Là où la scène startup américaine, et en particulier californienne, est installée, la scène française se montre aujourd’hui de plus en plus fourmillante. HEC Paris, fort de la pédagogie unique de son Master Entrepreneurs, est loin d’être en reste dans cette évolution : de plus en plus nombreux sont les candidats entrepreneurs français qui partent lancer leur propre startup à San Francisco, pour y baigner dans cette atmosphère de tous les possibles, d’une ambition jamais freinée, ou qui s’y font embaucher par des startups. Les entreprises américaines n’hésitent pas en effet à recruter en France des ingénieurs et des business developpers. Pourquoi cette fascination des deux pays l’un pour l’autre dans ces domaines ? Y a-t-il, dans les méthodes d’enseignement délivrées à ces profils, des recettes clés pour en assurer la qualité et l’attractivité ?
Pour ce qui concerne HEC Entrepreneurs, c’est à coup sûr dans sa pédagogie pionnière que l’on peut identifier les recettes qui font le succès de ses anciens dans le paysage américain, et plus particulièrement dans la Silicon Valley, où l’écosystème de cette formation d’excellence s’est développé à très grande vitesse durant les cinq dernières années.
Une formation à l’entrepreneuriat fondée sur une pédagogie par l’action, très anglo-saxonne !
Depuis 40 ans en effet, la pédagogie d’HEC Entrepreneurs est celle du « learning by doing » : le programme développe un savoir être et un savoir-faire, une posture d’entrepreneur par le transfert d’expérience dans l’action sur des missions réelles. Les étudiants sont ainsi encouragés à laisser de côté leurs chrysalides de jeunes gens bien formés pour s’engager dans la voie du risque, de l’audace, dans cette voie extrêmement cyclique et exigeante de l’entrepreneuriat. L’étudiant est mis en situation réelle dès le premier jour de son intégration dans le programme, qui le confronte aussi bien à l’étendue infinie et désarmante des possibles dans le cas d’une création d’entreprise qu’à la dure réalité d’une entreprise en redressement judiciaire. Cette pédagogie est finalement extrêmement proche de la pédagogie américaine en la matière, fondée par exemple à Babson sur des business case de startups avec témoignages d’entrepreneurs, et animée par des « practacademics », c’est-à-dire, dans la terminologie babsonienne, des entrepreneurs devenus professeurs, comme le sont sur le campus d’HEC une demi-douzaine de membres du corps professoral dédié à l’entrepreneuriat. Comme l’affirme Leonard Schlesinger, Président du Babson College, devenu référence mondiale en matière de formation à l’entrepreneuriat, « l’entrepreneuriat s’apprend d’abord par la pratique », (Les Echos, 24 février 2009, p. 10).
Une question de profil ?
« Being weird is a pretty good thing for a startup ! ». C’est par ces mots que Ken Singer, responsable de l’Entrepreneurship Center au College of Engineering de l’UC Berkeley, a accueilli en avril dernier la centaine d’étudiants d’HEC Entrepreneurs venus pour la dernière semaine du programme en « learning expedition » dans la Valley, afin d’y découvrir des startups de toutes tailles mais aussi l’écosystème unique (venture capitalists, accélérateurs, etc) qui les y entoure. Fascinés par cet environnement, ils sont d’ailleurs nombreux à y retourner en stage dans des startups américaines, ou même à vouloir y lancer leurs propres startups.
Une pédagogie qui repose sur le mixage de compétences
Dans les grandes universités américaines, business schools et écoles d’ingénieurs se côtoient tous azimuts. On dit ainsi à San Francisco que c’est à la cafeteria de Stanford que sont nés les plus beaux projets entrepreneuriaux… Et c’est bien, à terme, l’ambition du Plateau de Saclay. Au sein d’HEC Entrepreneurs, ce mixage de compétences est bien réel, depuis 40 ans là aussi : c’est une autre caractéristique de cette proximité avec la culture anglo-saxonne. Le travail en équipe de 3 tout au long de l’année, avec dans chaque équipe des profils différents (HEC programme grande école mais aussi Ingénieurs, juristes ou psychologues), est la règle sur les missions ; et par surcroît, ce « choc des cultures » contribue à un formidable esprit de promotion. C’est aussi avec cet objectif qu’HEC Entrepreneurs a développé depuis l’an dernier une option « entrepreneuriat technologique » pour faire se rencontrer projets technologiques, chercheurs et étudiants entrepreneurs, qu’ils soient ingénieurs ou de formation business.
Par Alain Bloch Directeur Scientifique d’HEC Entrepreneurs et co-fondateur d’HEC Family Business, Alain Bloch est également Professeur honoraire du Conservatoire National des Arts et Métiers, où il a été titulaire de la chaire Action commerciale et distribution et directeur du Master recherche en sciences de gestion. Sa propre expérience d’entrepreneur et de dirigeant (fondateur de « L’Annuaire Soleil ») l’a amené à focaliser ses recherches sur l’innovation, l’entrepreneuriat et le leadership. Par ailleurs Président de chambre au Tribunal de Commerce de Paris, il a publié de nombreux ouvrages. Il préside depuis 2011 le conseil scientifique de l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire (IRSEM).
et Emilie Abel Après deux créations d’entreprise et une spécialisation en Entrepreneuriat à HEC, Emilie Abel dirige l’incubateur HEC pendant 4 ans. Elle y accompagne près de 150 entreprises tout en étant chargée d’enseignement, avant de prendre la Direction exécutive du programme HEC Entrepreneurs en septembre 2015.