Groupe INSA, des ingénieurs humanistes, des philosophes en action

Tel pourrait être le motto du Groupe INSA. Réunissant sept écoles maillant le territoire français (Centre Val de Loire, Hauts-de-France, Lyon, Rennes, Rouen-Normandie, Strasbourg et Toulouse), il forme plus de 22 000 étudiants et rassemble une communauté de 100 000 Insaliens engagés. Ses écoles développent de nombreux projets inédits qu’elles n’hésitent pas à mettre en commun pour jouer résolument collectif. On vous explique comment.

SOMMAIRE

L’interview de Mourad Boukhalfa président du Groupe INSA
L’hybridation, marque de fabrique des INSA
Plus forts, ensemble !

« Choisir un INSA c’est choisir l’exigence et la bienveillance »

Si la figure de l’ingénieur humaniste a aujourd’hui le vent en poupe, le Groupe INSA qui la défend depuis 1957 en revendique la paternité. Mourad Boukhalfa président du Groupe INSA et directeur de l’INSA Rouen Normandie explique pourquoi ce modèle est plus que jamais d’actualité

Ingénieur humaniste : un must-have en 2025 ?

C’est en tout cas le ciment même du Groupe INSA qui croit à l’empreinte directe des ingénieurs sur le monde économique et l’humain. Une vision qui s’illustre dans notre recherche et notre formation bien sûr, mais aussi dans notre engagement pour la diversité (28 % de boursiers d’État, 16 % d’apprentis, 36 % d’étudiantes) et dans la vie quotidienne de nos étudiants à travers leur vie associative, sportive et culturelle. C’est également une qualité plébiscitée par les recruteurs qui voient dans nos diplômés des ingénieurs différents des autres, profondément empathiques et ouverts aux autres. Cet aspect humaniste s’inscrit désormais au premier plan chez les jeunes et nous sommes ravis de voir que d’autres écoles d’ingénieurs s’en saisissent. Mais il faut voir comment elles le déclinent en action : avoir cette volonté est une chose, mais encore faut-il pouvoir la mesurer concrètement.

Les INSA sont très engagées pour la diversité sociale et de genre notamment. Que vous inspirent les débats sur les quotas et les voies d’accès spécifiques pour les jeunes femmes ?

Si la diversité est au cœur de nos préoccupations, nous n’envisageons pas la mise en place de dispositifs impliquant une différenciation liée au genre. Il faut évidemment rester particulièrement vigilant sur cette question car l’érosion du nombre de jeunes filles sur la doublette maths-physique est une réalité. Si des changements rapides sont à espérer, inverser la tendance n’est pas chose facile. Mais le Groupe entend bien agir en ce sens. A titre d’exemple, le Groupe et la Fondation INSA ont récemment signé une convention de mécénat avec Egis, incluant la création d’un programme pour soutenir la féminisation des métiers de l’ingénierie et centré sur la problématique du passage du monde académique au monde professionnel pour les jeunes diplômées ingénieures.

Ancrage territoriale ou dimension internationale : les INSA ont choisi leur camp ? 

Ancrées sur leur territoire, nos écoles proposent des formations dotées de la crédibilité et de la puissance scientifique nécessaires pour répondre aux besoins des entreprises locales. Mais elles sont aussi internationalement reconnues pour leurs activités de recherche, tant au niveau appliqué qu’au niveau fondamental. De fait, nos écoles recrutent aussi bien dans leur bassin, qu’au niveau national et international (28 % d’élèves ingénieurs internationaux). Au niveau international justement, je tiens à rappeler que nous sommes le seul groupe d’écoles d’ingénieurs à faire partie d’une alliance européenne, à savoir ECIU University. Par ailleurs, notre récente transformation en Groupement d’Intérêt Public nous dote désormais d’une structure administrative et de gestion à même de porter, à l’échelle du Groupe, des projets d’envergure à l’international. Au Maroc, un accord-cadre a ainsi été signé avec l’Université Mohamed VI Polytechnique pour imaginer ensemble des programmes de recherche. Un projet de formation devrait voir le jour d’ici deux ans. En Chine, nous avons signé un accord de programme de formation commun avec l’Université de Beihang et nous avons bon espoir de formaliser un projet d’Institut franco-chinois avant la fin 2025.

