Entre respect de l’identité architecturale des bâtiments conçus par Edouard Albert et ambition de fonder un campus aux normes du 21è siècle, le site de l’UPMC a achevé sa mue après 20 ans de travaux. Il a pris des airs de mini-ville avec ses espaces ouverts, aérés, végétalisés, ponctués d’œuvres d’art, traversés par des patios et des voies internes reliant les différentes zones et niveaux. Avec ces nouveaux espaces, l’UPMC suscite une nouvelle façon de vivre le campus. Par Ariane Despierres-Féry
Après la nécessaire opération de désamiantage engagée en 1996, la recomposition d’un site vieillot pour en faire un campus urbain, ouvert sur la ville et végétalisé a commencé en 2003. Le 29 septembre 2016, c’était l’inauguration officielle de ces travaux d’une envergure unique. Trois cabinets d’architecte se sont attelés à remodeler les bâtiments et les lieux de circulation et de vie, sans trahir l’esprit d’origine. La réhabilitation de la Tour Zamansky a été réalisée par Thierry van de Wyngaert, le cabinet Architecture-Studio s’est chargé du secteur Est, et Reichen et Robert & Associés du secteur Ouest.
Les architectes ont travaillé sur des alignements urbains, des séquences piétonnes paysagées. Ils ont initié des parcours permettant de circuler et de relier les différents niveaux et zones du campus.
Les façades historiques ont été conservées dans un style industriel, avec les mêmes proportions et motifs ; les poteaux apparents et le système de pilotis sous le premier étage ont été préservés. Les bâtiments ont adopté les dernières normes environnementales, thermiques, d’isolation…
Des œuvres d’art enrichissent les espaces publics au niveau de la dalle. Le labyrinthe de François Stahly.
Des éléments métalliques en inox miroir forment des points de repères visuels indiquant l’entrée des amphithéâtres du campus.
Un emmarchement monumental ouvre le campus sur la rue des Fossés Saint Bernard. On y trouve aussi l’œuvre de Jean Arp, Le petit théâtre.
La cour sous laquelle se trouve le musée de minéralogie est couverte et permet de se tenir en extérieur tout en étant protégé.
Le parvis de la Tour Zamansky a été totalement rénové. Exit la pierre blanche éblouissante en été et battue par les vents en hiver. Bonjour l’aménagement paysager, les tapis végétaux, les ilots, les axes de circulation en réseau menant aux différents secteurs du campus. Les étudiants se sont approprié cet espace central où ils ne stationnaient pas précédemment.
Des rues paysagères en partie basse ont été créées. Deux axes de travail ont guidé la rénovation des patios : des espaces végétalisés accessibles (ils ne l’étaient pas auparavant) avec des arbres et plantes grimpantes en pleine terre ; amener de la lumière naturelle aux pièces encaissées en sous-sol.
Le défi esthétique est remporté malgré les nombreuses contraintes du site.
La mosaïque Arc en ciel d’André Beaudin a été conservée et valorisée au pied du Tipi.
Le Tipi a remplacé une rotonde circulaire qui abritait un centre de calculs. C’est un espace d’exposition en forme de cheminée. Il comprend réellement en sa partie centrale une gaine d’évacuation des rejets d’air des laboratoires qui entourent le patio. La lumière arrive vers ces espaces grâce à la transparence préservée entre les pilotis.
Une unique grande bibliothèque a été créée. Elle relie les deux patios. Elle comprend une partie surplombée d’une grande toiture lumineuse, dont les lumières s’allument progressivement pour prendre le relais de la lumière naturelle lorsque nécessaire. D’autres parties, l’alcôve et les box situés sous le manteau végétal, sont destinées au travail au calme.
Un auditorium de 500 places a été créé et enterré afin de préserver la transparence sur l’axe Est/Ouest. Ce lieu a vocation à permettre à l’UPMC d’accueillir des conférences internationales. Des bureaux réservés aux chercheurs internationaux en visite ont aussi été créés afin de contribuer à l’attractivité et au rayonnement de l’université scientifique.
L’entrée de l’auditorium se situe sous un patio couvert et l’emmarchement sur la dalle participe de l’acoustique de l’amphithéâtre.
Une des plus belles vues sur Paris est rarement accessible : pour cela il faut avoir la chance d’être invité au 24e étage de la Tour Zamansky.