Brigitte Plateau qui travaille à Grenoble INP depuis 26 ans en est l’administrateur général depuis mars 2012.
Brigitte Plateau qui travaille à Grenoble INP depuis 26 ans en est l’administrateur général depuis mars 2012.

Brigitte Plateau fait rimer maîtrise de la complexité et humanisme à Grenoble INP

La complexité est un phénomène inhérent à la vie et le reflet d’une certaine richesse. L’enjeu est donc de la maîtriser. L’enseignement supérieur n’échappe pas à cette nécessité. C’est avec cette vision et accompagnée de convictions humanistes que l’administrateur de Grenoble INP, Brigitte Plateau, remplit sa mission depuis deux ans au service de l’ambition de son établissement, de la réussite de ses étudiants, dans le cadre de son écosystème grenoblois et de la future université Grenoble Alpes.

Brigitte Plateau qui travaille à Grenoble INP depuis 26 ans en est l’administrateur général depuis mars 2012.
Brigitte Plateau qui travaille à Grenoble INP depuis 26 ans en est l’administrateur général depuis mars 2012.

Y a-t-il un projet dont la réussite vous tient à coeur pour Grenoble INP ?
Lorsque j’ai proposé ma candidature lors de la campagne pour l’élection de l’administrateur, un des points forts était (de réussir) l’insertion de Grenoble INP au sein du site universitaire de Grenoble Alpes. Nous sortions de longues années de discorde qui nous avait fait passer à côté de la labellisation Idex. Mon ambition était de passer à un mode de relations partenariales basé sur la confiance. Je me suis attelée à cela avec mes collègues, et nous dévoilerons nos statuts en juillet. Je suis très fière que des conditions de dialogue pacifié aient permis cette construction.

 

UNIVERSITÉ GRENOBLE ALPES, UN PROJET PACIFIÉ
Quels sont les atouts de cette communauté pour vos 6 écoles ?
La première raison de cette structuration est de prendre notre place dans la compétition internationale. L’université Grenoble Alpes est un label visible, une fédération d’établissements qui a l’ambition d’entrer dans le top 100 du classement de Shanghai. Dans cet ensemble, Grenoble INP est l’élément moteur et majeur pour la formation d’ingénieurs.
Grenoble INP est engagé dans 7 grands projets qui lient l’enseignement supérieur et les entreprises, quelle est votre clé pour conserver une cohérence ?
La cohérence vient d’abord de notre ancrage historique et local, avec les entreprises. Cette culture est un ciment pour les projets des équipes et nous offre une cohérence dans nos relations avec l’écosystème grenoblois. En tant qu’administrateur, je veille à ce que Grenoble INP reste dans sa fonction première d’établissement d’enseignement supérieur et de recherche dans tous ses engagements. C’est essentiel, surtout dans une période où les moyens accordés par l’Etat ne sont pas en expansion, et de travailler dans une relation gagnant-gagnant au sein de nos partenariats.

 

MAÎTRISER LA COMPLEXITÉ
L’effervescence qui règne dans l’ESR est-elle une opportunité ou un risque pour vous ?
C’est une opportunité car elle répond à la nécessité de s’adapter à la compétition internationale. Pour bouger d’importantes institutions et tout un système, il faut parfois créer une forme de déséquilibre. Certes, l’effervescence peut être synonyme d’agitation et d’énergie perdue, mais aucun changement ne comporte zéro risque. Ma façon de gouverner l’établissement est d’anticiper en fonction d’une vision de notre objectif et de nos ambitions. Pour moi, il ne s’agit pas de simplifier pour uniformiser – ce système complexe qu’est notre système d’ESR reflète la richesse de l’offre – il faut apprendre la subsidiarité, la collégialité, la mutualisation. La vraie difficulté est de maîtriser la complexité.