L’hybridation, marque de fabrique des INSA

© INSA Val de Loire

Qui dit collectif dit forcément hybridation. Et sur ce sujet, les membres du Groupe INSA n’ont pas attendu que l’interdisciplinarité soit à la mode pour s’en saisir.

Preuve en est avec l’INSA Centre Val de Loire qui propose depuis de nombreuses années une formation inédite de paysagiste concepteur. Celle-ci mêle des enseignements techniques et scientifiques apportant les compétences nécessaires à la connaissance du vivant, à la lecture, la compréhension et l’analyse des territoires et des paysages (biologie, écologie, botanique, pédologie, géologie, etc.). Mais aussi bien sûr, des enseignements en sciences de l’ingénierie en projet de paysage (voiries et réseaux, hydrologie, mise en œuvre de végétaux ou ambiance acoustique et lumineuse d’un projet de paysage), en SHS en en arts plastiques.

Ingénieur et architecte : à l’INSA c’est possible !

Parallèlement, d’autres INSA proposent à leurs élèves de se former à l’architecture.Soit en partenariat avec les Écoles Nationales Supérieures d’Architecture locales pour les INSA de Lyon, Rennes, Rouen et Toulouse, soit directement au sein de l’école d’ingénieurs. C’est le cas à l’INSA Strasbourg, accrédité par le ministère de l’Enseignement supérieur et habilité par le ministère de la Culture à délivrer le diplôme d’architecte. Une double reconnaissance qui en fait la seule école en France à former et diplômer des architectes et des ingénieurs au sein d’un même établissement.

Y a pas que les sciences dures dans la vie

Convaincus que l’ingénieur du 21e siècle ne peut se cantonner aux sciences dures, les INSA de Rennes et de Toulouse ont quant à eux mis en place des doubles diplômes avec les IEP de leur territoire. Une initiative qui a tout de suite séduit Mahault Pommier, en 2e année du double diplôme INSA Toulouse & Science Po Toulouse. « Au lycée j’avais opté pour les spécialités maths et physique mais j’avais aussi un grand intérêt pour les sciences politiques et sociales. Je ne pensais pas qu’on pouvait allier les deux et j’ai beaucoup hésité entre m’inscrire dans un IEP ou dans un INSA. Quand j’ai découvert ce double diplôme, j’ai tout de suite su que c’était pour moi ! Sans projet précis au départ (je me disais que ça m’ouvrirait toutes les portes), je me suis découvert un goût pour l’urbanisme. Et ça tombe bien, c’est un domaine adressé par Sciences Po et l’INSA ! » Mais concrètement, commence se déroule ce double diplôme ?« A Toulouse, on passe les quatre premières années essentiellement à l’INSA, avec un séminaire d’une demi-journée par semaine et une semaine thématique par trimestre à Sciences Po. Ensuite, on choisit un master à Sciences Po où on passe la 5e et la 6e année, avant d’être diplômé de l’INSA et de Sciences Po. »

A l’INSA, la pensée critique c’est aussi pour les ingénieurs

Cette dynamique d’hybridation, les INSA les développent dans tous les pans des sciences sociales. C’est ainsi qu’est née en 2024 la Fabrique de la pensée critique, au sein de l’INSA Rennes. Mais quel est l’intérêt de mettre la pensée critique au cœur du débat quand on forme des ingénieurs ? « Les ingénieurs ont généralement le sentiment d’être du côté de la solution. Or, dans le contexte actuel, les technologies sont souvent questionnées comme faisant partie du problème. Avec la Fabrique, nous essayons non plus d’interroger l’intérêt de faire plus ou moins de technique, mais l’intérêt et la manière de faire de la technique autrement, en lien avec les grands enjeux de la société.  Nous questionnons le lien entre technique et soutenabilité dans tous les sens du terme (écologique, social, politique voire cognitif) » répond Clément Mabi le responsable de l’unité de recherche Projet de la Fabrique de la pensée critique.

La tête et les jambes

La filière Sportifs de haut niveau du Groupe INSA, c’est 470 élèves ingénieurs et 50 disciplines représentées. Parmi ses porte-drapeaux, Violette Dorange, étudiante à l’INSA Rennes et plus jeune navigatrice de l’Histoire à s’être lancée dans le Vendée Globe en 2024. Mais également Ugo Didier. Etudiant en 5A en génie civil, climatique et urbain à l’INSA Toulouse il est aussi nageur olympique et a brillé lors des derniers jeux paralympiques de Paris avec pas moins de trois médailles.

