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Former au management de l’innovation – L’expérience du Master PIC

Il n’est pas nécessaire d’insister sur l’importance de l’innovation dans l’économie contemporaine. Le terme est consensuel, il invite à l’enthousiasme et au consensus : qui serait « contre » l’innovation ? On oublie alors vite qu’il soulève des problèmes multiples et importants : comment augmenter le rythme et la variété des innovations ? Comment accroitre la créativité et déployer l’innovation dans une économie mondialisée ? Ces défis appellent des efforts de formations nouveaux. L ’expérience d’un cursus créé à l’X en 2002, le master Projet Innovation Conception (PIC) permet de mettre en relief des principes pédagogiques pour répondre ces enjeux.

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Une formation d’ingénieurs ouverte sur le management
Créé au départ pour des ingénieurs, le master PIC réunit aujourd’hui des étudiants d’écoles d’ingénieurs et de management. Cette richesse d’une réunion d’étudiants aux profils variés et complémentaires est un atout majeur, qui fait écho à la variété des domaines et des acteurs impliqués dans les processus collectifs d’innovation. Le Master PIC s’appuie sur les avancées importantes qu’a connu le domaine du management pour comprendre et agir dans les situations d’innovation : stratégie d’entreprise, méthodologies d’exploration de la valeur, organisation des projets et de l’entreprise innovante, raisonnements de conception innovante…
Des apports clés pour transformer la culture managériale des entreprises, mais aussi pour montrer aux étudiants que la compétence créative n’est pas innée, mais peut s’apprendre et se construire par des pédagogies adaptées.

 

Confronter les étudiants à des projets concrets : intégrer théorie et pratique
Les projets de master, définis conjointement par les entreprises et le corps enseignant, associent une réflexion méthodologique et une contribution concrète à des projets innovants portant sur des sujets stratégiques pour les entreprises. L’objectif de la formation n’est pas seulement de contribuer à une innovation isolée, mais d’acquérir, individuellement pour l’étudiant et collectivement pour les entreprises, une capacité à reproduire et systématiser l’acte innovateur sur d’autres objets et dans d’autres contextes.
La pédagogie par projet a des avantages reconnus : créer un espace d’initiative et d’expérimentation pour l’étudiant, le confronter à la mise en oeuvre réelle et collective de ses idées, le motiver par l’enjeu concret du projet. Mais elle présente aussi le risque d’en rester à un activisme de court terme et d’oublier la visée d’apprentissage qui est pourtant la finalité du cursus. Le rôle des tuteurs académiques est essentiel pour désamorcer ce risque et aider l’étudiant à apprendre de la situation qu’il vit, pour se construire une compétence d’innovateur pérenne et transposable à d’autres projets.

 

Un adossement étroit de la formation à la recherche en management
Si des professionnels d’entreprise comme des chercheurs du Centre de Recherche en Gestion de l’École polytechnique (I3-CRG) s’impliquent dans ce Master, c’est que ce dispositif apporte un bénéfice mutuel. Les sujets des projets proposés par les entreprises sont un observatoire des évolutions des préoccupations managériales et des pratiques dans le domaine. Les projets sont, pour les chercheurs comme pour les étudiants, une opportunité de mettre à l’épreuve et de faire progresser leurs théories. Pour les entreprises, les interactions auxquelles le Master donne lieu sont une opportunité de mobiliser une communauté académique sur ses questions stratégiques. C’est par exemple le cas dans le cadre de la chaire management de l’innovation de l’École polytechnique associant Air liquide, MBDA, Renault, Safran, Seb et Valeo. Il s’agit finalement d’un dispositif concret de traduction du « triangle de l’innovation » associant création de connaissance, formation et valorisation dans le monde économique.

 

Par C. Midler, professeur responsable du Master Projet Innovation Conception de l’École polytechnique, Directeur de Recherche au CNRS