Un cinéma fort sur le marché national mais toujours discret internationalement
Structure du marché cinématographique japonais
Deuxième plus gros marché cinématographique, le Japon est dominé par trois producteurs Shochiku, Toei et Toho-Towa, qui contrôlent la majorité des réseaux de salles et de distribution. Les films étrangers, quant à eux, sont distribués par les filiales de majors américaines ou quelques distributeurs locaux (ex. Asmik Ace Entertainment, Gaga Communications). Les réseaux télévisés (ex. TBS, Nippon TV, Fuji TV) tiennent également un rôle très important par la production de séries pour leurs chaînes, régulièrement adaptés en films (ex. « Death Note », « Hana Yori Dango »). Avec 60 % de parts de marché en 2010, les films japonais rendent la compétition rude aux films étrangers : 314 films importés en 2009 contre 388 en 2008 – pour un box office en hausse de 12,3 %. Enfin, avec un coût moyen de 1 800 yens (= 16,5 euros), les tickets de cinéma y restent les plus chers du monde.
Typologie des productions et genres dominants
Parmi les productions cinématographiques qui « marchent » au Japon, on distingue les films d’animation, les séries TV ou « doramas » et certains genres de films de fiction. Tout d’abord, les films d’animation – destinés tant aux enfants qu’aux adultes – composent la majorité des films japonais projetés a l’étranger. Parmi les plus célèbres comptent les films de Miyazaki Hayao, notamment les derniers « Ponyo sur le falaise » (2008) et « Arrietty et le petit monde des Chapardeurs » (2010). Ensuite, les « dramas » japonais sont les productions nationales les plus appréciées en Asie. Produites par une chaîne télévisée japonaise et d’une durée de 45 minutes environ par épisode, chaque série traite d’éléments de la vie quotidienne japonaise et de phénomènes de société, les genres les plus populaires étant les comédies romantiques (ex. « Densha Otoko ») et les histoires de performance scolaire (ex. « Dragon Zakura ») ou artistique (ex. « Nodame Cantabile »). Enfin, certains genres de films de fiction japonaise sont relativement populaires. Il s’agit des films de yakuza (« Sonatine » de Takeshi Kitano), de jeunesse (« Seishun Eiga: All about Lily Chouchou » de Shunji Iwai), à contexte historique / de samurai (« 13 Assassins » de Takeshi Miike) et d’aventure fantaisie (« Goemon » de Kazuaki Kiriya). Et surtout les films de monstres ou d’horreur, qui ont un tel succès, que Hollywood les adapte régulièrement : « The Ring » (2002), « Dark Water » (2005) ou encore « The Grudge 2 » (2006).
Performances 2010 : entre blockbusters locaux et films de festivals
L’année 2010 vient confirmer la reprise amorcée depuis 2004. Boostés par les films 3-D et une série de blockbusters locaux, les revenus du box office japonais atteignent un niveau record de plus de ¥ 220 Mds (= € 2 Mds) pour 2010, soit +13 % par rapport à 2009. 58 films ont réalisé ¥ 1 Mds (= € 915 m) contre 46 pour 2009 et le box office du troisième trimestre 2010 s’est vu dominé par le film d’action aventure « Umizaru 3 », hégémonique sur 6 semaines pour un revenu total de ¥ 10.7 Mds (= € 97,9 m). Au total, trois films locaux ont passé la barre des 10 millions de dollars lors de leur week-end d’ouverture : « Umizaru 3 », « Arietty » et « Bayside Shakedown 3 : Set the Guys Loose ! ». Quand les blockbusters performent au box office, les films indépendants japonais se montrent discrets, évincés progressivement des salles par le phénomène de concentration. A noter cependant, le succès du film « Cold Fish » de Sono Sion en festivals internationaux pour 2010. 2011 sera une année pleine de promesses, avec la sortie de « Battle Royale 3-D » de Kinji Fukusaku et les nominations pressenties de l’animation « Summer Wars » de Hosoda Mamoru aux Oscars et « Kiseki » de Kore’eda Hirokazu au festival de Cannes.
Par l’équipe de CinéQuaNon ESSEC