Créée (entre autres) par le prix Nobel de Physique Georges Charpak pour améliorer la qualité de l’enseignement des sciences, la fondation « La main à la pâte » multiplie les initiatives d’envergure et recrute pour lui prêter main forte des étudiants en sciences qui s’enrichissent au passage d’une belle expérience pédagogique.
Créée en 1996 par la prix Nobel de physique Georges Charpak et ses compères de l’Académie des Sciences Pierre Léna et Yves Quéré (directeur des études de Polytechnique), l’association « La main à la pâte » aurait pu être de ces belles idées qui ronronnent dans les salons sans jamais atteindre ni le public ni les idéaux visés au départ. Eh bien, pas du tout. Portée par une équipe de passionnés compétents, l’association, devenue fondation, multiplie ses actions en faveur de l’enseignement de la science sur tout le territoire et même, à l’étranger.
« Conserver l’esprit pionnier »
« Nous prenons soin d’entretenir l’esprit pionnier et la dynamique des origines, explique David Jasmin, l’actuel président de la fondation. Faire travailler les élèves sur la nature avec cette curiosité et cette exaltation qui animent le chercheur, tel est notre but. Dans le primaire, mais aussi les collèges où nos interventions sont décloisonnées. On n’y parle plus de mathématiques, technologie ou biologie, mais d’approche scientifique globale, en nous appuyant chaque fois sur au moins trois professeurs de l’établissement enseignant des matières différentes et qui œuvrent là en commun ». A cette équipe issue du cru (plus de 2 500 enseignants impliqués), viennent donc s’ajouter les étudiants en science volontaires qui interviennent dans les classes (voir encadré à droite).
Des « Maisons pour la science »
Face à l’énorme succès rencontré, « La main à la pâte » a décidé l’an dernier d’ouvrir des structures d’accueil pour former en continu les professeurs eux-mêmes à cette approche globale. Trois Maisons pour la Science ont déjà ouvert leurs portes dans des universités régionales ainsi qu’un centre de 250m² au sein de la fondation où sont organisées chaque année 80 formations de 2 jours. Sessions assurées par des enseignants de haut niveau et, pour moitié, par des praticiens : ingénieurs, chercheurs, etc. Sans oublier les formations à distance ni la hotline mise en place sur internet.Pétrie par tant de mains attentionnées, la pâte ne cesse donc de lever et devrait avoir pris, pour ses 20 ans, l’apparence d’un superbe gâteau !
Engagez-vous !…
Dès son démarrage en 1996, « la main à la pâte » avait prévu de faire intervenir dans les écoles des étudiants en sciences d’un niveau au moins égal à Bac + 3. Ne concernant au départ qu’une poignée de polytechniciens qui accomplissaient ainsi leur service dans le civil, l’Astep (Accompagnement en Sciences et Technologie à l’Ecole Primaire) délègue aujourd’hui chaque année plus de 1500 étudiants à raison de 7 demi-journées chacun. Les Mines, l’ENS, Paris VI et VII… en tout une cinquantaine d’établissements qui, pour certains, développent leur propre projet pédagogique. « C’est très enrichissant pour nous de passer de l’autre côté, explique Damien (Mines, Nantes), on découvre l’art de la pédagogie, l’adaptation du discours, le dosage de la vulgarisation et puis on ne nous lâche pas comme ça, on est formés pour arriver un peu outillés et conseillés en permanence ». Un engagement citoyen bénévole qui rapporte à tous ces passionnés de sciences un enrichissement personnel évident, mais aussi… quelques crédits supplémentaires sur leur feuille de notes !
J.B.