le grand entretien : Bernard Belletante, directeur de Kedge Business School
Pour la première rentrée de Kedge Business School, son directeur Bernard Belletante nous a présenté sa feuille de route déjà bien engagée : faire du groupe un acteur significatif du paysage européen et mondial axé vers la création de nouveaux business. Innovant, créateur, connecté, international, responsable, tel sera le diplômé de Kedge Business School.
Trois mots incarnent la stratégie du groupe et votre ambition pour ses étudiants
1.create
L’école se positionne comme étant une structure de développement et de création de nouveaux business. Nous sommes convaincus que les entreprises, où qu’elles soient dans le monde, auront besoin de collaborateurs au comportement de créateurs d’affaires et nouveaux modèles, organisations ou produits ; et les économies de créateurs d’entreprises.
Quelle pédagogie déployez-vous pour réaliser ce premier objectif ?
Nous avons créé une nouvelle pédagogie qui vise à développer des talents innovants et créateurs. Cette pédagogie de rupture est fondée sur l’action learning et les technologies numériques. 10 à 15 % des cours sont suivis à distance pour l’acquisition des connaissances. Cela permet de libérer le temps en présentiel pour travailler sur les projets en groupe, être dans l’action, l’application.
Quelle posture suscite cette pédagogie chez l’étudiant ?
Il se comporte tel un compagnon du tour de France, se déplaçant dans le monde pour acquérir des expertises, produire une « oeuvre ». Il arrive sur le marché de l’emploi plus simplement avec un diplôme, mais avec la capacité à montrer ce qu’il a déjà réalisé. Nous avons aussi monté une business nursery pour accompagner les élèves porteurs de projets jusqu’à l’incubateur, conçue pour manager la gestation du projet avant son lancement. Nous avons mobilisé des business angels à Bordeaux et à Marseille.
Cela change-t-il aussi la posture des enseignants ?
Nous avons trois profils d’enseignants complémentaires. Les premiers sont calés e digital et gèrent les cours à distance. Des enseignants- chercheurs transmettent leur expertise en face-à-face, donnent du sens, approfondissent, mettent en perspective. Et des enseignants mentors accompagnent les élèves dans leur développement, leurs projets, dans l’action learning.
Create concerne aussi l’effort en matière de recherche…
Plus que de doubler notre budget recherche, l’objectif est l’excellence. Sur les 180 professeurs du groupe, nous en avons 35 en marketing, 20 en supply chain management. Nous avons atteint une critique mondiale dans ces domaines. Notre métier de produire de la recherche appliquée à l’entreprise. Nous capitalisons bien sûr sur nos expertises territoriales en vin et luxe à Bordeaux et maritime à Marseille.
2. share
Quelle est l’ambition internationale derrière ce mot ?
L’idée est de partager sur une planète connectée. Nous proposons à nos étudiants de s’étendre dans le monde via un système de pop-up campus éphémères. Ils travaillent en groupes durant 6 semaines sur un projet réel confié par une entreprise ; d’abord sur un campus éphémère dans l’entreprise, à distance puis nous ré-ouvrons le campus. Nous sommes dans une logique de flexibilité et d’immersion. Notre stratégie internationale s’appuie aussi sur trois marques mondialement reconnues : Provence, Bordeaux et Paris (où nous aurons en 2014 un site dédié aux internationaux).
3. care
Quel est son sens ?
Il témoigne d’un engagement des deux écoles mariées que nous perpétuons car il est au coeur de nos valeurs et de notre ambition. Nous formons de futurs décideurs pas uniquement performants par leurs résultats, notamment financiers ; mais aussi par leur capacité à maîtriser l’impact de leurs décisions sur la société. Kedge entend être une des meilleures écoles mondiales dans la connaissance et la pratique de la RSE. Elle irrigue tous les cours dans une perspective éthique et de long terme. Nous avons ouvert un wellness center, car une école est aussi responsable du bien être et de l’épanouissement de ses étudiants. Il s’occupe de questions de santé, des addictions, de problématiques de solitude, de relations aux autres, de détresse. L’école abonde par ailleurs 1 million d’euros pour des bourses sociales. Durant son cursus, chacun de nos élèves aura eu un parcours sociétal, l’occasion de démontrer sa capacité à donner à la société, prendre conscience qu’il est privilégié, de découvrir la réalité du monde. Tout ne passe pas par l’intellectuel, le livre et le diplôme ; ils doivent aussi explorer la logique émotionnelle.
Comment se déroule la première rentrée de Kedge ?
La promo entrante a été recrutée sur concours unique, 550 places pour les élèves issus de CPGE, qui ont totale liberté de choix de leur campus. Le modèle pédagogique est unifié pour la 1ère année et le sera pour le M1 en 2014 et le M2 en 2015. L’attractivité de Kedge se lit dans le taux de transformation entre les admissibles inscrits à l’oral et ceux qui se présentent : nous sommes passés de 85 à 95 % ! Nos élèves ont été exceptionnels durant les oraux, ils se sont déplacés de Marseille à Bordeaux pour accueillir les candidats, portant haut les couleurs de Kedge ! Les spécialisations des deux campus sont ouvertes aux étudiants qui étaient déjà à BEM ou Euromed. Nous avons mis en commun nos 300 partenariats internationaux, qui vont aussi susciter une nouvelle mobilité. Tous nos outils sont communs : bibliothèque électronique, campus numérique, plateforme numérique Kedge Talent. Nos professeurs enseignent sur les deux campus et iront aussi à Paris à partir de 2014. Les étudiants ont d’euxmêmes créé des associations communes, ils sont très moteurs et ont vraiment intégrés Kedge. Il y a déjà 3 000 « amis » sur notre page Facebook ! Les anciens préparent leur rapprochement. Je suis impressionné par l’engagement de la communauté.
www.kedgebs.com
Les rêves de Bernard Belletante pour Kedge Business School
Qu’elle soit une institution de référence dans le monde dans ses domaines de la supply chain, du marketing, des achats, du management. Nous aurons alors installé en France un groupe mondial, qui irriguera sa capacité à produire de la matière grise. Mon rêve est une ambition qui mobilise déjà toute l’équipe. Acteur significatif du paysage français, nous savons que nous pouvons aussi l’être dans le monde. Nous connaissons les points de passage pour l’atteindre, le projet est engagé ! pour ses étudiants Qu’ils acquièrent à Kedge un capital d’employabilité sur la planète tout au long de leur vie !
Son coup de gueule contre les conditions de préparation de la loi ESR
Les grandes écoles diplôment 40 % des grades master en France. Or, on ne nous laissait pas parler pendant les assises de préparation de la loi sur l’ESR. C’est dangereux et entretient la dualité universités/ écoles, tandis que la loi re centralise avec une tutelle forte d’un ministère qui ignore les entreprises et l’international. On nous a considéré tels des pestiférés, surtout les écoles de management. Notre qualité est reconnue dans le monde mais pas dans notre propre pays. Seulement 1 % des business school ont la triple accréditation dans le monde : soit 62 sur 6 200, dont 12 françaises (dont Kedge) !
Quelle place veut-on nous donner en France ?
A. D-F