« La francophonie est porteuse de paix et de culture, valeurs qui ont du sens dans le monde d’aujourd’hui. » Entretien avec Jean-Paul de Gaudemar, Recteur de l’Agence Universitaire de la Francophonie – Par Patrick Simon
L’ESPACE FRANCOPHONE
Si l’Agence est l’opérateur de la Francophonie pour l’Enseignement supérieur, elle constitue également le principal réseau universitaire au monde avec 817 établissements adhérents, implantés dans une centaine de pays. Certaines universités attirées par la francophonie sont situées dans des pays qui n’étaient pas forcément attendus comme le Mexique, le Brésil ou la Chine.
L’AUF EN UNE PHRASE !
Nous sommes une agence de services à nos membres, ayant pour vocation de faire connaître et faire valoir leurs innovations et leurs expertises, et de les aider à assumer pleinement leur mission sociale d’opérateurs de développement, au-delà de leur rôle académique. C’est une autre façon de promouvoir la francophonie, en montrant comment le monde universitaire francophone peut réussir à trouver des solutions à des problèmes de portée générale, au-delà de la seule Francophonie.
LE RAYONNEMENT DE LA FRANCOPHONIE
La France constitue notre principal soutien financier même si la contribution française a diminué ces dernières années. La France a plus que jamais intérêt à jouer un rôle important au sein de la Francophonie. Il en va de son rayonnement propre, notamment celui de ses universités comme de celui de toutes les valeurs portées par la Francophonie, dans une grande partie du monde en attente de ce rôle. Cela n’exclut, en outre, aucune collaboration avec le monde anglophone et hispanophone. Bien au contraire, surtout dans le domaine universitaire, où la Francophonie rayonnera d’autant mieux qu’elle contribuera à apporter des solutions à des problèmes rencontrés hors de son propre cercle.
LA DIMENSION ÉCONOMIQUE DE LA FRANCOPHONIE
Les universités ont de grands défis à relever en terme de qualité de l’Enseignement supérieur et de la recherche, la question du développement économique devenant très prégnante. Les universités sont confrontées à des publics massifs très diversifiés, les pays en émergence comme l’Afrique ou l’Amérique du Sud n’étant pas préparés à une telle affluence ni à une telle diversité. Dans ce cadre, le numérique peut jouer un rôle important, permettant de repenser le modèle universitaire pour l’adapter à ces publics nouveaux. Il s’agit d’une question majeure, comme l’est celle de l’employabilité et de l’insertion professionnelle des diplômés du supérieur, les formations dispensées ne correspondant pas toujours aux capacités d’absorption des économies locales. Pour progresser dans la résolution de telles questions, il faut parvenir à construire une relation durable entre le monde économique et le monde universitaire, et contribuer ainsi à inventer des modèles inédits de développement endogène, notamment à travers l’entrepreneuriat. Le rayonnement de la Francophonie peut venir de cette capacité à apporter des solutions à ces questions.
UN AVENIR CERTAIN
J’ai la conviction que les universités font partie, déjà aujourd’hui et encore davantage demain, des opérateurs les plus stratégiques du développement économique, à la fois par leur taille, car elles représentent elles-mêmes des entités économiques, mais également dans leur rôle majeur de transmission et de production de savoirs de haut niveau. Il n’y a plus aujourd’hui de projet important de développement qui ne requière des contributions de formation supérieure, de recherche, de transfert de technologie, d’innovation, toutes compétences qui caractérisent nos établissements. C’est en étant à la pointe de cette évolution que les universités francophones contribueront à promouvoir une Francophonie non seulement porteuse de ses valeurs traditionnelles, mais de promesses pour l’avenir.