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« L’enseignement supérieur est facteur de transformation sociale »

L’actualité de ce début d’année donne un relief particulier aux propos recueillis il y a plusieurs semaines auprès de Christian Margaria de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.

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Que font les établissements d’enseignement supérieur pour sensibiliser les étudiants à la diversité ?
L’objectif est de sensibiliser les étudiants, futurs cadres des entreprises, de l’État ou des collectivités territoriales, aux préjugés et mécanismes d’amalgame et d’intolérance qui débouchent souvent sur le rejet de l’autre. Les établissements qui participent aux expérimentations des décisions du comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme organisent donc des sessions de vivre-ensemble, des séquences formalisées d’apport de connaissances, des enseignements thématiques permettant aux étudiants de construire leur propre vision de la citoyenneté, et des projets de groupe donnant lieu à rédaction d’un mémoire, soutenance publique et notation.Les étudiants sont une cible importante du dispositif puisqu’ils seront à court terme dans la vie active. Il faut bien entendu coupler ce travail avec des actions auprès des plus jeunes pour préparer l’avenir. Les maître-mots sont « sensibilisation, éducation, formation ».

 

Christian Margaria anime chaque année un débat-réflexion sur la diversité lors du Challenge.

 

Sur quels points insistez-vous particulièrement dans vos propres interventions ?
Je commence toujours par dire qu’il ne faut pas se préparer à la diversité puisqu’elle est déjà là et depuis longtemps ! (Voir définition de la diversité en encadré, ndlr). La France est le pays d’Europe qui comprend, en pourcentage, simultanément le plus de Juifs (de l’ordre de 500 000) et le plus de Musulmans (un peu plus de 2 millions). Par ailleurs, plus d’un million de personnes d’origine asiatique vivent sur notre territoire et l’implantation de Noirs dans l’Hexagone est attestée depuis plus de quatre siècles. En outre, n’oublions pas que la France ne se réduit pas à l’Hexagone. Les Guadeloupéens, les Guyanais, les Martiniquais et les Réunionnais sont citoyens français depuis 1848. Par ailleurs, 21 % des Français ont un parent ou un grand-parent immigré, c’est-à-dire né étranger à l’étranger, le sens précis des termes étant essentiel en la matière.

 

Vous abordez la question de la liberté religieuse ?
Bien entendu mais en revenant toujours aux fondamentaux, à la Constitution de 1958, le niveau maximal de notre législation, notre axiome de base en quelque sorte. Elle fait référence à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dont l’article 10 dit que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi » ce qui signifie que la liberté religieuse est une liberté publique. Son article premier stipule en outre que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »Notons que la loi de séparation des églises et de l’État ne contredit pas le principe précédent, une loi ne pouvant de toute façon être non conforme à la Constitution – même si elle lui est antérieure ce qui est le cas ici puisque la loi date de 1905 et la Constitution de 1958, mais, au contraire, le confirme. L’article 1er, « la République assure la liberté de conscience » et « garantit le libre exercice des cultes », promeut en effet simultanément, la liberté de ne pas être croyant et celle de pratiquer la religion que l’on souhaite.

 

L’efficacité de ces actions dans l’enseignement supérieur a-t-elle été démontrée ?
Oui. Une thèse de doctorat qui devrait être soutenue au début de l’année prochaine le montre à l’évidence. Elle a été réalisée par une doctorante de l’une des écoles du groupe des établissements expérimentaux qui a mené une étude sur plusieurs promotions d’étudiants. Le résultat est sans équivoque : la sensibilisation est doublement efficace. Ils progressent au fil de leur cursus et cette progression s’accélère car l’école a intensifié sa politique diversité au fil des ans. Cette étude conforte la conviction initiale que l’enseignement supérieur est un facteur de transformation sociale.

 

Le Larousse définit la notion de Diversité comme l’« ensemble des personnes qui diffèrent les unes des autres par leur origine géographique, socio-culturelle ou religieuse, leur âge, leur sexe, leur orientation sexuelle, etc., et qui constituent la communauté nationale à laquelle elles appartiennent. »

 

A. D-F