Le pro bono, c’est « l’engagement volontaire de ses compétences pour le bien public », selon la définition donnée par le Pro Bono Lab, association créée en janvier 2011 par deux étudiants d’HEC. Autrement dit, ce sont toutes ces actions de mécénat de compétence ou de bénévolat de compétence, c’est-à-dire des situations où des volontaires qui possèdent certaines compétences spécifiques décident de les mettre à profit d’autrui (généralement des associations), sans contrepartie financière.
La genèse de Pro Bono Lab
A l’origine de l’association Pro Bono Lab, deux étudiants d’HEC : Yoann Kassi-Vivier en 3ème année, fondateur et ancien président du club de boxe Fight Club HEC et Antoine Colonna d’Istria, en 2ème année de césure, en parallèle en Master 2 Affaires publiques à Sciences Po, ancien président du Gala HEC et du Festival d’Hiver. S’étant penché sur le thème du pro bono, « au départ on l’a envisagé comme un sujet de recherche (…) et très rapidement on s’est rendus compte qu’il y avait un manque d’initiative sur le sujet en France » explique Antoine. Les deux fondateurs décident donc de passer sérieusement à l’acte. Ils partent faire une étude de 6 mois aux Etats-Unis sur le pro bono auprès d’acteurs experts du sujet et réussissent à se faire financer par l’Oréal , la Société Générale, HEC et la mairie de Clichy. A leur retour, la machine est lancée, et un an plus tard, ils ne sont plus deux mais plus d’une trentaine à travailler au sein de Pro Bono Lab pour le développement du pro bono en France. « Pro Bono Lab se construit petit à petit mais toujours de façon cohérente » explique Lucile Paisant, étudiante à ESCP Europe, ancienne présidente de l’association humanitaire Fleur de Bitume et récente recrue de Pro Bono Lab. « La motivation d’Antoine et de Yoann s’étend rapidement quand on commence à leur parler. Ils donnent envie de s’investir dans le projet. »
Mettre en relations associations, entreprises et volontaires
Le coeur de métier de Pro Bono Lab ? « On permet à des professionnels de s’engager dans des actions de solidarité qui utilisent leurs compétences. (…) Concrètement on va comprendre le besoin d’une association qui est en demande de compétences, on formule des projets pro bono qui répondent à ce besoin, on recrute des salariés volontaires ou des bénévoles en fonction des profils dont on a besoin pour la mission, on les forme, ensuite on gère le projet et enfin on fait un bilan de projet » explique Yoann. « Le but c’est vraiment de convaincre les entreprises de s’engager » complète Antoine. Comment ? En mettant en évidence les 4 leviers de performance dont elles bénéficieront si elles incitent leurs salariés à s’impliquer dans des actions de pro bono :
- Un enjeu de ressources humaines : leur permettre de gérer les talents et les carrières, de développer les compétences et favoriser la cohésion au sein de l’entreprise
- Une meilleure image
- Une aide à l’innovation
- Un ancrage territorial renforcé, via la création de liens avec des associations locales
En résumé, comme le dit Lucile, Pro Bono Lab « c’est une action de construction d’une structure pour mettre en relation les différents intervenants du mécénat et du bénévolat de compétence ». Et si cette structure arrive au bon moment, c’est parce qu’en France, à l’heure actuelle, le mécénat de compétence est « balbutiant » selon le terme d’Antoine. « Aux Etats- Unis ça marche du tonnerre mais en France malgré l’application des process ça marche moins bien » remarque Lucile « Les entreprises s’y intéressent mais n’ont pas les ressorts culturels ou humains pour s’y engager ». L’intérêt des entreprises pour le pro bono existe donc, mais c’est l’efficacité de leur approche qui laisse encore à désirer « La prise d e conscience est en train de s’opérer et maintenant il faut la prise en main » résume Antoine. « On est interpellés par les acteurs du social et par les spécialistes qui commencent à nous connaître et à s’intéresser à ce qu’on fait ».
2012, année pilote
Aujourd’hui, avec tout juste un an d’existence et des mois de préparation théorique, Pro Bono Lab amorce la phase pratique. L’association a commencé à mener des actions de conseil en pro bono et des diagnostics gratuits pour des associations (la Mission Locale de Clichy, Bicycl’aide, le Pacte Civique…). En parallèle, d’autres projets sont prévus : la création avec le soutien de la Fondation Orange de la Civisphère, un logiciel open source de gestion de projet, qui facilitera l’organisation des missions de pro bono pour tous. Et également une journée de « marathon » en juin à HEC, qui offrira aux élèves différentes formations accélérées au pro bono, avec l’idée, comme l’explique Antoine, de ne pas se contenter de les sensibiliser mais déjà, de les former et de les mettre en relation avec des associations. « L’année 2012 va être notre année pilote ! » s’exclame-t-il pour conclure.
Claire Bouleau
Plus d’infos sur :
http://www.pro-bono.fr/