INGÉNIEURE DANS LE NUMÉRIQUE, le paradoxe français

ETAT DES LIEUX
En juillet 2013, le Cigref et l’AFDM, publiaient un excellent livre blanc sur la diversité, en particulier du genre, dans les métiers de l’IT. On pouvait ainsi constater que le nombre de femmes dans le numérique, déjà faible avec moins de 25 %, allait encore baisser dans les années à venir avec la diminution du recrutement des dernières années dans les formations liées au numérique. Seulement 13,2 % des répondants de l’étude 2014 Gartner CIO Agenda étaient des femmes…

 

UN PARADOXE FRANÇAIS
Situation d’autant plus paradoxale que la demande des entreprises du secteur n’a jamais été aussi forte ! Il est aujourd’hui impossible de croiser le PDG ou le DRH d’une entreprise liée au numérique sans qu’il vous parle de ses difficultés à recruter des femmes. Les organisations professionnelles, en particulier le Syntec et le Cigref, sont fortement mobilisées à travers de nombreuses actions pour attirer les jeunes filles vers leurs métiers. Le Syntec résume bien la situation dans le titre de son dernier rapport : Les filles une opportunité pour le numérique / le numérique une opportunité pour les filles.

 

LA SITUATION DES ÉCOLES D’INGÉNIEURS DANS LE NUMÉRIQUE
Mais qu’en est-il dans les écoles d’ingénieurs orientées vers les métiers du numérique ? Le problème se situe-t-il à l’entrée, pendant les études ou au moment des opportunités et des choix de carrière ? Force nous est faite de constater que le problème est exclusivement placé à l’entrée de nos formations.
A la sortie des écoles
En sortie, le chômage est inexistant pour les jeunes diplômées. Au-delà même, elles savent jouer de la pénurie pour faire grimper les salaires d’embauche ! A poste identique, les diplômées de l’EPITA décrochent des salaires supérieurs à leurs camarades masculins. Aurions-nous enfin dans notre pays, une moyenne salariale globale supérieure en faveur des femmes ? La réponse est hélas négative, car si les jeunes filles s’en sortent mieux à poste identique, elles sont beaucoup plus exigeantes que les garçons sur leur environnement professionnel et sur leur qualité de vie…
Et durant le cursus ?
Les étudiantes ont-elles plus de difficultés et se découragent-elles plus vite que les étudiants ? Absolument pas. Leur faiblesse n’est que numérique… Certes elles doivent composer avec ce paramètre et accepter leur environnement de travail très masculin, mais elles terminent régulièrement leur cursus en haut des classements.
Le problème est à l’entrée
C’est donc bien dans l’attractivité du secteur et des métiers que nous devons progresser pour contrebalancer ce que les stéréotypes de la société et le manque d’ouverture et de préparation à notre société numérique ont gravé dans leurs esprits. Et ce, durant toutes les années d’études du primaire au secondaire.

 

COMMENT ÊTRE PLUS ATTRACTIF ?
Nous sommes particulièrement sensibilisés à ce problème pour le recrutement des élèves de l’EPITA. Nous savons qu’il existe des solutions car la situation est bien différente dans d’autres pays. Nous en tenons pour preuve le recrutement d’élèves étrangers sur notre programme de Master qui se fait quasi à parité hommes-femmes ! Pour une jeune Indienne le problème ne se pose pas ! Alors, l’EPITA s’implique dans la majorité des actions en faveur de la mobilisation des jeunes femmes vers le numérique. Elle a d’ailleurs remporté dans le cadre du concours Ingénieuse2014 organisé par la CDEFI, Pascaline, Elles Bougent, Femmes Ingénieur et le BNEI le prix de l’école la plus mobilisée !

 

DES ACTIONS CONCRÈTES :
Un site web femme-ingénieure.fr est dédié aux lycéennes, un accueil particulier est mis en place sur les salons et lors des JPO, le Trophée Excellencia avec la commission Syntec Femmes du Numérique soutien les candidatures à l’entrée… mais le travail sera de longue haleine et doit impliquer de nombreux acteurs de la formation, beaucoup plus en amont, et de façon générale nous devons exercer une vigilance quant au regard de notre société sur le numérique qui ne peut se passer de la contribution des femmes.

 

Par Joël Courtois,
Directeur Général de l’EPITA