Le monde de l’enseignement supérieur ne fonctionne pas en vase clos. Les enjeux de parité entre hommes et femmes, visibles dans le monde professionnel en général, s’y retrouvent. En tant que lieu d’éducation au monde du travail mais aussi de recherche, elles ne peuvent rester passives. Ceci est d’autant plus crucial que les deux accréditeurs principaux, AACSB et Equis, intègrent la parité hommes – femmes comme critère dans les classements. – Par Mark Smith, Doyen du corps professoral de GEM et Séverine Le Loarne – Lemaire, Professeur associé, titulaire de la Chaire « Femmes & Renouveau Economique »
Comment les écoles de management peut-vent elles contribuer à ce débat ? Deux niveaux peuvent être explorés :
La Grande Ecole face à la parité dans sa faculté
En tant qu’organisme de service, les femmes devraient être surreprésentées. Ce n’est pas le cas car les femmes docteurs sont minoritaires (elles ne représentent que 30 % des docteurs en philosophie). En outre, le management recouvre des disciplines qui attirent traditionnellement moins les femmes que les hommes : si la parité est de mise dans les métiers du marketing, elle ne l’est pas du tout en finance de marché.
Certaines recherches suggèrent que la focalisation croissante sur les publications comme mesure de performance peut fournir aux femmes l’occasion d’être évaluées sur des critères objectifs. C’est oublier que les publications sont la conséquence de l’obtention de budgets, lesquels découlent de la place que le chercheur occupe dans les réseaux internationaux, dans lesquels les femmes ne sont pas trop présentes. Bon nombre de business schools ont adopté l’initiative Athena Swan, initiée à la Faculté des sciences au Royaume-Uni, qui mesure la place des femmes dans ses institutions et propose des mesures correctives.
La Grande Ecole pour préparer ses étudiant(e)s aux enjeux de la parité en entreprise
Dans les écoles d’ingénieurs, les filles représentent moins 30 % de l’effectif d’une promotion ; Elles sont majoritaires durant les 1ères années de fac de lettres mais minoritaires en doctorat. En école de management, la parité est presque de mise. Aussi, les étudiants considèrent le sujet comme obsolète. Les participantes en formation continue sont conscientes de l’enjeu mais estiment que la formation complémentaire seule suffit à relancer la carrière.
Face à ce déni, l’école doit avoir le courage d’oser les modules de formation différenciés, de préparer hommes et femmes aux enjeux de la conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle alors que les problématiques d’éducation des enfants sont loin d’être la priorité. Il s’agit aussi de travailler sur le leadership des femmes et de réparer le travers développé en enseignement secondaire : la différence de comportement entre filles et garçons en matière d’imposition des idées.
Les écoles de management ne peuvent pas se dissocier de la dynamique de la société au sens large et dont la diversité des sexes n’est qu’un aspect. Elle est le lien entre faculté, entreprises, chefs d’établissement. A ce titre, elle doit faire ouvrir les consciences, tout en montrant la nécessité, d’une plus grande diversité et d’une société plus égalitaire pour tous leurs acteurs.
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