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Ce que veut dire être un leader aujourd’hui

Un grand leader n’est pas une personne toute-puissante. Ce serait d’ailleurs extrêmement dangereux pour l’entreprise. Comme un entraîneur n’a pas à être plus fort que les athlètes, le leader n’a pas vocation à être plus fort que les hommes et les femmes qu’il dirige. En revanche, il doit savoir s’entourer des meilleurs et donc recruter plus fort que lui. – Par Loïck Roche Directeur général de GEM Président du Chapitre des écoles de management

 

Le leader est une verticalité

Garant de la mission, le leader performant, à partir de la connaissance qu’il acquiert de lui-même, est une verticalité. Il porte les valeurs de l’entreprise, développe une vision précise d’un futur stimulant, définit et implémente une stratégie pour que cette vision se réalise. C’est lui qui inspire, transforme les individus en équipiers dédiés à l’organisation par un leadership authentique, donne du sens, des signes de reconnaissance, de l’espoir. Comme les entreprises aujourd’hui, organisées autour d’équipes, autour de projets, ont un besoin croissant de leaders, comme les organisations sont trop souvent sur-managées et sous-dirigées, jamais les hommes et les femmes n’ont eu autant besoin de travailler avec et pour un leader, modèle vivant d’un but très précis qu’il leur communique chaque jour.

 

Être à la hauteur de l’histoire

Pour le leader performant, le “ qui je suis “, mais aussi le “ pourquoi j’agis comme je le fais dans ma vie “, et la “ trace que je veux laisser dans mon entreprise et sur le monde “, apparaissent toujours de facon extrêmement claire. Ce que je veux dire par-là, c’est que si le leader ne faisait que travailler à la performance de l’organisation, à sa pérennité, il ferait sans doute quelque chose d’extrêmement utile mais il passerait à côté de l’essentiel. Comme un enseignant n’est rien s’il n’en saigne pas, un leader n’est rien s’il ne se fait pas le premier serviteur des hommes et des femmes avec qui il travaille, de l’organisation qu’il dirige, du devenir de la société dont il est co-responsable. Le leader doit vivre en congruence avec son temps. Pour être tout à fait clair, il ne peut s’abstraire de la réalité qui est la nôtre. Une entreprise ne peut pas vivre en vase clôt. Faire comme si… Faire comme si l’environnement – ce qui se passe, aujourd’hui le terrorisme, l’affirmation que les démocraties sont menacées et même en guerre… – n’existait pas.

 

L’amour de la liberté entrepreneuriale et humaine

Le leader performant, pour répondre à ces impératifs, doit se montrer à la hauteur de l’histoire. À sa manière, il doit participer à faire que le monde ne se défasse pas. Le leader performant ne doit donc plus seulement ambitionner de faire gagner son entreprise, il doit – par son action auprès des hommes et des femmes qu’il dirige, par sa capacité à passer du temps avec eux, par sa capacité à faire exemple, à les inclure dans une histoire qui les englobe et les dépasse – opérer des changements qui doivent leur permettre, au-delà de leurs qualités, expertises et performances professionnelles, de travailler à quelque chose de plus grand encore : participer à améliorer le bienêtre des hommes et des femmes et donc, contribuer au progrès de la société. Investi désormais d’une responsabilité qui le transcende et participe au monde commun, le leader aujourd’hui, sans rien lâcher des principes de réalité qui guident la performance de l’entreprise, porte jusqu’à l’étouffement une incandescence, une générosité : l’amour de la liberté entrepreneuriale et humaine.

 

loick.roche@grenoble-em.com