“ La formation à l’entrepreneuriat prend toute sa place dans la réforme en cours de notre 3 ème année . ”
Elisabeth Crépon, Directrice de l’ENSTA ParisTech
Depuis le 31 décembre 2014 vous faites partie de l’Université Paris-Saclay.
Quid de l’organisation des études, notamment au niveau des masters communs ?
A Paris-Saclay, nous nous trouvons dans une phase de préparation et d’évolution importantes car les établissements membres de l’Université Paris-Saclay vont proposer une offre de formation complètement rénovée en Master et en doctorat, 20 % de nos élèves poursuivant leurs études en thèse. Dans ce cadre, l’ENSTA devient l’établissement référant de plusieurs programmes dans ses domaines d’excellence : le génie maritime, l’ingénierie mathématique, l’énergie nucléaire et d’une manière plus large les sciences et les techniques mécaniques. Les enseignants-chercheurs Nous souhaitons être encore plus proches des besoins de nos clients que constituent les entreprises. Nous utilisons des supports numériques pour nos élèves, notamment par la création de SPOCs.
Vous développez fortement l’entrepreneuriat dans votre école.
Quelle place l’ENSTA ParisTech KITE (Knowledge Innovation neTworks Entrepreneurship) prend-il dans cette démarche ?
Nous avons décidé de rénover KITE dans le cadre de la réforme de notre troisième année KITE + va devenir le support d’une nouvelle filière de formation à l’entreprenariat. Dans ce domaine, il constituera un élément central dans notre démarche de formation de nos élèves à l’entrepreneuriat. A partir de 2016, KITE sera proposé aux étudiants qui portent un véritable projet d’entrepreunariat et de création d’entreprise. Une équipe de quatre étudiants devra pousser un projet autonome pouvant conduire à la création d’une entreprise. Il me paraît important que les enseignants-chercheurs s’impliquent dans ce programme. L’Université Paris-Saclay a reçu le label « Pépite », attribué par le ministère de sensibilisant les étudiants à une démarche entrepreneuriale.
L’implantation d’une filière tunisienne étant un succès, quels sont vos projets à l’international ?
Au-delà de notre filière tunisienne, nous venons d’implanter en Chine l’« Ecole Franco-Chinoise ParisTech Shanghai JiaoTong » en partenariat avec Polytechnique, les Mines de Paris et Telecom ParisTech. Elle propose aux étudiants chinois qui sortent du lycée, une formation d’ingénieur en six ans. Elle concerne, pour l’instant, des promotions d’une vingtaine d’élèves. L’Amérique Latine constitue aussi un axe important du développement de l’ENSTA, notamment au Brésil, en Colombie et au Chili.
Les partenariats que vous entretenez avec les entreprises se renforcent. Comment comptez-vous les formaliser dans le temps ?
Nous projetons d’élaborer des accords-cadres avec les entreprises qui sont déjà présentes dans les écoles au niveau de la gouvernance en siégeant dans les conseils d’administration, dans les enseignements à travers l’intervention de professionnels directement contact avec les BDE. Si des partenariats globaux existent déjà avec Safran et DCNS, nous sommes actuellement en discussion avec différentes entreprises afin de finaliser très prochainement d’autres conventions. De plus, je constate qu’en se localisant à Saclay, de grands groupes effectuent une démarche similaire afin de se rapprocher des établissements, ce qui donnera certainement lieu à d’autres accords.
Très en pointe sur la recherche, vous développez très fortement l’unité informatique et l’ingénierie des systèmes. Quels atouts vous apporte le fait d’être en pointe de la recherche en matière de robotique ?
L’ingénierie des systèmes complexes est basée sur l’informatique de façon à concevoir et à optimiser des architectures de système. Dans ce cadre, nous partageons une chaire « Ingénierie des systèmes complexes », avec L’Ecole Polytechnique et Télécom ParisTech. Nous travaillons sur la robotique sociale constituée de robots humanoïdes qui vont interagir avec les humains dans un environnement particulier, ainsi que sur les véhicules intelligents et autonomes. Nous allons développer plusieurs projets européens autour de ces questions de robotique. Nous sommes fiers de la création d’une unité mixte de recherche l’« Institut des sciences mécaniques et des applications industrielles » qui associe le CNRS, l’ENSTA ParisTech, le CEA et l’entreprise EDF. Cette unité mixte de recherche est très emblématique de l’Université Paris-Saclay puisque toutes les parties prenantes sont des acteurs de cette Université avec une forte présence d’EDF sur le plateau.
Avec 30 % d’élèves ingénieures, vous êtes une des écoles les plus impliquées dans la diversité. Comptez-vous encore faire évoluer ce chiffre et quels autres vecteurs de la diversité développez-vous ?
L’ENSTA est très impliquée dans un certain nombre d’initiatives. Nous participons à des tables rondes dans des collèges et des lycées de notre secteur pour promouvoir les études scientifiques auprès des jeunes filles. Nous essayons de les attirer dans les classes préparatoires afin qu’elles envisagent une formation d’ingénieure. Je me déplace souvent avec mes collègues femmes de l’établissement, notamment avec la responsable de l’équipe de robotique sociale qui connait un franc succès avec ses petits robots. Les élèves de l’ENSTA participent également à la promotion du métier d’ingénieure. Lors de notre enquête annuelle auprès de l’ensemble des élèves ingénieurs de l’ENSTA, nous avons constaté qu’il existait une différence marquée entre les filles et les garçons quant au montant espéré du premier salaire. Les filles donnent un chiffre inférieur de 5 000 € en dessous du salaire moyen, ce qui dénote une sous-évaluation caractéristique de la vision qu’elles portent encore sur leur place dans les métiers scientifiques et techniques.
Quelle stratégie comptez-vous mettre en PLACE dans les années à venir ?
Les axes stratégiques de l’ENSTA datent du déménagement de l’Ecole dans ses nouveaux bâtiments du plateau de Saclay en 2013. Je considère que les axes stratégiques liés à ce transfert, conduisent l’Ecole à se placer dans une dynamique de développement et de mutation. L’ENSTA se situe dans un environnement extrêmement dynamique et stimulant, tant au niveau académique que scientifique. L’intégration de l’Université Paris-Saclay permet de mettre en oeuvre des collaborations avec d’autres établissements et de nouer des liens avec les entreprises. Cela se traduit depuis deux ans par une liste de chantiers que l’Ecole a ouverts. Mon objectif consiste à les mener à bien. Ils concernent essentiellement la formation du cycle ingénieur et la finalisation d’une politique ambitieuse vis-à-vis des entreprises. De plus, notre rapprochement avec l’Ecole Polytechnique s’est ajouté aux priorités stratégiques de l’ENSTA. En effet, notre association avec l’X devrait déboucher sur des synergies en matière de formation, de recherche et de partenariats avec les entreprises.
Patrick Simon