L’imprévisible présidence Trump aux Etats-Unis comme le Brexit en Europe nous rappellent chaque jour que notre monde, nos sociétés, nos économies, traversent une période de turbulence. Un temps d’incertitude s’est ouvert, qui n’épargne pas l’enseignement supérieur. Les établissements français et internationaux se doivent de jouer un rôle dans ce monde en plein bouleversement par Vincenzo Esposito Vinzi, Directeur général de l’ESSEC Business School
Il arrive que des étudiants qui viennent de rejoindre l’ESSEC Business School s’étonnent d’avoir au programme des cours de géopolitique. Au fil de leur parcours académique et des expériences professionnelles qui le jalonnent, cet étonnement est vite balayé par la prise de conscience que les entreprises et organisations ne sont pas des entités virtuelles mais des acteurs qui évoluent au sein du monde réel, éminemment incertain et complexe. Ceux qui seront les décideurs de demain ne peuvent ignorer ces réalités.
L’émergence de nouvelles puissances entraîne une compétition économique de plus en plus forte entre de plus en plus d’acteurs. Alors que l’économie de la connaissance est appelée à prendre une part majeur dans la croissance au cours des années à venir, le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche n’échappera pas à cette nouvelle configuration : il en sera le cœur. L’avenir de nos établissements dépend de leur capacité à continuer d’attirer les meilleurs professeurs, de former les meilleurs étudiants, et d’être au côté des entreprises et organisations pour éclairer leur action. Nous devrons sans cesse innover, créer et diffuser des savoirs de pointe. Il ne faudra ni céder à la tentation de se reposer sur nos acquis, ni succomber aux sirènes du repli sur soi, mais être animés par l’esprit de conquête pour progresser à la lumière de la raison.
Build beyond borders
En période d’incertitude, il est tentant de se fermer aux autres, croyant se protéger alors qu’on ne fait que s’affaiblir. Le cas du Brexit en est un exemple criant. Plus le processus avance, plus il apparaît que les universités britanniques, références mondiales, risquent d’être dans l’incapacité de poursuivre leurs actions au sein des réseaux de recherche européens tout comme de continuer à recruter les meilleurs professeurs et étudiants d’Europe et du monde entier. Alors que l’enseignement supérieur et la recherche tirent leur essence de l’échange et de l’ouverture, grâce aux savoirs et aux innovations qui naissent du dialogue et de la rencontre, la démarche d’isolement du Royaume-Uni risque de remettre en cause de façon considérable le rayonnement de son système académique. Bien que cette incertitude touche également les établissements français, qui coopèrent étroitement avec leurs homologues britanniques, cette situation offre avant tout une formidable opportunité de faire que la collaboration soit plus forte que les barrières et ne s’arrête pas aux frontières.
C’est le sens de l’appel que l’ESSEC Business School, l’Université de Cergy-Pontoise et tous les établissements de la COMUE Université Paris Seine, ont lancé en février dernier aux plus prestigieux établissements britanniques d’enseignement supérieur et de recherche. Ce projet ambitieux et concret vise à accueillir des institutions prestigieuses sur notre campus de l’Ouest parisien, au cœur d’un territoire qui s’imposera par son rayonnement international au cours de la prochaine décennie.
En proposant des conditions de travail et de vie exceptionnelles pour l’épanouissement de la science et de la transmission du savoir, en jetant un pont au moment où des forces s’ingénient à dresser des murs, nous souhaitons élaborer un nouveau modèle pour l’université du XXIe siècle, un modèle fondé sur la créativité, le respect et la coopération.