou de volontariat en Europe ou hors Europe en 2016 d’après la Commission Européenne
Les écoles d’ingénieurs et les universités peuvent également contribuer au développement d’un réel sentiment d’appartenance et donner envie aux élèves ingénieurs de participer à la construction des universités européennes. Le BNEI propose notamment de :
- Informer davantage sur les fonctionnements et les intérêts des différents systèmes d’enseignement supérieur des autres pays de l’EHEA ;
- S’appuyer sur la dimension internationale des laboratoires de recherche dans lesquels les enseignants-chercheurs peuvent renforcer les liens entre établissements au-delà des laboratoires ;
- Proposer des programmes de sensibilisation, des présentations en amphithéâtre, des journées thématiques sur l’international dans le but de créer la dynamique entre élèves, professeurs, directeurs, chercheurs, entreprises ;
- Multiplier les formes d’échanges : des projets de groupe par correspondance testés par exemple par l’ENSI Poitiers montrent tout l’intérêt de porter des travaux en commun : diversité des points de vue, échanges dans une langue étrangère, approches différentes, apprentissage du multiculturalisme ;
- Penser les regroupements d’établissements sous un autre angle que celui des classements internationaux : la diversité des établissements français est une richesse à conserver dans ces regroupements. Alors qu’une expérimentation sur 10 ans est actuellement menée par le gouvernement sur ce sujet, le BNEI rappelle que ce travail doit se faire en regardant vers l’international et les valeurs européennes : le but n’est pas simplement de réorganiser et d’optimiser un paysage français de l’enseignement supérieur très complexe en soi.
Donner envie et les moyens de se déplacer dans l’EHEA
Les défis technologiques, sociétaux et environnementaux actuels nécessitent aussi la création de cet espace commun qui peut rassembler au-delà des différences de culture, par exemple sur des sujets comme la transition énergétique, le numérique, ou les transports.
Développer l’ouverture d’esprit et donner les moyens et l’envie de se déplacer doivent constituer des priorités pour les établissements : proposer plus de cours dans d’autres langues, des semaines intensives d’anglais, des projets de groupes en anglais, sont des exemples d’actions concrètes dans ce sens. Ceci est valable aussi bien pour les élèves que pour les enseignants qui doivent être accompagnés et formés à enseigner dans une langue étrangère.
Poursuivre les efforts relatifs à la mobilité entrante
Construire un espace commun passe aussi par la bonne intégration des élèves en mobilité entrante. Malgré la bonne volonté des élèves et des départements chargés des relations internationales, des difficultés persistent. La barrière de la langue reste le premier frein à une véritable intégration. Des stages linguistiques intensifs avant la période de début des cours de même que des semaines d’intégration anticipées peuvent y remédier.
La stigmatisation des élèves entrants est souvent présente bien que non souhaitée. Le BNEI invite l’ensemble des Bureaux des Élèves (BDE) et des administrations à poursuivre leurs efforts en suggérant une participation plus active des élèves entrants dans la vie de leurs établissements, tant au niveau associatif et que par leur présence dans les différents conseils centraux. Chacun se doit de montrer l’exemple et d’essayer de faire le premier pas pour une intégration réussie. La création de projets entre élèves et départements des relations internationales de l’établissement pour favoriser l’intégration est un exemple concret d’action à mener tout au long de la mobilité.
Quel système pour les élèves ingénieurs à l’échelle européenne ?
La construction d’établissements européens dans un espace commun de l’enseignement supérieur soulève de multiples questions sur les droits des étudiants. Le coût de la vie étudiante et le financement de l’enseignement supérieur dépendent de chaque pays et du statut de chaque établissement. Le BNEI s’interroge dans ce contexte sur les frais d’inscription des établissements intégrés dans un espace commun. Il est possible d’imaginer la mise en place d’un système de bourses dont le rôle serait de compenser les déséquilibres entre les frais d’inscription dans les échanges internationaux. Le BNEI souhaiterait étudier cette possibilité avec les administrations dans le but de lutter contre les grandes inégalités entre les établissements et les difficultés d’accès aux meilleures formations à l’étranger.
En ce qui concerne les démarches pratiques, l’European Student Card (ESC) apparait comme un outil intéressant pour accéder aux infrastructures sportives, aux bibliothèques et aux œuvres universitaires. Le système est perçu comme très pratique et susceptible d’inciter au départ. Un inconvénient à noter toutefois, la possibilité que certaines écoles privées ou des écoles qui utilisent leur propre carte se retrouvent exclues.
Vers une identité européenne
Le Président de la République a rappelé, lors du dernier sommet social pour des emplois et une croissance équitables, sa proposition d’avoir plus de 20 universités européennes en place d’ici à 2024. La construction de ces établissements internationaux va de pair avec le développement d’une véritable identité européenne et internationale. Ces sujets doivent prendre une place importante dans les discussions, les échanges et les débats de nos écoles et le BNEI se veut moteur dans ces réflexions.
Et maintenant ?
Le BNEI était présent au colloque européen CDEFI – CTI les 5 & 6 avril dernier pour porter la voix des élèves ingénieurs avec optimisme et enthousiasme. Nous serons également attentifs au message porté lors de la Conférence interministérielle et restons engagés dans la construction d’un Espace Européen de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche qui nous ressemble et nous rassemble.