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Etudiants, soft skills vs hard skills : et si le débat était déjà has been ?

On entend de plus en plus parler de soft skills et de hard skills. Termes nébuleux pour certains, ils prennent pourtant de plus en plus de place sur le marché de l’emploi et dans le système éducatif auprès des étudiants. Pour autant, le marché de l’emploi évolue et semble déjà avoir dépassé nos débats.

Le terme de soft skills définit des traits de personnalité, des savoir-faire transversaux, une façon de distinguer des qualités, innées, afin de les différencier des hard skills, c’est à dire des compétences apprises, souvent à l’école, pour devenir le spécialiste d’un domaine. On trouve des listes à foison comme sur cadremploi, qui mettent toute en avant les soft skills d’adaptation, de remise en question, d’intelligence émotionnelle, de capacité à résoudre des problèmes complexes, etc.

En début 2000, j’ai fait l’expérience du 100% hard skills vs. 100% soft skills

J’ai personnellement eu la chance de trouver mon premier emploi aux USA grâce à mes soft skills. Fraichement sortie de l’université avec deux licences et deux masters en littérature américaine et française, le marché de l’emploi français me demandait « et mis à part parler des langues étrangères, que savez-vous faire concrètement ? » Aux USA, au début des années 2000, l’approche était totalement différente : « tu as un super relationnel, tu t’adaptes facilement, c’est toi qu’il nous faut ! Tu ne sais pas parler espagnol, tu ne sais pas faire un budget, ce n’est pas grave, on te l’enseignera ». C’est grâce à ce patron que je pensais un peu fou que j’ai eu une carrière florissante. J’ai appris les hard skills nécessaires à mon travail sur le terrain ou par des formations continues.

Soft skills, hard skills, mad skills ?

En 2022, le marché de l’emploi a évolué et recherche aujourd’hui un savant mélange de ces skills (et pourquoi pas y rajouter les Mad skills ?). Depuis plusieurs années, les écoles de commerce d’abord, puis tout l’enseignement supérieur, qui enseignaient jusqu’alors des hard skills pures pour l’obtention d’un diplôme, se sont rendus compte de l’importance de ces soft skills, et de la nécessité de former les étudiants à les développer et les mettre en avant. Dès lors, les soft skills ont intégré les maquettes pédagogiques. 

Comme l’écrit Peggy Klaus dès 2008 dans son livre The Hard Truth About Soft Skills : Workplace Lessons Smart People Wish They’d Learned Sooner « Soft skills get little respect but will make or break your career. Master your soft skills and really get ahead at work ! » Hard skills et soft skills deviennent aujourd’hui indissociables. Les nombreux articles sur le sujet le démontrent, comme l’un des derniers publiés en janvier 2022 dans Forbes.

Le multi-compétences, le nouveau casse-tête de l’enseignement supérieur

Pour autant, suite à la crise sanitaire, à la montée en puissance des startups, les étudiants font face à une nouvelle demande du marché de l’emploi : Le multi-compétences. Les hard skills doivent devenir transversaux, la définition même des soft skills. Il semblerait alors que les soft skills, dont l’agilité, l’adaptabilité et la curiosité deviennent la pierre angulaire des nouveaux profils recherchés puisqu’elles favorisent le multi-compétences, qui est le nouveau challenge auquel l’enseignement supérieur doit faire face. Le gouvernement français semble favoriser ce modèle, en divisant les diplômes en Blocs de compétences que l’on peut valider sans pour autant valider le diplôme entier.

A quel degré devons-nous adapter nos maquettes pédagogiques afin que nos étudiants soient aptes à répondre à cette demande ?

Le Réseau GES Eductive a depuis plusieurs années mis en place des sous-spécialisations et des mineures pour ses étudiants, ainsi que des double-diplômes, ressemblant aux doubles majors que l’on peut trouver dans le système d’éducation anglo-saxon. De plus, l’alternance, possibilité offerte à plus de 90 % de nos étudiants permet également de les confronter à cette nouvelle exigence. Pour autant, nous devons continuer à remettre en question notre pédagogie afin de former au mieux nos étudiants, tout en veillant à leur bien-être et leur éviter le burnout qui semble être le revers de la médaille de cette course effrénée aux compétences, qu’elles soient soft, hard, mad ou multiples.

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L’auteur est Camille Gros, Directrice campus Eductive Aix en Provence