A quelques mois des présidentielles, Elles Bougent veut faire bouger les lignes ! Choix d’un métier plutôt que d’une formation, mixité des filières scientifiques et techniques, renforcement de la féminisation des secteurs industriels et technologiques, autant de sujets qu’investit aujourd’hui plus que jamais cette association qui s’engage pour faire découvrir les filières scientifiques et techniques aux jeunes femmes – Par Clarisse Watine
Elles Bougent, pourquoi ça marche ?
Parce qu’elles s’engagent ! Marraines, ambassadrices, principales de collège, professeures, ingénieures, les membres et partenaires de l’association en sont convaincues : la féminisation des professions scientifiques et techniques passe par une meilleure connaissance des métiers.
C’est ainsi que Pascale Izerable Responsable programme au sein de la Direction des programmes militaires chez Dassault Aviation et marraine depuis 10 ans accompagne Marine Viguier, Ingénieur interface homme système chez Dassault Aviation depuis 8 ans. « Si j’avais un goût certain pour les sciences, mon projet restait plutôt abstrait. Grâce à Pascale, j’ai pu me rendre compte de la vie concrète d’un ingénieur. Aujourd’hui je travaille sur les nouvelles fonctionnalités des écrans du Rafale », indique cette diplômée de l’Ecole des Mines de Nantes et toute jeune marraine de l’association.
Et du côté des entreprises ?
Bruno Guillemet DRH Valeo et Président d’honneur d’Elles Bougent ajoute « les actions d’Elles Bougent répondent à un réel besoin des entreprises industrielles. L’action des marraines stimule une dynamique en interne qui permet de continuer d’éveiller les consciences sur la nécessité d’équilibrer les genres. Notre rôle à tous : éveiller les jeunes ingénieures au champ des possibles qui s’ouvre à elles dans l’entreprise. »
Du renouveau dans l’orientation
Un champ des possibles d’autant plus large que les moyens pour devenir ingénieur sont beaucoup plus larges qu’on l’imagine. En effet, Anne-Marie Patard, Secrétaire de l’association et Directrice Marketing / Communication de l’ESILV, insiste. « Pour être ingénieur il n’y a pas que la prépa. Moins d’un ingénieur sur deux passe par cette voie. Il n’y a aucune raison pour une bachelière en S de ne pas faire une école d’ingénieurs. » Marie-Sophie Pawlak Présidente Fondatrice de l’association et Responsable du développement partenariats entreprises de l’ESSEC Business School ajoute « le titre d’ingénieur c’est un passeport pour toute sa vie ! »
5 propositions pour faire bouger les lignes
Se baser sur des envies plus que des notes pour choisir des métiers plus que des formations, au moment de l’orientation.
Objectif : susciter des vocations, développer une meilleure connaissance des métiers par les élèves.
Créer un module d’ouverture au projet professionnel du collège au lycée, sur temps scolaire, pour permettre un réel accompagnement de l’élève
Objectif : inventer de nouveaux dispositifs pour faire de la science autrement. « A l’Académie de Paris, 45% des élèves sont en S mais la moitié n’a rien à y faire. Cette filière n’est plus scientifique, elle est devenue générale. Parallèlement, la voie professionnelle gagne du terrain : la filière technologique permet aujourd’hui d’alimenter les écoles d’ingénieurs qui sont toutes en train d’intégrer un bachelor ou une prépa intégrée », indique Olivier Lanez, Délégué Académique aux enseignements techniques de l’Académie de Paris
Faire des parents des alliés !
Objectif : accroitre le rôle prescripteur des parents en leur donnant des infos sur les métiers et sur les débouchées. Pour la 1e fois, Elles Bougent dédiera le 8 mars prochain un de ses grands rendez-vous annuels à des visites parents-filles.
Imaginer le Docteur House de la technologie au féminin
Objectif : ouvrir des perspectives. Top Chef, Urgences, Les Experts : autant de programmes qui ont fait exploser les vocations à leur époque. Elles Bougent interpelle les médias pour créer ce type de programme sur les ingénieurs.
Légiférer pour permettre aux établissements de favoriser la mixité dans les systèmes d’admission
Objectif : revoir les règles des systèmes d’admission pour équilibrer le nombre d’admis en fixant un ratio de progression de 10 % sur le nombre d’élèves du sexe le moins représenté chaque année. Un concept du « bonus au sexe le moins représenté » dans le but d’atteindre sous 5 ans un quota de 30 % minimum du sexe le moins représenté.
« Nous sommes clairement dans une question d’intérêt général. Alors pourquoi ne pas fixer un cadre législatif sur le modèle de la loi Copé-Zimmermann relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes dans les CA ? C’est une politique très volontariste qui peut fonctionner dans l’enseignement supérieur » conclut Marie-Sophie Pawlak.
Si les jeunes filles ont un meilleur niveau scolaire, elles s’autocensurent. La difficulté d’instaurer une plus grande mixité dans les professions scientifiques et techniques ne réside pas dans une question de savoir et de niveau mais bien dans le choix d’orientation, dans le fait de donner confiance.
Chiffres clés
10 ans
3 000 marraines
200 actions menées chaque année sur le terrain
50 000 jeunes filles accompagnées