Le choix des options au cours des études est parfois le lieu de luttes démesurées, les places étant toujours limitées, et toujours un enjeu dans le déroulement d’une carrière en herbe. Les effets de mode rendent par périodes certains domaines peu attractifs alors que les opportunités professionnelles y sont réelles. Au sein des écoles françaises d’ingénieurs ou de managers certifiées il n’y a pas, ou très peu, de filières sans débouchés professionnels ; c’est notre atout majeur et notre force que d’être à l’écoute des acteurs économiques pour pourvoir les profils adéquats. Néanmoins, les médias et l’inconscient collectif véhiculent parfois des messages qui minorent l’importance de telle ou telle option ou filière d’enseignement au sein des écoles.
D’abord, il faut faire confiance à l’école que l’on se choisit pour proposer toujours des filières avec un potentiel professionnel. Ensuite, il convient de s’interroger sur ses ambitions, ses possibilités et ses affinités. Il s’agit bien là d’effectuer un choix, consécutif au choix d’une école, celui d’une relative spécialisation au sein de celle-ci. Il est relativement peu fréquent que ce choix seul détermine le déroulement d’une carrière. Par contre, il arrive souvent que les opportunités qu’un stage, qu’un contact professionnel ou qu’une offre d’emploi permettent soient plus particulièrement, voire exclusivement, accessibles par une majeure ou option au sein de l’école. On pourrait alors, craindre que l’on puisse rater une opportunité d’emploi si l’on ne saisit pas l’option correcte… c’est la pire façon de réfléchir au choix de ses études.
Il n’y a de réelle opportunité pour chacun qu’au sein d’un projet professionnel réfléchi, ce qui ne consiste pas à imaginer et prévoir à l’avance chaque étape et chaque détail de sa carrière, mais à cerner ce qui constitue pour chacun les éléments de l’épanouissement dans son travail. Des horaires à la rémunération, des responsabilités à la taille de l’équipe de travail, et bien sûr le domaine et le type d’activité rêvés, le projet professionnel bien posé fait cristalliser une vocation et se traduit par une attitude correcte envers les offres et opportunités d’emploi. C’est bien alors parce que l’on a choisit une option en accord avec ses préférences et sa propre sensibilité que l’on sera en mesure de saisir une bonne opportunité.
Au contraire, se faire dicter le choix d’une option parce que le domaine est en vogue, ou avancé, ou parce que tout le monde y va, constitue la garantie de voir les bonnes opportunités se traduire après quelques années par un changement de cap professionnel. A cela rien de dramatique bien entendu, et combien même ce changement eut pu avoir lieu plus précocement la période entre-temps constitue néanmoins de l’expérience. C’est seulement que l’épanouissement au sein d’une entreprise peut se faire dès le premier emploi, sans qu’il soit déterminant pour d’autres emplois par la suite. Par exemple, beaucoup de jeunes cherchent à rentrer coûte que coûte dans les grands groupes, attirés par le prestige, le niveau de rémunération et les avantages, souvent supposés, qu’offrent les très grandes entreprises. A cet objectif, beaucoup sacrifient le choix de leur spécialisation pendant les études pour découvrir progressivement que la taille, l’immobilisme, le manque de valorisation de l’initiative et l’anonymat des grosses structures ne leur permet pas un réel épanouissement. Et pire, que le domaine dont ils sont « spécialistes » n’est pas in fine leur tasse de thé. Alors, viennent les changements de poste au sein du groupe, la mobilité qui sans être forcée n’est pas souhaitée ou tout du moins prévue dans le projet professionnel, et potentiellement des accidents de carrière plus graves.
Le choix de ses options au cours des études, comme doit l’être celui de son école, est fait correctement lorsqu’il est le fruit de ses envies et non le dictat de la peur du chômage. Lorsque ce choix est fait ainsi, il est possible de saisir les vraies opportunités pour soi et non les positions que l’on vous promet merveilleuses, la chance fait le reste.
Par Luis Le Moyne
Directeur de l’ISAT
luis.le-moyne@u-bourgogne.fr