Stage, alternance : un premier pas vers l’emploi
Véritables leviers d’insertion, stages et contrats en alternance ont plus que jamais le vent en poupe aux yeux des
recruteurs. Leur plus-value ? Faciliter la transition entre les mondes académique et professionnel.
« Les stages et les contrats en alternance complètent les connaissances théoriques par une mise en pratique en entreprise », analyse d’emblée Pierre Courbebaisse, vice-président de la Fédération de la Formation Professionnelle. Des expériences professionnalisantes devenues incontournables pour comprendre les rouages d’une entreprise avant de se lancer sur le marché du travail.
Tracer un parcours cohérent
Obligatoirement rémunéré à partir de deux mois, les stages sanctionnent très souvent la fin d’un cycle et l’obtention d’un diplôme. « Une licence professionnelle exige par exemple un stage de six mois. » Le plus important note Pierre Courbebaisse, « c’est d’effectuer une mission étroitement liée avec son diplôme. » Pour répondre à ce besoin croissant en professionnalisation, l’alternance garantit une immersion encore plus intensive en entreprise. Le dispositif a acquis ses lettres de noblesse au fil des années et gagné les cursus de l’enseignement supérieur. « Les candidats qui ont un contrat en alternance ont globalement les mêmes résultats aux examens que ceux qui sont en formation professionnelle initiale supérieure. Et s’il n’y a pas de différence dans le diplôme, les contrats en alternance sont d’une efficacité évidente en matière d’insertion durable sur le marché de l’emploi. De nombreux jeunes sont en effet engagés dans l’entreprise par la suite. »
Un statut de salarié en alternance
Qui dit alternance, dit contrat d’apprentissage ou contrat de professionnalisation. Si le contrat d’apprentissage assure la préparation d’un diplôme (inscrit au Répertoire national des certifications professionnelles), le contrat de professionnalisation délivre quant à lui une qualification professionnelle. Tous deux confèrent quoi qu’il en soit un statut de salarié à l’alternant pendant sa période de formation. « Le choix entre les deux dispositifs s’effectuera en fonction de la proximité entre le centre de formation, l’entreprise et le domicile. Il y a tout de même trois lieux de vie à conjuguer », conclut Pierre Courbebaisse. D’après les derniers chiffres publiés par le ministère du Travail en 2012, 630 000 alternants ont été recensés en France. Un chiffre en constante augmentation.
Les taux d’emploi par niveau de formation
D’après, l’Association pour faciliter l’insertion professionnelle des jeunes diplômés (AFIJ), les taux d’accès à l’emploi diffèrent selon le niveau de diplôme obtenu. À noter, un meilleur accès à l’emploi des sortants à Bac +2 (42 %) et Bac +3 (49 %) et une difficulté pour les titulaires de Master 1 (28 %) par rapport à la moyenne. 39 % des jeunes, diplômés en 2012, ont un emploi en avril 2013, contre 43 % en avril 2012.
Benjamin Dusaussoy
« Personnalisez votre candidature »
Une fois votre projet défini, comment faire pour trouver l’entreprise qui vous convient ? Réponses avec Xavier Dupont, directeur général du pôle petites annonces de Solocal Group (ex PagesJaunes Groupe).
Quel est le premier réflexe à adopter ?
Commencer ses recherches le plus tôt possible. Le candidat doit s’y prendre plusieurs mois à l’avance pour ne pas avoir à choisir son entreprise par défaut. Le stage comme le contrat en alternance sont déterminants pour trouver par la suite un emploi dans la même filière, car les recruteurs recherchent une cohérence dans la succession des expériences.
Par où entamer ses recherches ?
Aller sur des sites spécialisés et d’entreprises constitue un bon point de départ et permet de cibler ses recherches. Aujourd’hui, tout est accessible en ligne. Attention toutefois, cette approche digitale recèle un piège : postuler à la volée. Pour intéresser un recruteur, il ne faut pas privilégier l’instantané au détriment de la qualité de la candidature.
Comment convaincre un recruteur ?
Les recruteurs apprécient les candidatures sérieuses. Cela signifie rédiger une lettre de motivation avec une bonne syntaxe faisant preuve d’un premier niveau de rigueur. Ensuite, c’est en misant sur l’originalité que l’on peut sortir du lot. En fonction des métiers et des secteurs, cette démarche est même attendue comme dans la communication, la publicité, le web, le design… Attention aux modèles de CV trouvés sur le web, souvent « déjà-vu ». Ce qui fera la différence, c’est de retrouver la personnalité de l’étudiant à travers sa candidature.
