Les business schools françaises : outil de soft power sous-exploité ?

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Crédits Unsplash

Dans son article de novembre 2022, Challenges titrait le succès phénoménal des écoles de commerce depuis 20 ans. Pour autant, les écoles sont souvent décriées dans les médias, le point d’orgue étant le célèbre ouvrage de Martin Parker paru en 2018 Shut Down the Business School : What’s Wrong with Management Education. Or, le succès des business schools est incontestable et leur rayonnement à l’international en fait de véritables armes pour un soft-power à la française.

Une force de frappe en termes de nombre d’étudiants

Les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur confirment que les écoles de commerce ont connu un développement impressionnant en 10 ans. Les effectifs sont ainsi passés de 134 177 étudiants en 2013/2014 à 239 146 étudiants en 2021/2022, soit une croissance de près de 80 %. Ils représentaient 8- % du nombre total d’étudiants dans l’enseignement supérieur en 2021/2022.

Les business schools continuent de se développer grâce un modèle très agile qui permet aussi de rassurer les parents sur l’employabilité : dans la dernière enquête d’insertion (2022), le taux net d’emploi à moins de 6 mois est de 89,8 % avec un salaire moyen avec prime pour les écoles de commerce de 43 151 euros. Ces derniers s’orientent à 18,6 % vers les cabinets de conseil qui sont les vecteurs d’idéologies et de pratiques managériales, y compris au sein des institutions publiques comme en témoignent les polémiques récentes avec l’affaire McKinsey.

Un rayonnement international incomparable dans le secteur de l’enseignement supérieur

Les business schools françaises jouent un rôle majeur dans le rayonnement international avec beaucoup de formations en anglais. Selon la dernière étude de Campus France de 2022, 365 000 étudiants internationaux sont inscrits dans un établissement en France, soit plus de 18 % en 5 ans. La France est le 7è pays d’accueil au niveau de la mobilité étudiante.

Elles jouent ainsi un rôle important dans le rayonnement de la France car les étudiants sont immergés dans la culture française en vivant dans le pays et en consommant des ressources. Une étude du CEREQ estimait que 40 % des diplômés rentraient chez eux après l’obtention de leur diplôme et dans la dernière enquête d’insertion de la CGE, 15,8 % des diplômés des écoles de commerce en 2022 démarrent leur premier job à l’étranger.

Il est important de noter qu’il y a un aussi enjeu économique puisque l’on considère que les étudiants étrangers ont rapporté en 2022 1,35 milliard d’euros à la France. L’autre enjeu est le recrutement sur certains métiers en tension (ou niveau de qualification) et les business schools se sont appropriées des sujets aussi « technologiques » comme l’IA, la transition bas carbone, les Fintechs, etc.

La symbolique des accréditations et classements internationaux

Les business schools se sont profondément transformées pour rentrer dans une compétition internationale. En Europe, on constate que la suprématie des business schools anglo-saxonnes est challengée par la montée des business schools françaises. Pas seulement par les fameuses « 3 parisiennes » (HEC, ESSEC et ESCP), mais également par d’autres écoles qui atteignent une certaine taille critique (KEDGE, NEOMA, EDHEC, etc.) et qui bénéficient de prestigieuses accréditations internationales (AACSB, EQUIS, AMBA). Or, les étudiants et les familles sont de plus en plus sensibles aux accréditations car elles sous-tendent des normes et des valeurs.

Dans le célèbre classement du Financial Times (FT) qui classe les 100 meilleurs Master in Management, on retrouve ainsi 23 business schools françaises dont 4 dans le top 10 mondial. Ce classement, très scruté dans le monde des affaires en Europe notamment, contribue à promouvoir l’excellence des formations en management en France. La progression des business schools françaises dans les classements internationaux est à un double niveau : d’abord par le nombre d’écoles classées, ensuite par leur progression dans ces mêmes classements. Les écoles de commerce représentent ainsi une forte visibilité de l’excellence de la formation en France au niveau international et contribuent d’autant aux déterminants de l’image du pays (French Touch, FrenchTech, start-up nation, etc.).

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Par Sébastien Tran, Directeur Général du Pôle Léonard de Vinci et Directeur de l’EMLV

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