 

LES ENTREPRISES, PARTENAIRES HISTORIQUES
Dans quel domaine souhaitez-vous emmener Grenoble INP encore plus loin ?
Je veux renforcer nos relations entreprises. Ce sont les entreprises hydroélectriques ou en mécanique qui ont créé nos écoles au début du XXe siècle car elles avaient besoin d’ingénieurs. Notre Fondation partenariale a été créée il y a 4 ans. Elle abrite déjà 5 Chaires partenariales avec des programmes scientifiques d’envergure. Je veux encourager ce bel essor. Nous avons aussi relancé notre Club des entreprises partenaires – IN’Partners – qui compte quelques 80 entreprises. Nous avons créé une base de données mutualisant la connaissance de nos relations avec les entreprises, celles des écoles, des laboratoires et des services de Grenoble INP. Cela nous offre une vision globale et complète, essentielle pour mieux les comprendre et les orienter. Je souhaite enfin travailler avec nos partenaires sur une offre de stages à l’international pour nos étudiants.
Votre écosystème grenoblois est bouillonnant, de quelle manière cela est-il au profit de vos étudiants ?
Pour nos étudiants cela se traduit par des interventions de professionnels dans les cours, des conférences spécialisées, des stages, la donation de matériels industriels pour leurs TP, et leur recrutement s’effectue avec d’excellents taux d’insertion. Nos écoles sont bien positionnées avec des formations phares sur des secteurs où la demande est forte comme l’énergie, le numérique et les matériaux innovants. Encourager les jeunes à aller plus nombreux vers les filières scientifiques est indispensable si l’on veut réindustrialiser la France. Et il y a des emplois à la clé ! Je suis très fière que nos écoles soient bien classées et nos diplômés bien insérés, et nous sommes en permanence engagés pour que cela continue.

 

LE GRAND RÊVE DE BRIGITTE PLATEAU
Pour les sciences
« Un monde où les plus jeunes, les jeunes filles et les familles, considèrent le métier d’ingénieur et les sciences comme l’une des clés de l’avenir. Car ce métier a un sens, et plus qu’un métier, c’est une voie pour l’humanisme. »
Pour ses élèves
« Que nos élèves, qui sont une élite, soient rompus à l’exercice de la mixité sociale, de genre, culturelle et disciplinaire dans nos écoles. Afin qu’ils soient convaincus que cette mixité est un atout dans la vie ! »

 

« Face aux évolutions dans l’enseignement supérieur, il ne
s’agit pas d’aller
vers une simplicité uniformisante,
il faut apprendre
la subsidiarité,
la collégialité,
la mutualisation. »

DIALOGUE ET DIPLOMATIE
Qu’est-ce qui est le plus stimulant dans vos responsabilités ?
De construire collectivement à partir de mon impulsion certes, mais essentiellement avec les envies, avis et actions des équipes. C’est important dès lors que nous oeuvrons sur des thèmes qui concernent l’ensemble de la communauté et nos partenaires comme la rénovation de notre pédagogie.
Que pensez-vous avoir apporté de personnel à la fonction ?
Je dirais un management et donc un exercice différent du pouvoir. Lorsque j’ai engagé ma campagne un collègue m’a dit : « Crois-tu y arriver avec tes méthodes de mère de famille ? » Force est de constater que oui ! Je suis très heureuse et fière d’être aussi une mère de famille. Je manage dans une posture de dialogue, de transparence et de diplomatie. Il m’arrive aussi, sûrement plus qu’un homme ne le ferait, de laisser ma fragilité et mes émotions s’exprimer. Cela peut étonner. Je crois que laisser ses sentiments parler est une force, car l’intuition est une alliée de la prise de décision.
L’éthique est un thème mis en avant sur la première page du site de Grenoble INP, pourquoi est-ce si important ?
Un ingénieur doit être porté par une éthique. La technologie a une telle influence sur nos vies, notre quotidien dans toutes ses dimensions et tout autant sur les ressources de la planète, qu’il est indispensable que les réflexions et décisions de l’ingénieur soient irriguées par sa responsabilité, la vision qu’il porte de son rôle et de son impact. L’éthique n’est pas une discipline que l’on peut enseigner comme un théorème. Notre mission est donc de semer quelques graines et de sensibiliser, enfin surtout de pratiquer l’ouverture.

 

LES SIX ÉCOLES D’INGÉNIEURS DE GRENOBLE INP
Ense3
Ensimag
Esisar
Génie industriel
Pagora
Phelma
Et la Prépa intégrée des INP Grenoble, Toulouse, Nancy et Bordeaux (CCP)
http://www.grenoble-inp.fr/

 

A. D-F