Diplômé à Bac +3 :
un profil qui intéresse les recruteurs
Formations en management, informatique, ingénieur,… Les diplômes délivrés en alternance à Bac +3, véritable gage de professionnalisation, couvrent de plus en plus de domaines et attirent de nombreux candidats.
Longtemps l’alternance aura été considérée comme une voie réservée aux métiers des filières techniques. Or, « aujourd’hui la tendance est à réaliser ce type de contrat à des niveaux de plus en plus élevés », relève Sophie Crespy, directrice du CESI Entreprises, le Centre des études supérieures industrielles. Encadrée par des pédagogues en centre de formation et par des professionnels en entreprise, « l’alternance est un outil très efficace pour gagner en compétences plus rapidement que la moyenne. »
Connaître les ficelles du métier
Contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, l’alternance à Bac +3 couvre même désormais la quasi-totalité des diplômes existants. Pour emprunter cette voie, les opportunités ne manquent pas. « Soit l’étudiant a déjà réalisé une alternance de deux ans après le Bac et souhaite évoluer sur un poste de responsable plutôt que de technicien. Soit il a acquis une première expérience d’une ou deux années à l’université, en école ou en BTS. Dans ce cas, l’alternance lui permet de se professionnaliser et d’intégrer le monde du travail le plus rapidement possible », témoigne Sophie Crespy. Ce type de parcours assure à la fois un bagage théorique et une vraie connaissance de terrain du métier. « Ces profils intéressent les entreprises car l’étudiant est vite opérationnel. Sur des niveaux inférieurs, l’alternance nécessite bien souvent un temps d’adaptation. Il faut parfois plusieurs mois avant que l’entreprise puisse confier des responsabilités. »
16 % des alternants recrutés à Bac +3
Selon une récente enquête menée par l’Association pour faciliter l’insertion professionnelle des jeunes diplômés (AFIJ), l’alternance concerne aujourd’hui tous les niveaux de qualification. Ainsi, 28 % des alternants ont été recrutés, en 2012, à niveau Bac, 42 % à niveau Bac+2, 16 % en Licence et 14 % en première année de Master. En bref, 30% des étudiants en alternance suivent un parcours en licence ou master.
Continuer ses études après l’alternance
Malgré tout, obtenir un diplôme en alternance à Bac +3 ne sonne pas forcément le glas des études. Une erreur d’aiguillage, une appétence pour un autre domaine… « Il est en effet toujours possible de réaliser une spécialisation en poursuivant avec un Master par exemple. Celui-ci peut alors se faire soit en formation classique, soit une nouvelle fois en alternance. » Si les Masters en alternance sont également devenus monnaie courante, face au succès du dispositif, les plus grandes écoles leur ont aussi, emboîté le pas. À titre d’exemple, la très réputée École Centrale Paris possède désormais son contrat d’apprentissage.
Benjamin Dusaussoy
« L’alternance, un gain rapide en maturité »
Chef de secteur chez Zôdio à seulement 23 ans, Hugo Marquilly a réalisé une licence en alternance au sein de l’entreprise spécialisée dans la grande distribution avant d’être embauché.
Avez-vous fait le choix de l’alternance directement après le Bac ?
J’ai d’abord obtenu un DUT techniques de commercialisation puis j’ai poursuivi avec une licence en management des organisations et des entreprises à l’IAE à Lille. Grâce à cette licence en contrat d’apprentissage j’ai pu m’inscrire dans un parcours professionnalisant qui m’a permis de mieux comprendre le fonctionnement d’un magasin dans son ensemble. Après avoir participé à plusieurs ouvertures de points de vente en France, je travaille aujourd’hui comme chef de secteur à Angers.
Qu’est-ce que l’alternance vous a apporté ?
En alternance, la relation avec les professeurs est différente. Il est possible d’interagir avec eux en fonction de leur vécu en entreprise. De plus, les autres élèves ont également leur propre expérience, ce qui rend l’échange très enrichissant. C’est une situation qui permet, en parallèle de ses études, d’apprendre les codes de fonctionnement de l’entreprise.
Avec du recul, comment jugez-vous cette expérience ?
Le rythme était très soutenu, ce qui demande à la fois de la rigueur, de l’organisation et une réelle motivation. Mais l’alternance m’a offert la possibilité de gagner plus vite en maturité et en responsabilités. Cela m’a aussi permis de me positionner rapidement sur le marché du travail tout en étant indépendant financièrement durant mes études. C’est vraiment un modèle de formation que je recommande à 100 % à tous les étudiants.
Comment rater son stage en 8 leçons ?
Voici les conseils à ne surtout pas suivre selon KAP’Stages pour réussir une expérience
professionnelle.
