UN ETUDIANT HORS DU COMMUN : Louis Segré – 22 ans Centrale Nantes

Deuxième d’une famille de quatre enfants, né à Dinard, actuellement en troisième année à Centrale Nantes, Louis est un passionné de navigation.

Louis Segré

 

Comment est-il tombé dans la marmite ?
« Par hasard. Mes parents ne sont pas du tout marins », dit-il avec un sourire. Quand il est arrivé à la Rochelle, il avait 7 ou 8 ans, guère plus. Il tente le rugby, n’aime pas ça, et se retrouve à faire de la voile lors d’un stage d’été, puis à s’inscrire en école, dans la catégorie loisirs. En six mois seulement, pourtant, il passe en compétition, chose très rare dans ce milieu. S’ensuivent sept ans en sport études, au collège et au lycée, avec plusieurs entraînements par semaine et des horaires aménagés. Bref, il est passionné. Pas très travailleur de nature, il est pourtant obligé de s’y mettre lorsque, après avoir intégré un IUT en sciences et génie des matériaux à Nantes, il apprend que sa formation lui permet d’entrer en école d’ingénieurs. « Je me suis dit : mets un peu le frein sur la navigation. J’ai tout sacrifié pour mes études, sachant que jusque là je n’avais pas trop travaillé. » Et ça marche ! Il est admis à Centrale Nantes, après avoir passé deux ans sans naviguer.

L’heure est à présent aux grands projets. « Ça faisait pas mal de temps que je voulais faire la course Transat 6.50. » Il convainc ses parents et son école d’aménager ses études pour organiser la course, et emprunte 47 000 € pour financer l’achat du bateau. « En février j’ai pu acheter le bateau. Je me suis dit, c’est bon, c’est parti. Dans deux ans, tu traverses l’Atlantique. » De février 2011 à avril 2012 Louis s’est entraîné, a préparé son bateau et en avril, il a fait sa première course en solitaire, pendant quatre jours complets. « J’étais un peu anxieux parce que c’est très spartiate et tu es tout seul. La question c’était : est-ce que je vais me plaire tout seul en course ? Il y en a beaucoup qui se rendent compte qu’ils n’aiment pas ça. Ca a été la bonne surprise malgré le peu d’entraînement. »
En avril, il participe au parcours de qualification. « Sur le retour le vent a été beaucoup plus fort que prévu avec des rafales à 50 nœuds. Le 4 avril à 16h, je me suis fait prendre par une vague bien plus forte que les autres. Le bateau a fait un tour complet et quand il s’est remis droit, il n’y avait plus de mât. Tout avait volé à l’intérieur, moi y compris, et le bateau s’était un peu rempli d’eau. » Le bateau n’a malheureusement pas pu être réparé. Louis attend désormais de savoir si l’assurance pourra le dédommager.

 

Les valeurs qui lui sont chères
« En premier lieu, je positionnerai la combativité. J’aime pouvoir regarder le cheminement qui m’a permis d’obtenir quelque chose et me dire que ce n’est pas tombé du ciel. J’aime avoir à me battre pour obtenir ce que je cherche.
Ensuite je choisirai la liberté. Je suis un passionné de nature et de grands espaces, j’aime être le seul à pouvoir fixer les limites à mes déplacements, agissements, pensées… c’est peut-être pour cela que j’ai choisi la mer comme terrain de jeux. Je me vois mal enfermé derrière un bureau à longueur de temps, dans une grande ville trop oppressante.
Pour finir dans le relationnel, je choisis l’humilité et l’honnêteté. Il est pour moi primordial de pouvoir discuter en toute franchise avec quelqu’un d’égal à égal. Je n’aime pas être pris de haut et surtout, j’espère que je ne prends pas les gens de haut. J’aime également que les choses soient dites et que les paroles soient liées aux actes. »

 

Son projet professionnel :
« Il est complètement en lien avec la navigation même s’il n’est pas vraiment défini. Mon objectif c’est de continuer à naviguer donc soit je trouve des sponsors qui me permettent d’être skipper professionnel, soit je travaille dans la conception de bateau, l’architecture navale, etc. »

Ce que son entourage dit de lui :
« On me dit assez souvent que j’ai réussi à bien m’en sortir : ma scolarité au collège et au lycée était loin d’être brillante à cause des entraînements. J’ai eu la chance de trouver un chemin pour arriver à Centrale. »


Ses loisirs :
« J’ai d’autres loisirs que la navigation. J’ai toujours été sportif. J’aime bien tout ce qui est randonnée, course à pied, escalade. Et puis je me suis mis à lire et j’ai bien accroché avec Jean Giono, Bernard Clavel. »

Dans dix ans ?

« J’aimerais être sur un bateau, ou faire un tour du monde en voile. »

 

Claire Bouleau
Twitter @ClaireBouleau