Plus sérieuses, plus travailleuses, plus investies… autant de clichés qui persistent encore à l’heure de la promotion de la parité. Alors, ces stéréotypes qui laisseraient croire que les filles seraient de meilleures élèves que leurs camarades masculins sont-ils révélateurs d’une réalité ou symboles de clivages sexués persistants ? Éléments de réponse.
Grandes Ecoles et Universités, les filles répondent à l’appel !
Selon l’Enquête «Regard sur la parité 2012» menée par l’Insee, la scolarisation des filles dans l’enseignement supérieur est effectivement plus développée que chez les garçons (11.5 contre 8.9 %). En 20 ans, elles ont ainsi gagné 5 points alors qu’eux ne progressaient que de 3.1 points. Elles sont également plus nombreuses à être titulaires d’un diplôme supérieur (28.1 % pour les femmes et 24 % pour les hommes de 25 à 34 ans) et ont le niveau de qualification qui augmente le plus vite, comme en témoigne une enquête emploi publiée par l’Insee en 2011. Toutefois, ces chiffres sont à relativiser notamment lorsqu’on s’intéresse aux Universités. En effet, si les filles y sont largement majoritaires en licence et en master, ce n’est plus le cas lorsqu’on passe le cap du doctorat.
« Certaines filières ont toujours un sexe »
Par ailleurs, des clivages persistent au niveau de l’orientation. Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche pointe en effet de fortes inégalités, notamment dans les prépas, les IUT et les écoles d’ingénieurs, où les filles ne représentent que 25 % des effectifs globaux en moyenne. Si leur nombre augmente pourtant de façon régulière (+7 points en 20 ans) à ce rythme, la parité ne sera atteinte dans ces cursus qu’en 2075, ce qui place la France en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE (loin derrière la Suède, l’Espagne et les USA). Des disparités sont à constater au sein même de ces formations. Par exemple, à l’ESTP, les jeunes filles représentent 90 % du bi-cursus Architecte Ingénieur et seulement 35 % de la spécialité Bâtiment. Ces clivages existent également à l’Université, comme en atteste Sylvie Blaineau, Directrice du Service d’orientation et d’insertion des étudiants à l’Université Claude Bernard Lyon 1 : « pour les jeunes, certains métiers restent sexués. Nombre d’étudiantes ont toujours tendance à choisir leurs cursus en fonction des représentations, conscientes ou inconscientes, qu’elles s’en font. »
Filles et garçons, même combat : la réussite
Mais alors, si elles sont plus nombreuses, les étudiantes sont elles meilleures ? Les stéréotypes addicts vont être déçus car en réalité, elles réussissent leurs études ni mieux, ni moins bien que leurs camarades masculins. Dans les business schools, on ne se pose même pas la question : la parité y étant parfaitement respectée, les statistiques sexuées n’ont pas lieu d’être. Quant aux écoles d’ingénieurs, les filles, certes minoritaires, voient leur niveau tributaire de tout, sauf de leur genre. Cet état d’esprit semble d’ailleurs partagé par leurs camarades masculins. Victor Pommier, élève ingénieur à Grenoble INP l’affirme, « nous avons tous les mêmes chances au départ car nous sommes jugés sur la même chose, nos compétences. » Marie-Laure Charpignon, élève de seconde année à Centrale Paris note toutefois qu’un certain investissement est parfois plus manifeste chez les étudiantes. « Les Centraliennes savent pourquoi elles sont là. Elles sont déterminées, ont de la force de caractère et vont toujours jusqu’au bout ». Mais alors, si étudiantes et étudiants sortent à égalité de leurs formations, pourquoi le top management des entreprises reste-t-il si masculin ? Affaire à suivre…
CW