Choisissez un stage « à la cool », sans rapport avec votre filière. Parce qu’un stage peut influencer la suite d’une carrière, savoir anticiper sa recherche est essentiel pour trouver le « bon stage ». Une erreur de casting reviendrait à vous faire perdre votre temps.
Ne perdez pas de temps sur votre CV, les recruteurs s’en contre-fichent ! Le CV est en quelque sorte votre passeport professionnel. Celui-ci doit être aéré, sans fautes d’orthographe… et en cohérence avec l’annonce. Selon les secteurs, les standards diffèrent. Pour ne pas vous « planter », faites-le relire par un professionnel.
Présentez-vous les mains dans les poches, en n’ayant rien préparé. Se renseigner sur l’entreprise, s’entraîner à la prise de parole, éviter les gestes qui trahissent le stress… Autant de points à respecter pour réussir son entretien. Pour sortir du lot : préparez des questions sur l’entreprise et vantez vos qualités personnelles.
Côté look, c’est comme vous le sentez. Soigner son look revient à adapter son style vestimentaire au secteur d’activité et à la culture d’entreprise. Pour éviter d’en faire trop ou pas assez, repérez le jour de l’entretien comment sont habillés les collaborateurs.
Ne respectez ni règles ni horaires, vous n’êtes que stagiaire ! Réussir son stage, c’est comprendre le fonctionnement de la vie de l’entreprise. Sans être effacé, il faut savoir faire preuve de discrétion. Pause-déjeuner, pot d’anniversaire,… des moments idéaux pour marquer des points et réussir votre intégration.
D’abord la vie personnelle, ensuite les missions. Fini les discussions sur les réseaux sociaux, les écouteurs sur les oreilles,… Travailler, c’est savoir hiérarchiser ses priorités ! Vous n’êtes pas en terrain conquis, l’entreprise est votre lieu de travail et non un terrain de jeu.
Ne prenez aucune initiative. Vous ne voulez pas faire les photocopies ou ramener le café à votre supérieur ? N’hésitez pas à exprimer votre motivation et votre implication quant aux projets en cours. Un stagiaire qui prend des initiatives, c’est la perle rare recherchée par tous les employeurs.
Rédigez votre rapport de stage le dernier jour, à la va-vite. Le rapport de stage doit être le reflet de votre compréhension de l’entreprise et de votre implication. Puisque deux têtes valent mieux qu’une, faites-le relire pour éviter quelques mauvaises surprises.
Un label de notation
Chaque année, le site meilleures-entreprises.com établit le palmarès des entreprises préférées des stagiaires. Un classement établi grâce à un questionnaire permettant aux étudiants d’analyser leurs expériences à partir de six critères : progression, management, environnement de travail, fierté, motivation et plaisir. En 2012, c’est l’entreprise Philipps qui a tiré son épingle du jeu dans la catégorie plus de 5 000 salariés et Brasseries Kronenbourg pour les entreprises de plus petite taille.
« Comment rater son stage en 8 leçons, l’exemple à ne surtout pas suivre selon KAP’Stages », illustrations Yatuu, textes KAP’Stages.
« Aller au-delà de ses prérogatives »
Réussir son intégration en entreprise peut être synonyme d’embauche. Anthony Déjardin, fondateur de Stagora, cabinet spécialisé dans le recrutement de stagiaires, apporte son expertise.
Quelles sont les clés d’une intégration réussie ?
Le premier jour est crucial, il est synonyme de première impression. Le candidat doit soigner son entrée, tant dans l’apparence que dans l’attitude. Au fil du temps, il démontrera un réel intérêt pour l’entreprise et ses collaborateurs, en passant dans les différents services à la fois pour se montrer et savoir s’il est possible d’aider.
Par la suite, quelle est la bonne attitude à adopter ?
Pour attester de sa motivation, le stagiaire demandera des points réguliers avec son responsable : au début, au milieu et à la fin du stage. Il est capital de pouvoir démontrer sa capacité à progresser tout en sachant faire preuve de recul sur soi-même. De plus, le candidat ne doit pas être un simple exécutant, il doit aller au-delà de ses prérogatives.
Comment faire pour être embauché à l’issue de son stage ?
Dans l’optique d’un recrutement, le responsable va prendre le pouls de l’équipe pour savoir si le candidat est motivé, entreprenant et s’il sait travailler en équipe. Côtoyer ses collaborateurs pendant les pauses café ou déjeuners est donc très important pour bien s’intégrer. Enfin, même s’il n’y a pas d’embauche immédiate, le candidat sera peut-être rappelé à l’avenir. Il ne faut donc pas négliger sa sortie.