Quelles compétences pour conduire et réussir la transformation digitale ? Le sujet est au coeur des comités de direction de la plupart des organisations car les besoins sont vastes et les compétences encore trop rares.
900 000 emplois en Europe à l’horizon 2020
C’est ainsi que la Commission Européenne annonce à l’horizon 2020, 900 000 emplois à pourvoir dans le numérique en Europe ! Il faut dire que tous les secteurs d’activités sont concernés ; tous les métiers également. Et loin de représenter une problématique bien posée une fois pour toute, les enjeux s’enchainent, s’additionnent voire s’enchevêtrent. A ceux de la mobilité et des objets connectés, s’ajoutent ceux relatifs au traitement massif des données (Big Data), de l’impression 3D et bientôt de l’intelligence artificielle et de la robotique généralisée. L’agilité, qualité indispensable pour l’adaptation rapide des organisations, devient une composante essentielle qui remet en question tous les fonctionnements classiques fondés sur des circuits longs dans les processus de travail et de décision. Si Darwin soulignait que « les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements », il en est de même pour les organisations. Face à ces questions, les associations professionnelles comme Syntec Numérique, Pasc@line, CIGREF, produisent des rapports qui soulignent tous l’impératif du développement soutenu de la culture numérique au sein des équipes, des entreprises.
Le DSI aux manettes
Développer la culture numérique, recruter des talents apportant de nouvelles compétences mais aussi promouvoir le e-leadership au sein des dirigeants, tels sont les axes de travail sur lesquels doivent se focaliser les entreprises, les comités de direction et notamment le DSI dont le rôle évolue prodigieusement rapidement. Car il ne s’agit plus pour lui de mettre en oeuvre des solutions techniques afin d’automatiser des processus et tâches mais bien d’être au coeur de la transformation digitale en prenant en compte les parties prenantes (clients, fournisseurs, actionnaires, régulateurs, etc.). Dans ces conditions le CIGREF définit le rôle du DSI « comme une aptitude à mobiliser les ressources numériques, en combinaison avec d’autres ressources et compétences. Il est au coeur de la convergence entre le SI et les enjeux stratégiques et opérationnels des métiers ». Il s’agit d’un mouton à cinq pattes dont les compétences allient technologies, compréhension stratégique et connaissance des métiers. Un besoin de vision à la fois globalisante et pointue qui n’est pas si fréquente et il n’est pas improbable de voir ces DSI de la transformation digitale émerger de ces filières double-diplômantes ingénieurs- managers qui ont fleuri depuis une dizaine d’années sur les campus grandes écoles.
Un maître mot : la transversalité
En effet, il n’a jamais été aussi nécessaire de rapprocher le management, la technologie et même la communication et le design, tant ces dimensions sont toutes à l’oeuvre dans les processus de transformation digitale. C’est ce que nous faisons au Pôle Léonard de Vinci en rapprochant sans cesse nos étudiants des différentes filières (ingénieure, management, communication, design) sur des projets transverses afin qu’ils acquièrent “ nativement “ une vision à large spectre. C’est dans ces conditions que l’on peut transmettre les sensibilités aux modèles d’affaires, à l’importance de repenser les organisations, au rôle des alliances, à l’importance de la maîtrise des nouveaux risques liés au numérique tout en valorisant les data, etc… pour ne reprendre que quelques enjeux relevés par le CIGREF pour accomplir une transformation digitale réussie.
Les enjeux sont là. Clairs et enthousiasmants car contribuer à des transformations profondes est gratifiant. Il s’agit de concourir un peu à changer le monde…
Par PASCAL BROUAYE,
Président du Groupe Léonard de Vinci