Crédits - Ariane Despierres-Féry/Journal des Grandes Ecoles et Universités

Dans la peau de Georges Haddad, président de Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Depuis deux ans, Georges Haddad, président de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne secoue la vénérable institution. Il nous invite une journée à ses côtés pour découvrir comment il fait entrer l’université dans la modernité.

 

9h30 Traditionnel point agenda et dossier. « La première chose que je fais en arrivant, c’est d’échanger avec mon secrétariat, le cabinet, la directrice générale des services (DGS), les VP. »

10h30 Georges Haddad préside le Cod Dir hebdomadaire, dans l’esprit de dialogue qu’il a instauré depuis deux ans. Il a révolutionné les liens entre le « politique » (l’équipe présidentielle) et l’administration (les équipes permanentes de l’université, avec à leur tête la DGS). « Nos missions, notre métier et notre écosystème évoluent. Notre université doit elle aussi se repenser, à commencer par son organisation et ses liens en interne. » C’est tout le sens de son programme L’audace d’agir. « Nous ne pouvons pas rester arc-boutés sur le passé. Pour cela, il faut changer les mentalités et les pratiques. »

Action !

Le président Haddad a recruté de nouveaux directeurs des RH, de la Com’, des services, des finances et du budget, du numérique. Entré dans l’ère de la communication, il considère qu’une université moderne doit faire savoir et valoriser ses activités, sa communauté. « Sans cela, elle est en péril. Le métier est devenu très réactif, et nous devons être en action et innover ! »

Une affaire d’êtres humains

« Dans mon esprit, il n’y a pas de domaine réservé aux politiques ou aux administratifs. Nos réunions doivent être l’expression de ces liens. Les priorités et ambitions doivent être partagées. » Le président rappelle régulièrement cet impératif. Ce matin-là, il redit que la réunion ne doit pas se limiter à un exposé personnel de chaque membre. « L’université d’avenir c’est former par et pour la recherche et être utile à notre environnement socio-économique, ensemble. »

12h30 Georges Haddad se penche sur un projet qui lui tient à cœur : redonner toute leur place aux SHS à l’université. « La France n’a pas pris la mesure du rôle des SHS, et cela est très grave. Condorcet est certes un beau projet, mais le pays ne peut s’en satisfaire. » L’université prépare des assises des SHS pour décembre 2018.

13h00 Le président me consacre son déjeuner. Nous évoquons ses grands projets et il revient sur l’occupation de près de 4 mois du site de Tolbiac au printemps 2018. « Cela a été un moment très difficile. J’ai été contraint de monter au créneau pour défendre l’intégrité de l’université. Les locaux ont été saccagés, les personnels choqués, des étudiants empêchés de suivre leurs cours et de passer leurs examens. Certains des occupants n’avaient strictement rien à voir avec notre université ni le mouvement de contestation. Je tiens à rendre hommage aux équipes pour leur engagement et leur dévouement. Lors de cette crise leur sens du service public et de l’honneur était au premier plan. »

14h30 Travail sur le projet Sorbonne Alliances. A son arrivée, Georges Haddad a sorti l’université de la ComUE Hesam. « Le modèle tel qu’il nous était imposé, n’était pas le bon. Il créait des couches administratives et des contraintes supplémentaires. » Paris 1 Panthéon-Sorbonne est désormais engagée dans une alliance de type associatif, Sorbonne Alliances, avec ESCP Europe, l’INED et la Fondation de la MSH. « Ce modèle nous permet de construire des projets en Europe, à l’international, d’innover sur le plan pédagogique, de préparer une Ecole Universitaire de Recherche (EUR), etc. »

15h30 Réunion de préparation de la rentrée avec l’équipe Com’ et Florian Michel, directeur du Centre Pierre-Mendès-France (Tolbiac) durement éprouvé par l’occupation du site. Au total, entre les rénovations et la location de salles pour les examens, elle aura coûté 1,7 M€. Les travaux sont en cours et tout sera prêt pour la rentrée. « Nous souhaitons que la crise débouche sur quelque chose de positif. Le site n’aura jamais été aussi propre depuis son ouverture en 1973. Les accès et la sécurité sont améliorés. Il y a de nouveaux codes couleur. » A l’instar du toit-terrasse du site Panthéon qui sera végétalisé dans le cadre de Parisculteurs, la terrasse du 9ème étage de Tolbiac sera aménagée par le Crous en un lieu de convivialité.

