Par sa formation vaste et transverse, l’ingénieur se doit d’être un acteur important dans cette transition. Que ce soit en distillant les bonnes pratiques dans son entreprise, en intégrant ces nouveaux paradigmes directement dans sa fonction ou même en imaginant son propre métier : l’ingénieur(e) a une place et un rôle à jouer.
Tous les ingrédients pour une vraie transition
“Transition énergétique”, “croissance verte” et même “métiers verts”… De simples concepts ou des réalités ?
On peut être tenté par le scepticisme, et pour cause ; on nous a souvent vendu trop tôt des révolutions pas tout à fait mûres. Pour la sauvegarde de notre environnement, on nous a déjà proposé des solutions qui peinent à devenir instinctives et souffrent même parfois d’un regain de méfiance. Prenons le tri sélectif : évident et sans réel détracteur. Et pourtant, le concept de tri des déchets est encore loin de sa forme optimale alors que nous avons déjà des difficultés à le mettre en oeuvre au jour le jour ; sans parler des doutes qu’on a parfois en observant nos poubelles se faire ramasser… “mais, ils mélangent ce que j’ai trié, non ?”.
Difficulté d’appropriation du concept. Scepticisme. Méfiance. Alors, pourquoi serait-ce différent aujourd’hui ?
Simplement parce que cette fois, plus que des contraintes et des consignes à suivre, on nous promet… des économies tangibles. Les technologies sont là, les citoyens, les collectivités et les entreprises y voient enfin des avantages clairs et quantifiables, la législation accompagne et incite, et l’opinion publique a assez évolué pour que ces thèmes soient de réels arguments positifs pour l’image de marque des entreprises : la transition est bien en marche. Et les ingénieurs dans tout ça ?
L’ingénieur : entre simple considération et révolution
Les métiers occupés par les ingénieurs sont stimulés voire bouleversés par cette transition.
Prise en compte des contraintes environnementales
De nombreux métiers sont principalement impactés par une sensibilisation nécessaire de l’ingénieur. Prendre conscience de son impact individuel et collectif sur notre environnement direct ou lointain grâce aux notions de cycles vies, de développement durable… ce sont aujourd’hui des connaissances essentielles pour un ingénieur, au même titre que les sciences ou les langues.
Évolution des attributions
Certains métiers sont touchés plus profondément et requièrent des formations complémentaires. On demandera par exemple à un ingénieur dans le bâtiment d’avoir connaissance des nouvelles normes environnementales et de prendre du recul sur l’impact de ses choix, tant sur les matériaux, le vieillissement, la facilité de rénovation future, que sur les contraintes d’approvisionnement et donc l’énergie grise associée.
Révolution des métiers
D’autres métiers… n’existent simplement pas encore ou viennent d’apparaître autour de ces thèmes. C’est dans cette multitude de métiers qui naissent aujourd’hui que les compétences transverses, la capacité d’innovation et la vision large de l’ingénieur vont être décisives. Un responsable énergie pourrait ainsi prendre sa place dans chaque l’entreprise, tout comme un référent de la politique RSE ou encore un data scientist/ engineer pour analyser et comprendre les données de l’énergie.
Et ce n’est qu’un début. Tout reste à imaginer
À l’ESILV, nous pensons qu’en donnant à nos élèves ingénieurs une forte culture sur les domaines de la transition énergétique et en les associant à des notions précises sur les technologies, ils seront non seulement capables de s’adapter à ce marché mais ils pourront y créer et y imaginer leur propre métier. Car c’est bien ce qui attend ces futurs ingénieurs : prendre en compte la transition, la réaliser jour après jour mais aussi et surtout, imaginer le futur. Finalement, cette transition, cette croissance verte ressemble plus à une révolution de notre mode de fonctionnement collectif. Avec les ingénieurs comme acteurs majeurs des évolutions à venir, nous avons peut-être enfin trouvé les outils et le contexte qui nous permettent de mêler objectifs de croissance à court terme et besoin de pérennité.
Par Pierre Courbin,
Responsable du Département Nouvelles Énergies de l’ESILV – École Supérieure d’ingénieurs Léonard de Vinci à Paris-La Défense