Quel est le rôle des CCI dans l’écosystème de formation ?
Les CCI sont dans la proximité territoriale et l’animation des écosystèmes locaux. Elles ont pour mission de créer des formations en fonction des besoins des bassins d’emploi. Qui d’autre que la CCI de Tarbes pourrait créer un CFA sur l’emploi de la montagne avec un taux d’employabilité de 100 % ? Elles travaillent bien sûr en lien avec les branches qui n’ont pas la capillarité territoriale suffisante pour mener à bien ces actions.
Et sur l’apprentissage ?
A la confluence des besoins territoriaux et des besoins des branches, le réseau des CCI jouit d’une légitimité très forte sur l’apprentissage : nous formons chaque année plus de 80 000 apprentis dans 141 CFA avec un taux de réussite aux examens de 84 % et un taux de rupture largement inférieur à la moyenne nationale (10 % Vs. 28 %).
Pourquoi la réforme de l’apprentissage et cette nouvelle coupe budgétaire impliquent-elles des risques de fermeture pour les CFA ?
La taxe d’apprentissage devrait suffire au financement des CFA mais dans les faits ce n’est pas toujours le cas. Les CCI leur allouent donc des subventions d’équipement issues de leur taxe pour frais de chambre. Si le rapport de l’IGF sur la réduction du portefeuille des métiers des chambres leur interdit d’allouer une quote-part de cette taxe à l’apprentissage, que vont devenir ces CFA ? 30 d’entre eux seraient en danger de fermeture, à moins qu’un conseil régional ou qu’une branche prenne le relai, ce dont je doute.
Et pour les grandes écoles consulaires ?
Si nombre d’entre elles ont évolué vers l’international et forment désormais des jeunes pour le monde, elles sont, elles aussi, issues de l’écosystème des entrepreneurs de leurs territoires. Malgré des frais de scolarité parfois conséquents, elles ont encore besoin du soutien de leur chambre : les écoles capables de s’autofinancer intégralement son très peu nombreuses. Avec cette nouvelle coupe budgétaire, les subventions reçues des chambres seront réduites voire supprimées.
Quelles solutions s’offrent à elles ?
Certaines changent de statut pour celui d’EESC et ouvrent leur capital aux investisseurs étrangers. Un statut qu’on dit salvateur mais qui a pourtant un gros défaut en ce qu’il interdit la rémunération des plus-values. Pour un investisseur, le ROI est faible, sauf à racheter l’école dans son intégralité. D’autres font le choix du regroupement, un dispositif souvent complexe à mettre en place. Dans tous les cas, ces coupes budgétaires les pousseront sans doute à augmenter leurs frais de scolarité : un risque réel pour la démocratisation des grandes écoles.
Comment allez-vous vous relever de cette nouvelle coupe budgétaire ?
Nos préoccupations ne reposent pas tant sur la coupe en elle-même (nous en avons déjà subi de nombreuses et avons toujours su rebondir), que sur la brutalité de son application. Nous avons été prévenus en octobre et devons l’appliquer dès janvier 2018. Nous voulons du temps pour pouvoir adapter nos outils sans les casser. Comme le dit Kierkegaard, « le chemin est difficile mais c’est le difficile qui est le chemin. »
Ces évènements vous poussent-ils aussi à vous réinventer ?
Nous avons effectivement des marges de progression : développer toujours plus l’employabilité des jeunes dans l’ensemble de nos appareils de formation et relever le défi de la volumétrie tout en faisant monter le degré de compétences des jeunes pour être en permanence en adéquation avec les besoins des entreprises. Sans oublier bien sûr le développement de la formation tout au long de la vie.