Transition écologique : bien sûr mais pour quel modèle de société ?

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Il ne se passe pas un jour sans que des articles dans les médias évoquent les nombreuses initiatives en matière de transition écologique. On constate ainsi une véritable prise de conscience citoyenne de la nécessité de changer nos modes de vie et de production. Selon une étude de l’ADEME réalisée en 2022, 78 % des Français exprimaient le souhait de voir une transformation de la société. Une autre étude menée conjointement par l’ADEME et Greenflex souligne que 93 % des personnes interrogées aspirent à un changement de modèle économique qui repose actuellement sur une société consumériste.

Un régime de transition mais peut-on vraiment se projeter dans un futur incertain ?

La transition écologique ne doit pas faire oublier qu’elle n’est qu’un régime transitoire pour aller vers un point d’arrivée. Si on reprend la définition du Larousse, la transition est définie comme « État, degré intermédiaire, passage progressif entre deux états, deux situations ». Le Robert donne la définition suivante : « Passage d’un état à un autre, en général lent et graduel, état intermédiaire ». Le concept de transition répond donc bien aux défis auxquels nous sommes confrontés et induit une évolution profonde de nos modèles qui prend du temps et qui s’inscrit sur le long terme.

Il faut donc être capable de projeter une vision du modèle de société que nous souhaitons à long terme. Par exemple, la neutralité carbone est le meilleur exemple avec un objectif fixé à 2050 ! L’exercice de prospective se révèle donc difficile car la transition écologique suppose de pouvoir décider maintenant de politiques structurelles (agriculture, transport, énergie, enseignement, etc.) qui ne porteront leurs fruits que dans plusieurs années. Par exemple, il existe un débat sur la place du nucléaire en France via l’entretien des centrales actuelles et des investissements dans les nouvelles centrales de type EPR 2. Le nucléaire est la première source de production d’électricité en France et provient de 56 réacteurs. Or, si l’on veut une généralisation à grande échelle des véhicules électriques à court terme, le nucléaire apparait comme l’un des secteurs à privilégier en termes d’investissement. Néanmoins, on peut constater que les réactions sont très contrastées au travers du succès de la BD de Jean-Marc Jancovici qui dans la seconde partie évoque la place du nucléaire dans le mix énergétique.

Un raisonnement encore très (trop) binaire : décroissance vs techno-solutionnisme ?

Définir précisément le modèle de société auquel nous voulons arriver est d’autant plus important que nous devons raisonner avec des ressources limitées. Elles ont fait l’objet d’études scientifiques et sont bien identifiées. Sur les 9 limites planétaires, 6 ont déjà été atteintes…

Nous avons dans le débat public une rhétorique consistant à expliciter plus facilement les modèles extrêmes : soit changer complètement nos modèles de production et de consommation – quitte à aller même dans un modèle de décroissance -, soit ne rien changer et faire confiance aux innovations et aux technologies pour maintenir notre modèle de société actuel. Or, la solution sera sans doute entre ces deux modèles mais elle sera forcément plus complexe à élaborer, et ce rien qu’en raisonnant à un niveau national. D’abord, car cela suppose de faire des choix forts et très engageants (Bruno Lemaire déclarait qu’il faut 60 à 70 milliards d’euros pour financer la transition écologique) avec une incertitude quant aux impacts recherchés (on favorise les véhicules électriques mais saura-t-on vraiment bien recycler les batteries ?). Ensuite, car cela mettra en exergue une dissonance cognitive entre ce que les individus déclarent et ce qu’ils sont réellement prêts à faire (par exemple je suis favorable pour un retraitement des déchets mais sans augmentation des taxes, etc.). Enfin, toujours selon l’ADEME, 48 % des Français considèrent que l’Etat est l’acteur le plus efficace pour répondre aux défis du changement climatique. Cela suppose une approche plus « directive » de l’Etat avec le fait de prendre des mesures parfois impopulaires pouvant impacter négativement la carrière individuelle des politiques en place, et ce à tous les niveaux (des collectivités au gouvernement).

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L’auteur est Sébastien Tran, Directeur Général d’Audencia

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