Accueillir les nouveaux étudiants dans la communauté

A chaque rentrée, le président Haddad se fait un devoir d’accueillir les nouveaux étudiants. « La rentrée c’est un moment magique. Je leur souhaite la bienvenue. C’est un bonheur et un honneur de former la jeunesse. Nous humanisons leur rentrée, car certains sont perdus en arrivant. » Ces moments sont formels, mais fidèle à lui-même Georges Haddad y instille de l’humour et de la convivialité. Il reste professeur dans l’âme, son plus beau et seul titre à vie, à ses yeux. Moments d’accueil, évènements d’intégration, de découverte des associations et activités festives rythment la rentrée sur les 26 sites de l’université. La signalétique et la documentation font peau neuve cette année. « VP, directeurs d’UFR, étudiants, administratifs, tous sont mobilisé ! »

16h30 Point sur le projet d’université européenne. Paris 1 s’est engagée dans la création d’une université européenne avec 5 partenaires : Freie Universität Berlin (Allemagne), Alma mater studiorum Università di Bologna (Italie), Uniwersytet Jagielloński w Krakowie (Pologne), KU Leuven (Belgique) et Universidad Complutense de Madrid (Espagne).

« Notre ambition est de construire une université de plein exercice, un campus européen, dans le respect de l’identité de chaque partenaire. » L’université permettra la mobilité des étudiants, professeurs, chercheurs et administratifs. Les partenaires travaillent sur des corpus communs discipline par discipline et la reconnaissance mutuelle des diplômes. Ils planchent aussi sur le dépôt du nom et du statut. « Si le président Macron va jusqu’au bout de son idée, il doit soutenir notre projet d’université européenne ! »

17h30 Audition des candidats à la direction de la Fondation et délibérations. La création de la Fondation est l’une des grandes réalisations de Georges Haddad. « Elle est un vecteur pour renforcer nos liens avec le monde socio-économique. Elle est aussi un outil pour développer nos ressources propres. Nous fixerons l’objectif de levée de fonds à l’arrivée du ou de la directrice. » Les membres du bureau auditionnent à huis clos 5 candidats de la short list parmi les 40 dossiers reçus. Ce sont des profils expérimentés, connaisseurs de l’Université et des entreprises, professionnels du fund raising.

20h00 Dîner avec les membres du bureau de la Fondation

« Avec sa fondation, Paris 1 Panthéon-Sorbonne montre qu’elle est une université inscrite dans la modernité, qui renforce ses liens avec le monde socio-économique pour innover. »

Quand Georges Haddad conversait avec Pablo Picasso « Lorsque j’étais jeune homme j’ai eu la chance et l’honneur et rencontrer un génie, Pablo Picasso. » Le jeune normalien a échangé avec le peintre sur des thèmes aussi riches que les mathématiques, l’art, le doute ou l’amour. Le Maître lui avait suggéré de faire le récit de ces discussions dans un livre. Ce sera bientôt chose faite ! Le président est en train de rédiger un ouvrage intitulé Picasso m’a dit.

Paris 1 fait son cinéma ! Forte d’un patrimoine exceptionnel, Paris 1 Panthéon-Sorbonne valorise ses bâtiments et mobiliers historiques. Elle loue ses locaux pour des tournages. « Cela offre une belle visibilité à notre université et alimente nos ressources propres à hauteur de 80 à 100 000 € par an, et ce n’est qu’un  début ! » se félicite Georges Haddad.

http://www.pantheonsorbonne.fr/tournage/

Vidéo Flash – Georges Haddad, Paris 1 Panthéon-Sorbonne