Diplôme complémentaire : OUI pour un projet professionnel, NON pour ajouter une ligne à son CV

La double compétence est devenue une valeur clé aux yeux des recruteurs. Elle permet de développer la capacité à aborder des domaines complexes et/ou à prendre des responsabilités globales. Construire ce profil peut passer par l’expérience ou en se dotant d’une formation complémentaire. Mastère Spécialisé ou MBA, lequel choisir ? Tout est fonction du projet professionnel.

Jean-Paul Vermes, président du cabinet de recrutement de cadres et dirigeants en France et à l’international, VMS France

Un diplôme complémentaire est-il un atout aux yeux des recruteurs ?

Il doit impérativement répondre à un projet professionnel. Chaque individu doit se poser la question de la légitimité de ce diplôme, ce qu’il va concrètement lui apporter par rapport à celui qu’il possède déjà. Ce qui compte c’est : l’atout réel et sérieux que représente le diplôme pour moi en particulier, est-il un outil pour réaliser mon ambition, le marché est-il prêt à acheter cette valeur ajoutée ? Il doit permettre d’améliorer ses performances personnelles par rapport au profil attendu par l’entreprise. Le candidat doit toujours considérer le marché comme l’acquéreur d’une compétence. Il faut donc mener l’enquête pour découvrir ce qu’attend un secteur, une entreprise. Un CV n’est pas un brevet d’auto satisfaction, mais bien un message au recruteur sur ce que l’on peut apporter.

Le MBA ouvre t-il certaines portes professionnelles ?

Le MBA peut être demandé pour un poste de direction, une fonction globale qui exige la connaissance d’outils de management et de stratégie. Mais in fine, ce sont les compétences de leadership qui font la différence : le courage et l’esprit de décision et d’anticipation. Le candidat au MBA doit aussi considérer l’investissement que représentent ces programmes, en temps et en argent. Suivi aux États-Unis, il envoie le message d’un profil international, maîtrisant l’anglais, ouvert aux autres cultures et modes de raisonnement.

NDLR : 83 % des diplômés de la promo 2009 de l’INSEAD ont changé de fonction, secteur ou pays après leur MBA, 26 % ont changé de secteur, fonction et pays.

Éric Parlebas, directeur de l’EFREI et président de la commission accréditation des Mastères Spécialisés de la Conférence des Grandes Écoles

Quelle est la valeur ajoutée d’un MS pour un diplômé de grande école ?

Les MS visent soit la complémentarité soit la spécialisation. La première permet une hybridation des compétences, par exemple un ingénieur qui se forme en finance ou en management. Le manager a plus vocation à se spécialiser en achats, supply chain, entrepreneuriat, etc… L’ingénieur peut lui aussi se spécialiser dans un champ scientifique. Les entreprises sont en demande sur certaines compétences ou expertises, d’autres sont attentives à la marque de l’école. Le candidat doit veiller à ne pas opter pour une formation sur un sujet rebattu, ou à l’inverse à la mode. Il doit mener une réflexion sur son orientation, le choix de la thématique, de l’école afin que sa formation soit valorisée par le marché.

Comment se développent les MS actuellement ?

Ils s’ouvrent à des publics variés, notamment en formation continue, et à l’international. Cette marque française s’exporte bien en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique du Nord. Ils se montent en partenariat avec des établissements locaux, ou en adressant les marchés étrangers en direct.

Quelles sont les thématiques émergentes ou en pointe ?

Sur les récentes demandes d’accréditations tout ce qui touche au développement durable et à l’environnement est en pointe, suivi par la sécurité des réseaux et systèmes informatiques, l’alimentation (bio, santé), et les différents types d’énergies. Ces évolutions reflètent des préoccupations sociétales et économiques. Or, une des conditions d’accréditation est justement de répondre à un besoin du marché. Des domaines traditionnels sont toujours en pointe : management de projet, achats, supply chain, finance et innovation. Des MS techniques émergent sur les espaces virtuels en 3D, l’intelligence économique, transports et mobilité ou encore aménagement de la ville.

 

A.D.F