Elle aussi Toulousaine adepte de la compétition, Mahault Pommier préfère les stades au grand large ou au grand bassin. Championne de rugby à XIII, elle est en double diplôme INSA & Sciences Po… mais arrive encore à dormir malgré tout ! « C’est sûr, Google Agenda est devenu mon meilleur ami, mais je m’en sors bien, assure-t-elle. Il faut dire que l’accompagnement de l’INSA est assez fou. Que ce soit au niveau du double diplôme ou du sport, c’est hyper ouvert et individualisé. Je ne m’en rendais pas compte avant d’y être, mais plus on m’interroge à ce sujet, plus je me dis que c’est une grande chance d’être à l’INSA. Concrètement, j’ai fait mes deux années de prépa intégrée en trois ans, ce qui m’a libéré du temps pour m’entrainer tous les jours, préparer les matchs avec mon club et les compétitions internationales (j’ai été sélectionnée sept fois en deux ans en Equipe de France) » explique-t-elle.

Entreprendre pour apporter des solutions aux problèmes du monde

Autre incarnation de l’ingénieur hybridé made in INSA : l’ingénieur-entrepreneur. Et pas n’importe quel entrepreneur. Portés par l’héritage de Gaston Berger, les INSA défendent en effet un entrepreneuriat technologique à impact. « Notre cap stratégique commun repose sur trois piliers : déployer les compétences de l’esprit d’entreprendre et de l’esprit d’action chez tous nos étudiants, permettre à chacun de nos étudiants qui a envie d’entreprendre de trouver un accompagnement pouvant aller jusqu’à l’incubation et créer un écosystème à même de faire émerger des projets en réponse aux grandes transitions. Et c’est sans doute ce qui fait la particularité des entrepreneurs INSA : leur capacité à faire. Ils ne se limitent pas au soft ou au digital, ils n’ont pas peur de la technique et du hardware, ce qui est remarquable dans des écoles aussi bien classées. Ils développement aussi naturellement des valeurs qui les poussent à avoir envie d’apporter des solutions aux problèmes du monde. Des qualités qu’ils peuvent mettre en œuvre dans un groupe incroyablement riche : notre taille critique, la diversité des problématiques maîtrisées et notre réseau font qu’à l’INSA, on peut rendre n’importe quelle idée réelle » explique Charly Jucquin, directeur adjoint du développement en charge de l’innovation et de l’entrepreneuriat à INSA Lyon et référent du groupe de travail Entrepreneuriat du Groupe INSA.

Plus forts, ensemble !

Formation, recherche : les pépites ne manquent pas au sein des INSA. Mais dans une école humaniste, pas question de garder ses best practices pour soi, on les partage ! De fait, de nombreux projets sont mis en place au niveau du Groupe pour aider ses membres à mieux répondre aux enjeux académiques et sociétaux de notre pays. En voici quelques exemples.

Groupe INSA, des ingénieurs humanistes, des philosophes en action
©INSA Toulouse

Comme toute école d’ingénieurs, la diversité et l’ouverture sociale comptent bien sûr parmi les priorités des INSA.Et sur ces sujets, pas de tabou ou de non-dit au sein du Groupe. Avec la publication des deux tomes de son Livre blanc Diversités et ouverture sociale, le Groupe INSA n’a en effet pas hésité à dresser le constat d’une certaine dégradation de son modèle social originel. Deux axes ont ainsi été envisagés pour contrer ce phénomène : la détection et l’accompagnement de talents non révélés au sein des communautés défavorisées dans toute leur scolarité et la construction d’une voie de recrutement parallèle à Parcoursup.

Et l’ouverture géographique ?

Au-delà de l’ouverture sociale, le Groupe INSA entend renforcer son ouverture territoriale. Il a ainsi mis en place un premier cycle de formation ingénieur à Fort-de-France. Une formation généraliste de deux ans, équivalente à celle proposée dans les INSA en métropole. A l’issu de cette formation, les élèves poursuivent en 3A leur cursus ingénieur au sein d’un des sept INSA ou d’une des trois écoles partenaires, dont ils seront diplômés. Les INSA mettent également tout en œuvre pour mieux accueillir les étudiants et personnels internationaux. C’est notamment le cas de l’INSA Rouen Normandie. Engagée dès 2019 dans la démarche de labellisation Bienvenue en France (initiée par Campus France pour valoriser les dispositifs d’accueil des étudiants internationaux dans les établissements d’enseignement supérieur ndlr), l’école a franchi une nouvelle étape en 2024. « Nous comptions parmi les premiers établissements labellisés deux étoiles en 2019 et avons obtenu la troisième étoile  en 2024, pour cinq ans. Cette distinction récompense la qualité des dispositifs d’accueil et souligne l’engagement constant de l’établissement en faveur de l’expérience et du bien-être des étudiants internationaux » précise Sophie Binard, directrice des relations internationales de l’INSA Rouen Normandie.

