Réinventer l’orientation post-bac : une urgence, des solutions – Par Thierry Debarnot – Cofondateur de digiSchool

En octobre 2016, l’Onisep recensait 11 858 établissements d’enseignement supérieur, 95 083 formations possibles, 12 179 diplômes. À eux seuls, ces chiffres donnent une bonne idée de l’angoisse qui étreint les jeunes et leur famille au moment de formuler leurs vœux sur le service Admission Post-Bac (APB), système lui-même froid et anxiogène.

 

En raison de l’inadaptation croissante des outils d’information, face à la richesse et la diversité de l’offre, le processus d’orientation est devenu un cheminement pénible et obscur. C’est une corvée que l’on n’aborde qu’à reculons ou au dernier moment, alors qu’il constitue un choix fondamental pour le jeune, puisqu’il va décider d’une grande part de son avenir, mais aussi pour le pays tout entier, puisqu’il détermine ses compétences futures. Combien d’années, d’énergie, de ressources gaspillées en raison de mauvais choix initiaux ? Combien de filières inutilement surchargées et d’amphis lamentablement vides ? Combien de déceptions, de désillusions, de frustrations, d’échecs ? Pour en finir avec ce gâchis, il est plus que temps de réinventer l’orientation en s’appuyant pour cela sur trois piliers : l’expérience, les données et le conseil.

 

Pour l’adolescent, l’orientation est un pensum qui vient s’ajouter à un agenda déjà bien rempli. La première des choses est donc de la rendre appétante et de lui donner envie de s’y intéresser autrement que par des discours moralisateurs. Et pour cela, il faut commencer par lui proposer des outils de découverte et d’information à la hauteur de ce qu’il connaît et apprécie : modernes, ludiques, interactifs, qu’il puisse utiliser sur son mobile et à sa guise. De cette façon, le parcours d’orientation va s’inscrire dans son quotidien et devenir, sinon un plaisir, du moins une démarche sympathique. À travers une expérience engageante et responsabilisante, on va amener le jeune à ne plus subir son orientation mais à s’en emparer, à passer de la mauvaise volonté pour certains à la curiosité et de la curiosité à la motivation.

 

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Cette expérience sera d’autant plus riche et pertinente qu’elle s’appuiera sur les données. Les ados s’estiment souvent seuls et incompris, mais ce n’est évidemment pas le cas. Chaque année, ils sont des milliers à se poser les mêmes questions, à avoir les mêmes aspirations et à trouver des réponses qui leur conviennent. La consolidation et l’analyse de ces données (anonymes) peut permettre de dégager des pistes, des suggestions correspondant au profil et aux envies de chacun. Les algorithmes actuels sont capables de croiser d’innombrables paramètres – secteur, métier, filière, géographie… – pour formuler des propositions personnalisées. Puis, à mesure que le jeune précise son projet, le même système peut lui faire parvenir des informations ciblées qui vont le maintenir en veille et en réflexion actives. Une bonne orientation est souvent le fruit d’une longue maturation et un tel flux régulier d’information peut y contribuer de façon déterminante sans être pesant ou envahissant, un peu à la manière d’un programme d’entraînement sportif, progressif et sur mesure.

 

Malgré l’apport essentiel de la technologie, le processus d’orientation ne saurait toutefois être entièrement déshumanisé. Un coach/conseiller rassure, motive, propose, répond aux interrogations comme jamais ne le pourraient la machine ou même des échanges électroniques. Mais l’étape digitale en amont reste fondamentale car elle permet au jeune d’ébaucher son projet. Il ne se présente pas à l’entretien démuni, démotivé et récalcitrant mais avec des questions et des idées (fussent-elles fausses !) qui permettent de tirer pleinement parti de la durée de l’échange. Professionnel averti, le coach peut lui présenter les formations possibles et l’aider à affiner son projet. Il est par ailleurs essentiel que ce conseiller d’orientation soit d’une neutralité absolue, sans idées préconçues sur telle ou telle filière, sans conflit d’intérêt ni biais d’aucune sorte… Il doit être entièrement dévoué au service du jeune et de sa famille. Et, si possible, gratuit, car une bonne orientation ne devrait pas être une question d’argent. Tout le monde a trop à y gagner.