L’entrepreneuriat, un écosystème en pleine ébullition

Nous pouvons, aujourd’hui, distinguer plusieurs facteurs qui influent sur les tendances de l’écosystème entrepreneurial français. Parmi ceux-ci, peuvent être cités les financeurs (venture capitalists et aides publiques), les incubateurs, l’apparition des grands groupes, les modes et bien entendu les avancées technologiques. Mais qu’est-ce qui explique alors concrètement cette ébullition de l’écosystème entrepreneurial ? L’auteur est Julien Morel, directeur d’ESSEC Ventures

 

Nous assistons actuellement en France à une véritable « clusterisation des projets » autour de secteurs ou de thématiques. Ces dernières années sont nés des buzz words comme l’Edtech, la Foodtech, la Consultech, ou encore l’Industrie 4.0 et ainsi de suite dans quasiment tous les secteurs de l’économie. Les projets lancés ont soit l’ambition de concurrencer les acteurs traditionnels, soit offrent des solutions innovantes à ces mêmes acteurs. Cette tendance est facilitée par l’apparition d’incubateurs sectoriels, de fonds de plus en plus spécialisés mais aussi de grands corporate dont l’intérêt pour les startups ne se situe plus simplement dans la veille mais dans les partenariats ou l’acquisition.

Un développement des projets B2B

Une deuxième tendance dans le développement de l’entreprenariat en France est l’accroissement des projets B2B vs les projets B2C. Si cela est un corolaire de la clusterisation décrite ci-dessus, c’est aussi  le résultat de la difficulté à créer des business de volume pour une startup. De plus en plus d’investisseurs se méfient du B2C qui demande des  fonds conséquents pour atteindre le seuil de rentabilité nécessaires à la pérennité. Ils auront tendance à investir de manière plus importante dans une société dont le panier moyen par client se chiffre en dizaines de milliers d’euros que dans une société dont la marge par vente est de quelques euros. Il faut cependant noter qu’un modèle B2C qui aura prouvé la pertinence de son modèle économique, avec la résolution de l’équation « coût d’acquisition inférieure à la « lifetime value », gardera toutes ses chances dans l’écosystème français.

Des secteurs innovants qui ont le vent en poupe

Certains secteurs ont le vent en poupe : l’intelligence artificielle (IA), les modèles en SAAS (Software As A Service), l’E-sport, la voiture autonome, les robots physiques ou conversationnels, la cybersécurité, la dématérialisation de l’emploi ou encore les cryptomonnaies. D’autres secteurs laissent quant à eux des perspectives positives comme l’industrie 4.0, la RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), la réalité augmentée, la traduction, l’e-learning ou comme les outils de digitalisation des industries de service.

Si la digitalisation de l’économie reste un facteur d’innovation premier, nous assistons également – et c’est une bonne nouvelle, à l’émergence de nombreuses startups non technologiques. Ainsi  de nouveaux produits voient le jour dans l’univers de la grande consommation, de la mode et du luxe, dans la logistique, l’hôtellerie-restauration, les medias ou dans le conseil, pour n’en citer que quelques-uns.

Tous ces facteurs laissent donc penser que l’écosystème entrepreneurial français est en pleine ébullition. Un aperçu terrain du côté de l’ESSEC confirme par ailleurs cette tendance générale. S’il y avait 10 startups dans son incubateur ESSEC Ventures en 2005, elles sont plus de 60 aujourd’hui. Beaucoup d’indicateurs sont au vert du côté du soutien financier également  avec l’implication des corporates, le soutien public de la BPI (Banque Publique d’Investissement), la floraison des incubateurs et un goût pour l’innovation côté consommateurs. Entreprendre est devenu une option comme une autre pour les étudiants et des cursus sont présents dans la plupart des Grandes Ecoles, dont à l’ESSEC. Seule ombres au tableau,  le faible nombre de femmes entrepreneurs dans les équipes de fondateurs et une internationalisation qui reste trop rare. Mais restons confiants quant à ces perspectives ; des initiatives à l’ESSEC comme Entreprendre au Féminin ou la récente accréditation French Tech Visa des incubateurs nous permettent d’envisager des perspectives de croissance pour les années à venir !