Crédits IMT Mines Albi

[Analyse] Coopinnovation : coopérer pour innover ou innover pour coopérer ?

Jusque dans les années 70, les entreprises vivaient dans des mondes d’innovation autarciques et cultivaient le secret de la R & D. Aujourd’hui, le partage et la collaboration, accélérateurs de créativité, se sont imposés dans les processus d’innovation. Des outils innovants permettent aussi de tirer le meilleur parti de la collaboration. Coopérer pour innover ou innover pour coopérer ? Le niveau de maturité en matière d’Open Innovation semble apporter la réponse.

 

L’Open Innovation, un concept de collaboration

Introduit dans les années 2000 par Henry Chesbrough, professeur à Berkeley, l’Open Innovation vise à impliquer des parties externes à une organisation dans son processus d’innovation. L’idée est partie de la perception des entreprises qu’elles innovaient trop lentement et que les collaborations qu’elles entreprenaient aboutissaient souvent à un échec. L’Open Innovation est avant tout un modèle de collaboration qui rompt avec les usages traditionnels.

Au-delà du simple échange de connaissances

Innover, c’est concevoir un produit ou un service qui va répondre à un besoin qui n’existe pas ou auquel on répond mal. Si le processus d’innovation s’inscrit dans un processus collaboratif, il suppose la mise en œuvre d’une démarche de co-production du produit ou du service. Dans ce cas, la coopération dépasse le stade du simple échange de connaissances. Coopérer pour innover, suppose, pour chaque partie prenante, de partager des données sensibles et de produire chacun une partie du résultat : lever un verrou scientifique, élaborer le business model, définir l’usage…

Coopérer pour innover ne s’improvise pas

Coopérer suppose la construction d’une vision commune à l’ensemble des parties prenantes et la mise en place d’une gouvernance pour piloter le programme d’innovation. Cette dernière gère la protection des données sensibles mises à disposition par les partenaires. Elle définit aussi les modalités de partage de l’innovation lorsqu’au terme du processus, celle-ci rencontre son marché et se transforme en actif rentable. Cette phase requiert une bonne connaissance des règles de la propriété intellectuelle et de l’exploitation des résultats obtenus conjointement.

Des écoles ressources pour les collaborations industrielles

Le soutien du développement économique est une des missions des écoles de l’IMT et nouer des partenariats de recherche avec les entreprises est dans leur ADN. A IMT Mines Albi, la méthodologie de gestion de l’open innovation, la capacité à générer des innovations matures et le déploiement de plateformes technologiques pouvant aller jusqu’à la création de pilote semi-industriel sont des éléments décisifs de l’attractivité de ses centres de recherche. Attachées à chaque axe de recherche, les plateformes fédèrent un écosystème d’acteurs ancrés aussi bien dans les territoires qu’à l’international et contribuent à la maturation de la technologie et de son transfert. Fertiles, les collaborations de l’école, avec grands groupes ou startups, s’organisent dans le cadre de laboratoire commun (Agiléa), de chaire (Laboratoires Pierre Fabre) ou de collaboration directe (Aurock, Solvay, CVasthera…).

Innover pour coopérer

IMT Mines Albi s’appuie aussi sur l’intelligence artificielle pour faire évoluer les modes de coopération. Son Centre de Génie Industriel a ainsi créé un outil qui permet de simuler des situations de coopération lors de la gestion d’une crise, de prendre en compte des informations hétérogènes, voire inaccessibles jusqu’ici (données des réseaux sociaux par exemple) et de s’immerger dans les différents scénarii via la réalité virtuelle. Une véritable innovation qui permet au final de choisir plus vite l’option qui permet de mieux coopérer pour coordonner les réponses à la crise.

Autre outil disruptif et coopératif sur lequel IMT Mines Albi s’appuiera dès fin 2019, la plateforme de service ValYooTrust développée par l’IMT. Elle incarne parfaitement la boucle vertueuse, « innover pour coopérer pour innover… ». Conçue et développée en pur mode entrepreneurial, ValYooTrust répond exactement aux besoins spécifiques du travail de co-création inhérent aux écosystèmes collaboratifs. Ces derniers, réunissant des offreurs de solution (start-up, experts), des investisseurs, des acheteurs publics/privés et des usagers, profiteront ainsi des moteurs disruptifs et coopératifs de la Plateforme, comme une place de marché sécurisée par blockchain et automatisée par IA pour créer, enrichir, protéger et monétiser les actifs des chaînes de valeur innovantes !

Après plus de 20 ans passés au service de l’industrie, dans des ETI et des groupes internationaux, Norbert Feraud est aujourd’hui directeur adjoint de la recherche et de l’innovation à IMT Mines Albi (Institut Mines Telecom).

Le sens de son action « INSPIRER LE RENOUVEAU ET LE RENDRE TANGIBLE », vise à rendre les organisations plus agiles et plus créatives en :
– Fédérant les acteurs et parties prenantes pour transformer une organisation en écosystème ouvert, sécurisé et innovant
– Développant la valeur sur l’ensemble du cycle de vie du couple produit – service grâce à une approche intégrée de l’organisation industrielle.

Approches déployées par Norbert Féraud : management par les processus, digitalisation des processus, design thinking appliqué soit aux organisations soit à la création de produits/services, ouverture de l’organisation et accélération de l’innovation grâce à la mise en place de partenariats public-privés ou Start-up/Grand Groupe sécurisant la propriété intellectuelle, approche sociologique de la valeur d’usage, déploiement d’outils d’intelligence économique.