[Rentrée 2018] Comment le Plan Etudiant va-t-il concrètement impacter votre première année à l’université ? Gilles Roussel, président de la Conférence des Présidents d’Universités (CPU) et président de l’Université Paris-Est-Marne-La-Vallée vous dit tout.
Le contrat de réussite pédagogique : quèsaco ?
Il s’agit d’un document établi par l’étudiant et son établissement au moment des inscriptions pédagogiques. Il détermine le parcours qui sera engagé (options, cursus spécialisé…) et rappelle les différents modules qui devront être suivis et validés au cours de l’année. Ses objectifs : prendre en compte les particularités de chacun, mieux individualiser les parcours et donc optimiser la réussite des étudiants à l’université.
Un outil qui va donc dans le sens d’une licence personnalisée et modulable ?
Ce dispositif permet en effet de modéliser les formations en fonction des cursus, des besoins et des capacités de chacun. A terme, on pourra ainsi par exemple réaliser sa licence en 2, 3 ou 4 ans.
Cela va de pair avec le renforcement du tutorat ?
C’est effectivement l’objet des parcours « oui si » (ndlr : si vous recevez la réponse « oui si » à votre demande sur ParcourSup, vous êtes accepté à condition de suivre un parcours aménagé). Cet accompagnement personnalisé doit être renforcé et pourra prendre plusieurs formes : travaux en petits groupes, tutorat assuré par des étudiants, des professeurs ou des professionnels extérieurs…
Qu’en est-il du contrôle continu : la réforme sonne-t-elle le glas des partiels ?
De plus en plus d’universités mettent en place des dispositifs de contrôle continu en première et en seconde année de licence afin d’optimiser la réussite de leurs étudiants. Cela permet en effet de mieux appréhender leur progression individuelle, d’assurer un meilleur suivi et de mieux prévenir le décrochage.
Cela ouvre-t-il les portes à d’autres formes de pédagogie ?
Heureusement, les universités n’ont pas attendu la réforme pour mettre en place le e-learning ! Grâce à ce nouveau texte, leurs dispositifs de pédagogie en distanciel et autres modalités d’enseignement sont enfin pris en compte dans les 1 500 h de formation nécessaires pour valider sa licence.
2018 verra aussi la suppression de la sécurité sociale étudiante et l’avènement de la CVEC, une contribution forfaitaire déjà décriée. Quel est l’intérêt de ce nouveau système ?
La réforme rattache les nouveaux étudiants au régime général de la Sécurité Sociale et supprime de facto la cotisation de 217 €. En contrepartie, ils s’acquitteront de la Contribution de Vie Etudiante et de Campus (CVEC) d’un montant de 90 €. Une contribution destinée à développer des services de la vie étudiante (sport, santé, prévention…), des sujets dont la mise en place est parfois difficile au regard des moyens actuels des universités. Cette cotisation devrait nous donner plus de moyens pour alimenter des budgets fléchés vers ces dimensions. En parallèle, les frais d’inscription devraient baisser (120 € en moyenne en première année). De leur côté, les universités devront apprendre à gérer ces nouveaux flux financiers. En effet, alors que la cotisation Sécurité Sociale était directement versée à l’établissement lors de l’inscription, la CVEC sera collectée par le Crous qui la redistribuera ensuite aux universités.
On prévoit l’arrivée de 65 000 étudiants supplémentaires à la rentrée 2018 dont 15 000 nouveaux entrants à l’université (soit + 5.5 %). Comment absorber ces flux alors que les amphis sont déjà surchargés dans beaucoup d’universités ?
Pour faire face au pic démographique que nous traversons, les universités ont déjà mis en place cette année des dispositifs pour accueillir un plus grand nombre d’étudiants : optimisation des infrastructures existantes, sites délocalisés (en STAPS ou médecine par exemple), dédoublement des amphis, travaux en groupes… Mais si on pousse les murs d’année en année, on est arrivés au bout du système. D’autant que cette augmentation des flux ne se limite pas à la première année.