« Numérique et féminin », deux mots qui semblent antinomiques si l’on en croit les statistiques et deux mots qui se corrèlent très bien si l’on en croit les femmes qui travaillent dans le numérique ! – Par Renaud Cornu-Emieux, Titulaire de la Chaire « Talents de la transformation digitale », Grenoble Ecole de Management
Etat des lieux
Dans les écoles ou filières de l’enseignement supérieur consacrées au numérique, seulement 15 % des étudiants sont des filles alors que 48 % des bacheliers de la filière S sont des bachelières ! Un enjeu du secteur est d’attirer des talents. Au niveau européen, un poste sur trois n’est pas pourvu (IDC) et en France, 29 % des postes d’ingénieurs (Bac +5) dans le secteur ne sont pas pourvus (Pasc@line).
Encore plus inquiétant, le baromètre 2015 du Cabinet EY (données collectées en 2014 auprès de 171 jeunes pousses) montre que seulement 9 % des startups de l’échantillon sont dirigées par des femmes. Malgré quelques succès (Leetchi, aufeminin.com…), les femmes ne sont que très peu présentes dans le monde des « nouvelles » technologies. Toutes les licornes actuelles ont été créées et sont dirigées par des hommes : Uber, Airbnb, BlablaCar, Tesla…
Avec 21 % de femmes entrepreneurs en 2015 (Startup Compass Inc), Paris se positionne en tête de la création de startup par des femmes en Europe. Cocorico… mais ce chiffre est encore loin de la parité ! Néanmoins, le nombre de femmes entrepreneurs a augmenté de 80 % en trois ans.
Face à cette situation, de nombreuses actions sont menées.
Les acteurs institutionnels et professionnels se mobilisent
Femmes du numérique, une commission de Syntec Numérique, a mis en place, en partenariat avec Pasc@line, les trophées Excellencia qui visent à récompenser des jeunes filles impliquées dans le numérique dans 3 prix : entrepreneures, associations et étudiantes (financement des études dans des écoles du numérique).
L’association Pasc@line, espace d’échanges et de réflexions entre les entreprises et les établissements d’enseignement supérieur du numérique, œuvre pour développer l’attractivité des formations et des métiers du numérique auprès des jeunes générations. Des actions spécifiques sont menées auprès de tous les publics au collège et au lycée : mise en place de la filière ISN – Informatique et Science du Numérique dans les lycées qui aujourd’hui recrute 30 % de filles, par exemple.
Un réseau d’accompagnement pour l’entrepreneuriat féminin dynamique
Les réseaux accompagnant l’entrepreneuriat féminin sont denses : Femmes du numérique, Girls in Tech, Girlz in Web, Femmes Business Angels, Les Pionnières… pour les réseaux généralistes. Des réseaux thématiques se mettent également en place (CEW-femmes dirigeantes du secteur de la beauté, Cyberelles…). C’est également une thématique portée par La FrenchTech et par les organismes d’accompagnement des Universités et des Ecoles.
Changer l’état d’esprit
A l’occasion d’une table ronde sur la thématique des femmes dans le numérique, organisée lors du GEM Digitalday 2015, les participantes ont souligné l’importance de mettre en avant des « rôles modèles » et de raconter des histoires de femmes qui ont réussi dans le numérique. Tout en prenant garde de démystifier ces « rôles modèles » : pas besoin d’être « wonder woman » pour réussir dans le numérique ! Le numérique via des blogs, des magazines, des réseaux sociaux est un excellent vecteur de diffusion.
Enfin dans l’exemplarité, cinq des huit personnes qui ont eu en charge le numérique dans les gouvernements successifs depuis 2002 sont des femmes.
En conclusion
Informer, accompagner, oser sont les maitres-mots de ce qui se fait pour que les femmes soient autant présentes dans le numérique que dans les autres secteurs de l’économie. Il y a là un enjeu pour la performance via la mixité mais également pour la capacité à relever les défis dans un secteur qui a du mal à recruter de nombreux profils.