Parce que gérer la diversité est sans conteste le plus grand challenge de l’entreprise d’aujourd’hui et de demain, l’enseignement supérieur se mobilise pour donner aux apprentis managers les clés pour y parvenir. Panorama de ses initiatives les plus innovantes.
Labelliser le handicap
Allier études, emploi et handicap implique évidemment de permettre à de jeunes handicapés de suivre des études mais aussi de former des managers aux questions de diversité. C’est pourquoi Grenoble Ecole de Management (GEM) a créé un «label handicap». « Intégrer la diversité en entreprise implique des décisions managériales, stratégiques et organisationnelles qui vont au-delà des obligations légales. GEM a donc mis en place avec succès en 2013 (38 étudiants inscrits) un certificat ‘‘Management & Handicap’’ unique en France. Un dispositif qui n’a pas pour but de créer des experts du handicap mais deformer des managers à cette question cruciale pour l’entreprise’», insiste Laetitia Czapski, Chargé du Programme Diversité à GEM.
L’enseigner
Le handicap est aussi au coeur de dispositifs pédagogiques comme à Audencia et Centrale Nantes qui proposent à leurs étudiants de travailler ensemble sur les enjeux de développement durable et de RSE dans les organisations via le parcours de Responsabilité Globale. Ce programme ouvert aux étudiants d’Audencia depuis quelques années a récompensé sur l’intégration sociale des enfants handicapés et malades. Dans la même optique, les concours inter-écoles (Défi H, Trophées Handi-Friends,…) sont des occasions privilégiées pour les étudiants de mettre leurs esprits novateurs au diapason du handicap.
Le vivre
Des étudiants font enfin le choix de mettre le handicap au coeur de leur quotidien. C’est le cas de Jonas Landman et Reda Agoumi, deux élèves de Polytechnique qui effectuent leur stage de formation humaine de 1ère année à la Fédéeh. « Nous voulions sortir du cadre traditionnel du stage en soutien scolaire et nous ouvrir au handicap. Nous développons au quotidien des produits inclusifs pour accompagner les jeunes handicapés dans la réalisation de leurs ambitions. Cette expérience ne fera pas de nous des experts du handicap mais c’est un vrai plus pour les managers que nous serons demain ». A l’ESSEC, on mise sur le tutorat des lycéens handicapés via le programme PHARES. « C’est un outil de formation à la citoyenneté et de développement des compétences de management et de leadership. Car le handicap ne s’apprend pas en amphi mais dans le vécu de la diversité », affirme Chantal Dardelet, Directrice exécutive de l’Institut de l’Innovation et de l’Entrepreneuriat Social de l’ESSEC et Responsable du Pôle Egalité des chances de l’Ecole, une adepte du learning by doing. Une conviction que partage Louis Raynaud de Lage, ancien tuteur PHARES et aujourd’hui coordinateur des tuteurs. « On est mis en situation de manager des personnes handicapées qu’on apprend à considérer avant tout pour leurs capacités. Cette expérience m’a changé et me motive pour mon projet de création d’une entreprise spécialisée dans l’insertion des personnes handicapées. »
La Conférence des Grandes Ecoles (CGE) mise sur l’effet réseau
Depuis 2008, la CGE s’engage dans une dynamique proactive autour du handicap. « Les écoles ne s’intéressent souvent à cette question qu’avec l’arrivée d’un étudiant handicapé. L’objectif de la CGE est d’agir plus en amont : en encourageant les lycéens handicapés à se lancer dans les études supérieures (via du tutorat et de l’accompagnement) et en mettant en place, dans les écoles, un réseau de correspondants échangeant leurs bonnes pratiques. » Si elle souhaite à terme conceptualiser un ‘‘label handicap’’, la CGE mise aujourd’hui sur l’effet réseau pour définir avec précision le rôle des référents handicap, les former et mettre à leur disposition les outils nécessaires aux études et à l’insertion professionnelle de ces jeunes. « Ce travail s’avère particulièrement efficace lorsque les entreprises y sont associées. Elles ont d’ailleurs un rôle central (financier notamment) à jouer pour faire passer nos actions à la vitessesupérieure. »
Le saviez-vous ?
2 millions de Français ont une reconnaissance administrative de leur handicap
mais seuls 700 000 ont un travail.
CW.