Avec ClimatSup INSA les INSA se mettent au vert

Autre sujet incontournable : le DD&RS. Dans ce domaine, le Groupe INSA s’est associé au think tank The Shift Project pour créer le projet ClimatSup INSA et intégrer les enjeux socio-écologiques au cœur de toutes ses formations. Une réflexion profonde a ainsi été menée pour transformer les enseignements disciplinaires ou pluridisciplinaires. Portés par leur rapport commun ClimatSup INSA, Former l’ingénieur du 21e siècle publié en 2022, les établissements du groupe déploient ce projet sur les campus depuis 2024, en capitalisant sur leurs expertises, comme l’INSA Haut-de-France autour des mobilités durables. « Notre région est un territoire d’industrie, fortement marqué par l’industrie de la mobilité (automobile, ferroviaire, batteries pour les véhicules hybrides ou électriques). C’est aussi une grande région logistique de tous ordres y compris fluvial. Engagé sur les mobilités durables, nous formons nos ingénieurs sur des sujets clés : smart manufacturing, génie électrique, informatique industrielle, mécatronique, nouveaux carburants, chaine hybride et cybersécurité, notamment. Nous travaillons aussi sur la question de la mobilité inclusive, grâce à un département Génie civil qui travaille sur les villes et infrastructures durables et inclusives » indique Armel de la Bourdonnaye, directeur de l’INSA. Pour aller plus loin sur ces sujets, l’école participe à un technopôle international des mobilités et transports durables, disposant notamment d’une piste d’expérimentation et de démonstration pour les systèmes de transports intelligents. « Tous nos ingénieurs doivent être concernés et formés sur les aspects DD&RS. Notre compétence sur les mobilités nous permet de contribuer de façon efficace et singulière aux objectifs de ClimatSup INSA » ajoute le directeur.

A l’INSA, le collectif ne s’arrête pas aux frontières du Groupe

Cette dynamique collective, les INSA ne la cantonne pas à leur groupe. Pour preuve, l’INSA Lyon est également membre du Collège d’Ingénierie Lyon Saint-Etienne. Une alliance inédite d’écoles d’ingénieurs en région AURA (INSA Lyon, Centrale Lyon, Mines Saint-Etienne, ENTPE), conçue comme un accélérateur de projets structurants autour de l’ingénierie. Parmi ces projets : le Bachelor Mutations Technologiques et Industrielles. Un programme lancé à la rentrée 2024 afin de former les assistants ingénieurs de demain, dont les industriels de la région ont besoin. Mais former un ingénieur ou un assistant ingénieur, ce n’est pas tout à fait pareil. « Notre bachelor est plus opérationnel. Beaucoup d’entreprises interviennent dans nos formations et deux des trois années sont effectuées en alternance. Notre objectif est de mettre, dès la 1A, nos étudiants en situation de gestion et d’organisation de projets dans toutes leurs dimensions » précise Frédérique Forest, professeure à l’INSA Lyon. Un prébachelor construit en collaboration avec les écoles du Collège est aussi en préparation pour la rentrée 2025. « Beaucoup de jeunes font des choix de spécialités coup de cœur, sans avoir d’objectif métier.  Ce prébachelor vise à leur donner les compétences scientifiques qui leur manque pour étudier et réussir chez nous. C’est aussi une année où ils pourront travailler leur projet professionnel, faire des visites et des stages en entreprises, un stage par semestre » précise-t-elle.

Hybridation, innovation et conviction : voilà donc ce que revendique le Groupe INSA. Un groupe persuadé que « l’intelligence a plus de sens si elle est relationnelle et aussi émotionnelle, si son ambition est collective » et qui a décidé de « penser les futurs et agir avec conscience ». Ça vous parle ? Les INSA vous ouvrent leurs portes pour la rentrée prochaine !